Un retour à la performance Pre-Pandemic de 2019 pas anticipé avant les deux prochaines années
Croissance nominale des facilités bancaires au secteur privé d’une année à l’autre à la fin de décembre
La dernière édition de MCB Focus, publiée en fin de semaine par la principale banque commerciale locale, MCBGroup, identifie deux zones de préoccupation majeure à court terme, à savoir un challenging outlook dans le secteur bancaire et sur le front du chômage. En 2020, le manque à gagner par rapport à la richesse nationale est estimé à quelque Rs 70 milliards avec la pandémie de coronavirus et le PIB par tête d’habitant se retrouvant au plus bas niveau depuis 2010, soit $ 8 666, contre une pointe de quelque $ 11 000 en 2018 et 2019.
En dépit d’une reprise technique de la croissance annoncée pour cette année avec un rebound de 6,3%, le Chief Strategy Officer de MCBGroup, Gilbert Gnany, prévoit qu’un retour à la performance pre-pandemic de 2019 ne peut être anticipé avant les deux prochaines années, soit à partir de 2023. La principale raison est que “from a sectorial perspective, in spite of extraordinary measures deployed by the authorities to support businesses and households, several key economic sectors would remain in difficult territories this year against the backdrop of the lingering ramifications and scarring effects of the pandemic.”
Dans la conjoncture, avec un net ralentissement économique et surtout les effets conjugués d’une baisse de 14% dans la consommation et une chute de 25% dans les investissements , MCB Focus s’aligne sur les prévisions de la dernière édition du Financial Stability Report de la Banque de Maurice au sujet du potentiel de vulnérabilité dans le secteur bancaire. Tout en concédant que les banques ont fait preuve de résilience face au choc généré par la pandémie l’année dernière, MCB Focus concède que “the persistently challenging outlook would continue to impact the performance of banking operators given restrained demand for credit, reduced margins as well as asset quality pressures.”
En parallèle, les dernières données publiées par la Banque de Maurice en fin de semaine confirment que la croissance des facilités octroyées au secteur privé, incluant le global business sector sous le double traumatisme de la Grey List de la Financial Action Task Force et de la Black List de l’Union européenne d’une année à l’autre à la fin de décembre a été quasiment nominale. Par contre, pour les deux mois de la fin de l’année dernière, la Banque de Maurice fait état d’une baisse.
Graves appréhensions
“Bank loans to the private sector (excluding GBCs) rose by Rs 1 billion or 0,3 per cent, from Rs 319,7 billion as at end-November 2020 to Rs 320,7 billion as at end-December 2020. In contrast, inclusive of the GBC sector, bank loans decreased by Rs 1,6 billion or 0,4 per cent, from Rs 398,7 billion to Rs 388,1 billion over the corresponding period”, souligne la Banque de Maurice. De décembre 2019 à décembre 2020, le montant des crédits bancaires alloués au global business sector est passé de Rs 72,6 milliards à Rs 67,4 milliards.
D’autre part, toujours en ce qui concerne l’endettement, notamment sur le plan national, les chiffres rendus publics par le ministère des Finances, vendredi, indiquent que le montant de la Central Government Total Debt était de Rs 327,7 milliards, représentant 76,5% du PIB en décembre dernier, contre Rs 343,3 milliards en juin de l’année dernière. Par contre, la Public Sector Debt (Gross) est évaluée à Rs 361,9 milliards (84,5% du PIB) au 31 décembre, contre Rs 381,8 milliards en juin dernier. La Public Sector Net Debt se monte à Rs 297,8 milliards, soit 69,5% du PIB.
L’on constate qu’au cours des derniers six mois de l’année dernière, la dette étrangère a augmenté de quelque Rs 25 milliards, passant de Rs 43,7 milliards en juin à Rs 68,7 milliards à la fin de l’année. Au titre de la dette locale, l’effet inverse se fait sentir au cours de la même période, soit des Government Securities pour les besoins des borrowing requirements de Rs 304,7 milliards en juin 2020 et de Rs 265,8 milliards à la fin de décembre dernier.
D’autre part, MCB Focus fait état de graves appréhensions sur le front du chômage avec l’incapacité des opérateurs économiques de maintenir des emplois et cela en dépit des efforts déployés par le gouvernement pour faire face à la pandémie. “The quality of the forecasted growth is subject to appraisal to the extent that apprehensions subsist regarding the country’s inherent ability to safeguard existing employment – in particular across SMEs and in the informal sector – as well as create new job opportunities”, prévient le Chief Strategy Officer de MCBGroup.
Avec un taux de chômage titillant la barre des 10% l’année dernière, MCBGroup avance que “for this year, the labour market situation would continue to warrant close scrutiny in view of the notable challenges confronting key economic sectors. Beyond looking at the headline unemployment figure, which is, itself, expected to remain at relatively elevated levels when compared with historical trends, a key source of concern would pertain to the rising level of labour underutilisation in the economy, in particular, regarding those in time-related underemployment.”