La saison des cadeaux

Juste quelques mots pour commencer, non pas pour réfuter les arguments infondés, erronés et de bas étage que le désormais fameux “baiseur de main” de Pravind Jugnauth a cru bon de balancer sur l’auteur de ses lignes dans une vidéo, dimanche dernier, mais pour exprimer de la gratitude envers ceux qui, choqués par les gesticulations et les outrances langagières de cet individu, ont très vite exprimé leur solidarité et leur dégoût de ses méthodes qui ne font que rappeler son bref, calamiteux et mémorable passage au gouvernement pendant quelques mois, entre décembre 2014 et janvier 2017.

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Incapable de “met lord dan so prop menti”, il a, dimanche dernier, désigné Week-End et le MMM comme les grands instigateurs des informations circulant à son sujet mais, à son meeting, vendredi, ce sont, cette fois, les travaillistes qui ont été accusés de propager des rumeurs sur lui.

Ne sachant plus quoi inventer, celui qui vient d’être largué par son partenaire comme une vieille chaussette de “grand père”,  un statut apparemment assimilé à celui de pestiféré et qui a réalisé une contre-performance à Beau-Bassin, vendredi, malgré ses références à “bondie”, est venu avec une nouvelle trouvaille pour faire appel à l’émotion et aux instincts primaires de certains, en annonçant un référendum sur la peine de mort. Comment s’y prendra-t-il ? En changeant la constitution ? Parce qu’il croit qu’il fera élire 53 députés ? La mégalomanie a été des limites quand même !

Mais laissons-le à ses chimères parce que les occasions ne manqueront pas pour lui rappeler ses prédispositions machistes, si bien décrites par Lalit, son escorte policière de ministre pourtant au bas de la hiérarchie gouvernementale, le qualificatif “monstre” dont il avait affublé le DPP Satyajit Boolell, ses négociations foireuses sur le traité de non double imposition avec l’Inde, son opération de mise à mort de la BAI, qui a provoqué un “siphonnage” de plus de Rs 20 milliards de l’argent des contribuables, sa gestion du dossier Betamax qui, là aussi, a été extrêmement coûteux pour les fonds publics: Rs 5,6 milliards, ses rencontres nocturnes avec Rakesh Gooljaury, Ravi Yerrigadoo et Pravind Jugnauth avec les directeurs de Dufry, son projet Heritage City et ses Rs 49 millions volatilisés en frais supposés de consultants, l’épisode du communiqué du conseil des ministres en version tronquée, ses voyages coûteux, sa pléthore de conseillers, le piston dont a bénéficié un certain Harvesh Seegoolam – aujourd’hui gouverneur de la banque centrale – pour se retrouver à la tête d’une inutile Financial Services Promotion Authority, ses méthodes dont Antoine Domingue a fait les frais à Mauritius Telecom ou encore son appropriation quotidienne de la MBC. Une liste partielle de frasques déjà assez bien fournie pour qu’on s’arrête là !

Il vaut mieux passer à la saison des cadeaux qui vont au-delà des étrennes ponctuelles. C’est parti pour un marathon de la distribution générale de gâteries jusqu’aux prochaines élections générales. La cadence a été accélérée parce que le gouvernement a réalisé que, malgré sa mainmise sur les institutions et ses tentatives de faire taire les critiques et ceux qui exposent ses vilénies, une bonne partie de la population est moins encline à lui confier un nouveau mandat.

Pour atténuer les effets des mesures liberticides, de la corruption, de l’ampleur prise par la drogue et autres dérives, il est condamné à donner toujours plus pour s’acheter le soutien dont il ne dispose pas auprès d’une majorité d’autant que le score réalisé dans une lutte à trois en 2019 s’est rétréci.

La stratégie de diaboliser Navin Ramgoolam, qui prend souvent des allures abjectes, et les attaques personnelles, parfois ridicules à l’encontre de l’ancien Premier ministre, ne prenant plus et suscitant l’effet inverse, il fallait bien trouver autre chose pour tenter, en cette fin de mandat, de sauver les meubles.

En ce crépuscule de 2023, c’est d’ailleurs comme un sauve qui peut général caractéristique d’une fin de règne. La Financial Crimes Commission va être passée en force, quels que soient les critiques ou les recours judiciaires, le ré-enregistrement des cartes SIM est imposé sous le prétexte que la commission drogue l’avait recommandé en… 2018 et le rapport de l’Electoral Boundaries Commission, datant de 2020, est, trois ans après, subitement extirpé d’un tiroir parce que les grands penseurs du MSM se sont dits que le déplacement de certaines agglomérations, d’une circonscription à une autre, pourraient leur apporter quelques voix supplémentaires.

Après le salaire minimum, le revenu minimum garanti, la compensation salariale et le boni de fin d’année des bébés, la correction salariale pour respecter les échelles et les barèmes établis promis pour mars/avril 2024, parions sur la pension universelle, non pas à Rs 13,500, comme promise mais pas encore appliquée, mais Rs 15,000 pour être en conformité avec le salaire minimum dans le prochain budget.

Si la situation ne s’améliore toujours pas, laquelle explique le renvoi des municipales, et que le MSM et ses alliés sentent qu’ils n’ont toujours pas la cote, il faut s’attendre à d’autres mesures, les unes plus généreuses que les autres.

Le salarié consommateur, content d’obtenir une hausse salariale, réalise déjà que, dès l’annonce de la mesure, les prix ont pris l’ascenseur. Tous les produits de consommation courante sont hors de prix. Il suffit d’aller voir ce que coûtent 2 boîtes de fromage, 3 bananes, 4 yaourts et d’autres commodités de nécessité quotidienne pour s’en convaincre.

Les commerçants prennent déjà de la poche des consommateurs ce qu’ils devront payer à la fin de janvier prochain. Tandis que le gouvernement ne sera que trop content de reprendre une bonne partie des augmentations à travers la TVA, comme il le fait avec ses diverses taxes sur le carburant. Les Mauriciens découvriront assez vite que si cadeaux ils ont obtenu, ils sont un peu empoisonnés.

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