La question

C’est celle qui a été la plus posée, mardi dernier après l’intervention télévisée de Pravind Jugnauth: «Qu’est-ce que la Premier ministre a essayé de dire?» Non, ce n’est pas un joke: des heures après sa courte intervention, des centaines de Mauriciens s’échangeaient des tweets sur les réseaux sociaux pour essayer de comprendre ce que le Pravind Jugnauth venait de leur déclarer.

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Cette interrogation illustre parfaitement le niveau de la communication du Premier ministre. Cela fait des mois que ses spins doctors, ses gâte-sauce de la Kwizinn, ou le descendant autoproclamé de Maharajah, lui font dire n’importe quoi… Et pourtant, les couacs en matière de communication il en a connu depuis quelque temps, le Premier ministre, depuis la calamiteuse interview à la BBC, à la mauvaise carte de Diego Garcia, qui l’a fait ressembler à un M. Metéo, pour finir par qualifier les citoyens marcheurs de frustrés. A chaque fois, au lieu d’imposer par son sérieux et la justesse de ses arguments, il a surtout fait sourire — et dans certains cas carrément rire — par les supposées trouvailles de son équipe de Com. Mardi dernier, au lieu de repousser son rendez-vous comme d’habitude, il l’a avancé d’une demi-heure. A quelques heures de la fin du confinement, et à partir du nombre de cas positifs qui se multiplient, on s’attendait à ce que le Premier ministre vienne siffler sa fin ou son prolongement. A la place, Pravind Jugnuath a annoncé un confinement allégé sur laquelle son équipe était en train de travailler et qui prendrait effet à partir du 31 mars. Donc, l’allocution à la nation avait pour but d’annoncer un plan encore en préparation et qui risque d’être remis en cause ou carrément remisé avec la multiplication des cas de covid?

Après avoir fait la réclame de son plan en préparation, mais dont une version imprimée a été tout de suite lancée sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a asséné une vérité de La Palice: il va falloir apprendre à vivre avec le covid. Nous n’avons pas besoin de suivre son conseil, puisque depuis presque un an nous VIVONS avec le covid. La majorité d’entre nous met son masque quand il va dans des endroits publics; se passe un coup de gel sur les mains avant de sortir; va faire ses courses le jour de sa lettre alphabétique; fait la queue en attendant son tour et suit le parcours fléché du supermarché, même si ça lui fait faire un long détour. Il marche toujours avec sa carte d’identité, ou son WAP s’il en a un, et respecte les gestes barrières, non pas parce que le Premier ministre le lui a dit, mais parce qu’il suit sur la page web de son journal la progression et même la multiplication des cas et que tout cela lui fait peur.

Comme tout ce qu’il lit sur les propriétés des différents vaccins, ceux qui ont passé toutes les phases d’évaluation ou ceux qui l’ont obtenues parce qu’on a obligé les pharmaciens à se réunir un dimanche pour donner le certificat. On n’a pas attendu que Pravind Jugnauth vienne à la télévision mardi dernier pour savoir qu’il faut vivre avec le covid et sans doute pour longtemps encore. Surtout quand on apprend que les variants augmentent en nombre et en espèces, que le Britannique a dépassé le Sud-Africain alors que de nouveaux commencent à se faire connaître. Le Mauricien n’a pas attendu Pravind Jugnauth pour se tenir au courant des avancées de la pandémie, il a rapidement découvert qu’aux les longs et soporifiques monologues du ministre de la Santé, il valait mieux écouter l’intervention quotidienne du Dr Gajadhur sur le net qui, lui, va directement au but et dit les choses sans détour. Et à chaque fois, le Mauricien se demande pourquoi ce médecin efficace et qui sait communiquer  — ce que ne savent pas faire beaucoup de ceux qui sont chargés de la communication du PM — a été écarté de l’équipe gouvernementale. Est-ce en raison de son efficacité et, surtout, de sa grande popularité?

Après avoir écrit tout ce qui se précède, je n’arrive toujours pas à répondre à la question posée par une majorité de Mauriciens mardi soir: qu’est-ce que le Premier ministre est venu dire à la nation ?

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