L’insoutenable légèreté du prix de la vie

La semaine écoulée a été marquée par des drames parmi les jeunes. D’abord, avec la tragédie d’Arsenal où six pèlerins ont trouvé la mort, puis avec celle d’une fille de 19 ans qui a succombé aux brûlures causées par l’explosion du chauffe-eau à gaz de la salle de bain et, pour finir, avec le décès d’un adolescent de 15 ans après un tournoi de karaté. Maurice a ainsi été plongée dans une grande tristesse.

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L’insupportable douleur vécue par les familles endeuillées témoigne du prix de la vie de chaque individu, d’abord pour ses proches, et puis, pour tous ceux touchés par la disparition de cet être cher.

Alors que notre pays prend la pleine mesure du prix de la vie humaine, en France, un permis d’éliminer a été constitutionnalisé. En effet, l’avortement (interruption d’une gestation selon Le Robert et intervention sanitaire courante selon l’OMS), dépénalisé depuis 1975 par la loi présentée par Simone Veil, est, depuis le 4 mars courant, inscrit dans la Constitution en tant que “liberté garantie”, pour reprendre les termes du nouveau texte. La France est le premier pays au monde à le faire. Le projet de loi sur l’IVG est désormais bien ancré du fait de cette récente révision de la Constitution. Un retour en arrière est-il possible? Juridiquement, une réversibilité est concevable, mais illusoire dans la réalité, vu la complexité du processus nécessaire pour réviser la Constitution en France.

“Nouvelle liberté”, “Fierté française”, “Étape fondamentale”, “Joie immense”,  voilà comment a été qualifiée cette décision telle que rapportée par la presse française. Gabriel Attal, Premier ministre français, a, lui, souligné que “le corps des femmes leur appartient et personne n’a le droit d’en disposer”, toujours selon les articles de presse français.
Ce sujet délicat a longtemps suscité d’âpres débats et, à vrai dire, ils ne sont pas encore terminés. Bien que nous comprenions ceux qui se sont battus pour que cette loi soit d’abord adoptée en 1975 puis, depuis peu, que cette liberté ait été consacrée comme liberté constitutionnelle, n’est-on pas en droit de penser que nous sommes, là, à disposer des corps d’êtres non-nés en les supprimant ? Alors que de nombreux parlementaires et autres Français crient VICTOIRE, n’y va-t-il pas plus de la victoire du mal ? Les opinions divergent, certes, et ils sont même sujets à des échanges parfois virulents entre les pro-vie et les pro-choix.

Des questions fâchent néanmoins lorsque l’IVG est abordée : un fœtus, avec un cœur qui bat, est-il pour sûr un être humain ou pas ? Un embryon n’est-il personne ou est-il déjà quelqu’un ? Un bébé a-t-il une âme ? Que dire de ces hommes qui valident la suppression de ces futurs ti’bonhommes ? Et que penser des femmes qui se battent pour les droits des femmes et qui ne défendent pas ceux de celles en devenir ; celles encore nichées dans le ventre de leurs mères ? Inutile de rappeler que l’avortement n’est pas une intervention nouvelle ni banale. Il est pratiqué depuis des lustres et le choix de le faire est posé sans aucun doute après une mûre réflexion. Les femmes qui ont recours à l’IVG ne prennent pas cette décision de manière légère. Elles vivent probablement une situation sociale, familiale ou de santé difficile. Elles sont peut-être victimes d’un viol, se sentent contraintes de le faire ou ne voient aucune autre solution. Il y va aussi de la responsabilité des hommes, d’un père, d’un conjoint, absents, violents ou démissionnaires. Le chapeau ne peut être porté par les femmes seules. Quelle qu’en soit la raison, elles n’ont pas besoin de se justifier et n’ont que faire des jugements et des condamnations. Mais souhaitons qu’elles saisissent tout au moins les contrecoups physiques et psychologiques possibles relatifs à leur choix ! La consécration constitutionnelle d’une telle liberté ne peut, semble-t-il, se faire sans une prise de conscience des conséquences d’un tel acte qui est de sacrifier une vie au bénéfice de la liberté !

À voir la joie qui a éclaté lundi dernier, on se demande comment on peut se réjouir de l’inscription de l’IVG dans la Constitution sans prendre la mesure de la culture de l’élimination (de la mort !) à laquelle les enfants et les adolescents seront exposés. Il n’y a pas de quoi en être fier.

Par ailleurs, comment qualifier le résultat de cette interruption ou intervention ? Est-ce la destruction de cellules humaines ? La fin d’un fœtus ? La suppression d’une future vie ? Un décès ? Un meurtre ?

En France, un fœtus né sans vie peut être déclaré à l’État civil, quel que soit son niveau de développement. L’on peut relever la contradiction : tantôt humain, tantôt non. Au choix, selon l’envie !

À ce stade de la gestation, l’enfant n’a pas encore la parole, ne peut exprimer son avis et n’a donc pas son mot à dire. De ce fait, n’est-il pas en droit d’avoir une chance de vivre ?
L’insoutenable légèreté du prix de la vie. Oui, parce qu’après la constitutionnalisation de l’IVG, on passera probablement à celle de l’euthanasie (suicide assisté). À qui le tour ? Qui seront ceux qui représenteront un problème pour d’autres ?

Nous permettons l’inacceptable, nous permettons de toucher à la vie et de juger laquelle peut continuer et laquelle doit/peut être stoppée impunément. De cette nouvelle inscription dans la Constitution de 2024, résonne celle de l’abolition de la peine de mort inscrite en 2007, toujours en France.

Et nous nous étonnons de la déchéance de notre société ! Comment peut-elle être autrement, alors que la vie n’a plus la même valeur ?

Pour terminer, rappelons une phrase du serment d’Hyppocrate : “Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.”

Insoutenable, cette légèreté de la valeur de la vie !

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