LES COULOIRS DE L’ARGENT

Dans quelques jours encore, les clubs affiliés à la Fédération mauricienne de natation (FMN) devront mettre la main à la poche. Car, désormais, il faudra compter plus pour continuer à faire la promotion dans les piscines appartenant pourtant à l’État et dont la maintenance est assurée des fonds publics ! C’est la trouvaille mise en avant par le Mauritius Sports Council (MSC) pour renflouer ses caisses en louant désormais les couloirs aux clubs de 16h à 18h ! La question a d’ailleurs déjà fait l’objet de discussions entre l’instance de Belle-Rose, la fédération et les clubs, depuis fin avril, et se languiner ne servirait désormais plus à grand-chose. Les nouveaux tarifs seront appliqués à partir du 21 octobre ! Point barre. Soit vous passez à la caisse, soit vous dégagez de cette plage horaire !

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En moins de deux semaines donc, les clubs devront trouver entre Rs 2 000 et Rs 10 000 de plus pour espérer continuer à occuper des couloirs gérés par le MSC pour…le gouvernement ! Si ce n’est pas là un affront à l’intelligence de nos sportifs et des dirigeants qui ont à coeur la promotion de la natation, eh bien cela y ressemble malheureusement. Certes, dira-t-on, les clubs font payer aux nageurs une mensualité, alors que d’autres, les plus huppés, le font sur une base annuelle ! Qu’adviendra-t-il alors de ceux qui ne pourront pas suivre la cadence en cas d’une hausse éventuelle et qui semble inévitable ? N’est-ce pas là une mesure qui va “tuer” la natation comme nous l’avions déjà déploré en mai dernier ? À l’heure même où de nombreuses familles croulent sous une cascade d’augmentations ?

Au nom des nageurs et des parents, notamment ceux se trouvant au plus bas de l’échelle, et qui ont à coeur de pratiquer une activité sportive, Week-End avait été le seul à prendre position à leurs côtés. Cela, afin de contester les propositions du MSC. Malheureusement, nous avions été injustement pris à partie. Certains estimant même que les informations publiées « dans la presse » ne reflétaient pas l’issue d’une réunion entre le MSC et la fédération ! Certains défendant même le MSC affirmant que l’instance de BelleRose voulait trouver un consensus et non tuer la natation mauricienne ! En somme, une façon très basse, pour ceux à la plume très peu sportive, de venir répondre à nos écrits et défendre l’indéfendable. Nous sommes aujourd’hui très fi ers de s’être battus pour nos convictions, nos principes et nos valeurs, dans l’intérêt d’une pratique sportive juste et sans discrimination aucune.

Contrairement à d’autres qui n’ont même pas osé lever le petit doigt pour exprimer leur désaccord sur une injustice si criante et évidente surtout. Mais dont le silence est venu aujourd’hui prouver que “mardi gra sakenn so bann” ! Car, on ne voit pas comment on peut parler de consensus quand, d’un côté le MSC impose aux clubs de payer mensuellement une somme de Rs 2 000 à monter ! Et de l’autre, une fédération qui ne trouve rien à dire, sinon même approuver une mesure qui va certainement discriminer des clubs et des nageurs par rapport à d’autres ! La démarche du MSC est désolante, voire déplorable. Elle confirme désormais que l’excellence a un prix, même si certains diront que le sport est une activité gratuite ! Sauf que pour y accéder, il n’y a pas trente-six milles solutions. Indéniablement, il est impératif d’avoir des moyens à la hauteur de ses ambitions pour viser l’excellence. Au cas contraire, contentez-vous de “bat-bate dan kwin lari”.

C’est justement cette hypocrisie instaurée par les princes du jour qui doit être dénoncée. Un peu comme c’est le cas dans le domaine éducatif où on nous saoule à longueur de journée sur la gratuité et l’accessibilité de l’éducation. Sauf que, dans la pratique, l’intelligence est loin d’être le seul atout nécessaire pour réussir. Si ce n’est un brin de chance, être lauréat requiert inévitablement un investissement financier énorme, voire même colossal, qui, malheureusement, n’est pas donné à tous les Mauriciens ! Ainsi, le sport apris des allures de luxe, à l’heure même de la mise en application du National Sports & Physical Activity Policy lancé en octobre 2018. Un plan qui englobe une pratique sportive basique jusqu’à l’excellence. Sans pour autant qu’on ait pris la peine de voir si tous les maillons y trouvaient leur place dans un mécanisme qui se doit être bien huilé !

C’est dire que la démarche du MSC contraste avec les intentions du gouvernement. Ce qui ne semble pas vraiment déranger au sein de cette fameuse “lakwizinn” où émane de Belle-Rose entre autres, dit-on, un parfum d’ingérence dans les affaires du ministère des Sports. Un ministère qui semble désormais impuissant face à une situation qui semble lui échapper depuis un bon moment ! À tel point que ce même MSC a été gâté dans le récent budget en se voyant accorder une manne de Rs 25.5M ! De plus, le MSC devrait récupérer un minimum d’environ Rs 540 000 des clubs annuellement ! Cela, à la sueur des nageurs et de leurs parents dans ce processus du gouvernement visant de “déshabiller St-Pierre pour habiller St-Paul”. Alors même que le bureau du Directeur de l’Audit ne cesse de déplorer, année après année, les milliards de roupies jetées par les fenêtres des ministères publics !

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