Le résultat de la provocation

Les mises en garde ont été balayées d’un revers de la main, les avertissements les plus éloquents ignorés, pendant que les menaces ont continué et que l’exercice d’un pouvoir autocratique et personnel s’est accentué. Ce qui s’est passé ces dernières heures est, en fait, le résultat d’une provocation devenue permanente depuis 2019. Vis-à-vis de l’opposition, des forces vives et des citoyens. Comme nous le rappelions ici même, après les incidents de Plaine Magnien et, dans des commentaires antérieurs, ce gouvernement a agi comme s’il était dans un régime de parti unique d’un autre temps en étouffant toutes les voix contraires qui, normalement, doivent se faire entendre dans une démocratie normale.

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L’Assemblée nationale est devenue la chambre des expulsions et des suspensions de légitimes élus décidées par un nominé politique, d’une rudesse et d’une grossièreté qui correspondent parfaitement à la « culture » du Sun Trust. Sinon, il n’aurait pas été là. Ça commence au Parlement et c’est la même méthode qui se répand partout et qui est pratiquée dans toutes les institutions du pays. Un Premier ministre qui n’a rien à faire d’autre que de confirmer à son poste un directeur de la MBC qui fait l’objet de manifestations de prêtres qui attendent toujours des réponses adéquates sur la censure du message de Noël du représentant du Pape, ça dit tout de l’état d’esprit qui prédomine. Il vaut mieux ne pas revenir sur ce que sont devenus les Banque de Maurice, les PSC, DFSC, LGSC, tous ces organismes qui sont censés être au service de l’État, et donc du peuple et qui sont devenus de vulgaires faire-valoir du MSM.

Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe dans le secteur hippique avec sa GRA et sa HRD, outrancièrement politisées, pour se convaincre de la malsaine propension de ce gouvernement à tout contrôler. Au profit de ses soutiens, ceux qui sont connus pour leurs méthodes mafieuses et leurs mercenaires payés pour dénigrer ceux qu’ils ne peuvent pas acheter.

Comme la MBC et l’ICAC, la police, elle, pratique une politique de « get figir » lorsqu’il s’agit d’appliquer la loi. Quand ce sont les proches du pouvoir et ceux qui sont connectés aux ministres qui sont impliqués dans de sombres affaires, la police est d’une lourdeur paralysante. C’est souvent après que les dénonciations ont gagné la place publique et les médias qu’elle fait semblant d’agir. Souvent pour mieux étouffer l’affaire. Comme celle encore nébuleuse de l’activiste MSM Soopramanien Kistnen. Même les siens ne sont pas épargnés lorsqu’ils paraissent gênants. Par contre, si c’est un simple citoyen ou un opposant, là, c’est le régime express pour débarquer aux petites heures, embarquer « l’accusé » et le placer le plus longtemps possible en détention, question de le faire craquer, selon la vieille méthode fasciste.

Étonnés qu’il y ait eu des échauffourées jusqu’à Trou d’Eau Douce vendredi soir ? Il ne faut pas, parce que les habitants se ce beau village côtier ont peut-être en mémoire l’interpellation aux petites heures du matin du samedi 22 août 2020 des frères Dardenne, incarcérés pendant deux jours et qui ont vu les charges provisoires logées contre eux, dont le « vagabondage », rayées trois mois plus tard. Ils étaient présents le 21 août aux abords du tribunal de Mahébourg pour soutenir la Private Prosecution de Bruneau Laurette contre les ministres Maudhoo et Ramano dans le sillage du naufrage du Wakashio.

On se souvient que dans cette même affaire, une dame qui avait tranquillement exprimé son mécontentement devant le déploiement de banderoles « pa tous nou Soudire » avait été convoquée par la police. Mais pas ceux qui avaient manifesté en faveur des ministres ! Devant le tollé que cela avait provoqué, la police avait dû battre en retraite. Même chose pour Anabelle Savabaddy, l’animatrice de Radio One qui avait organisé un débat public à Vacoas qui a tourné au vinaigre pour les élus du MSM et autres « gopias » malmenés par le public présent. Elle avait été convoquée aux Casernes vendredi pour finalement s’entendre dire que l’exercice était annulé.

C’est ce genre d’attitude, arbitraire, abusif, partisan qui exaspère le grand public. Après deux années de restrictions Covid où le peuple a vu comment un gouvernement pouvait profiter d’une pandémie pour remplir les poches de ses proches et de ses agents, il y avait déjà une vive colère et surtout une terrible frustration à la base. Il y a eu les rapports du PAC et de l’Audit qui ont étalé le degré de gaspillage et de corruption au sein des services publics. Puis, pendant que les ministres jouaient à un genre de jeu de chaise musicale à Dubaï et que les per diem pleuvaient, les augmentations de prix, elles, s’enchaînaient.

Les prix des denrées alimentaires avaient depuis des mois déjà pris l’ascenseur du fait de la dépréciation de la roupie. Comme si tout cela n’était pas déjà insupportable, il y a eu les augmentations successives du prix du carburant et du gaz. Une partie de la population n’en peut plus. Elle ne peut pas comprendre qu’il y ait autant de milliards engloutis dans des projets qui ne sont pas urgents, comme l’ajout à Rs 4,5 milliards de cette ligne de métro Rose Hill/Réduit, à quelques encablures de Camp Levieux, pendant que des taxes incompréhensibles sont imposées sur le litre d’essence qu’elle paie à la pompe.

Elle enrage aussi de devoir aujourd’hui payer pour les mauvaises décisions prises par ce gouvernement, les Rs 21 milliards mises dans les anciennes entités de la BAI, les Rs 5,6 milliards de Betamax. Lorsqu’on ajoute tout ça et son Côte d’Or à Rs 4,7 milliards, ça fait un gros paquet de fric ! Et ça donne le tournis à ceux qui ont du mal à boucler leur fin de mois et qui ne comprennent pas qu’on lui dise qu’il n’y a pas d’argent pour soulager le petit peuple. Il est descendu dans la rue, il s’est confronté à cette police qui est incapable de discernement et de jugeote.

Comme nous l’écrivions ici même le 23 août 2020 après les incidents de Mahébourg, « qui sème la provocation, récolte la révolution ! » C’était il y a deux ans…

 

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