Oh, quelle surprise !

Oh, quelle surprise et comme c’est fâcheux ! Pas la moindre apparition de Joe Lesjongard pour nous entretenir de l’évolution du dossier de CorexSolar. Pas le plus petit communiqué, non plus, de la direction du CEB pour nous éclairer sur la progression de ce contrat à Rs 5 millards.
On ne s’attendait pas à ce qu’ils se précipitent aux Casernes Centrales pour porter plainte contre CorexSolar, comme ils l’avaient fait après les révélations de Joanna Bérenger dans une vaine tentative de faire taire tous ceux qui, comme la député et son collègue Patrick Assirvaden, relevaient les zones d’ombre patentes de ce projet d’aménagement de ferme solaire. C’est vrai que le ministre des Services Publics se fait tout petit depuis qu’il s’est publiquement fait démonter par le président du PTr.
L’heureux bénéficiaire du contrat, malgré les réserves du conseiller légal du CEB, révisées ensuite par son propre cabinet à la suite d’une demande expresse d’un “conseiller légal” en interne, est apparemment toujours en train d’arpenter le pays pour trouver un terrain.
Il s’était d’abord approprié un terrain qui n’est pas à lui pour obtenir le contrat et, même lorsque le CEB a découvert qu’il ne disposait pas de terres, l’opérateur historique du secteur de l’énergie n’a rien entrepris pour résilier l’accord. Puis, ce fut un hypothétique lopin dans la région de Baie du Tombeau qui s’est révélé tout aussi fantôme que celui identifié dans le Nord.
Bien que CorexSolar accepte de mettre le prix fort, il paraît que les promoteurs approchés se montrent extrêmement réticents à céder leurs terres au client choisi par le CEB. Ils craignent de se retrouver au milieu d’un scandale qui nuise à leurs intérêts et à leur réputation.
Surpris aussi que le ministre de la Santé n’ait pas, lui, pris le chemin du CCID pour consigner une déposition contre Eshan Juman, celui qui a brandi des documents du ministère de la Santé attestant de l’achat de plusieurs bouteilles de spiritueux.
Ne pouvant plus nier l’évidence, Kailesh Jagutpal a affirmé que c’est pour la consommation de médecins en visite venus procéder à des interventions chirurgicales. Ah bon, ils ont consommé ses breuvages enivrants où ? À l’hôpital même, à la sortie des operation theaters ? Était-ce pour pallier le manque de désinfectants ?
Si c’est d’usage d’inviter des visiteurs à un repas, c’est dans un restaurant que cela se passe généralement. Et si ce qui n’est pas courant, les bons docteurs, fatigués d’avoir manié leur bistouris, ont voulu décompresser un peu et s’offrir un petit écart, un petit verre, ça devrait normalement être compris dans la facture du resto.
Pourquoi c’est le ministère de la Santé qui a lui-même acheté des bouteilles de Black Label et de vin de toutes les couleurs ? Encore un dossier sur lequel le ministre de la Santé aura du mal à s’expliquer et à se justifier, la thèse du complot brandie à tous vents ayant déjà été considérablement mise à mal dans l’affaire des repas peu ragoûtants servis dans les hôpitaux. Ce sera, en tout cas, difficile de réfuter les slogans à venir du genre “legim pouri pou malad, black label pour minis ek dokter!”
À la Culture, c’est aussi la foire aux contrats distribués à gauche et à droite. Après les révélations de notre confrère Le Mauricien et la reprise de ces dénonciations par l’opposition, il y a eu une timide tentative d’explications de la part du ministre Avinash Teeluck.
Cette fois, c’est une histoire d’offres “non-responsive” complètement tirée par les cheveux qui est mise en avant. Or, l’affaire ressemble à tous les contrats, petits ou grands, octroyés par ce gouvernement et qui se soldent toujours par des faveurs aux petits copains du régime. Parce qu’ils sont taillés sur mesure.
Dans le registre des incongruités relevées ces derniers jours, il y a aussi un commissaire de police qui décide que ceux qui ont fait circuler “une grande quantité de drogue”, selon le patron de la SST, Ashik Jagai, soient vite remis en liberté. Ça, c’est un vrai “evil precedent.”
Et pas d’objection de la police? Serait-ce une question de get figir ? Après les rave parties et les stag parties de Grand Bassin, toutes les supputations sont permises. Pourquoi lorsqu’il s’agit d’opposants au régime, il y des incarcérations arbitraires et une résistance à leur remise en liberté conditionnelle ?
Et si ceux interpellés à la rave party de samedi dernier à Fond du Sac avaient de grandes quantités de drogue en tous genres chez eux et leurs acolytes ou ailleurs, bien planqués, et qu’il les ont fait disparaître une fois gracieusement et généreusement remis dans le circuit par la police ?
Et cette affaire de la Bolivienne appréhendée avec Rs 30 millions de cocaïne, lundi dernier, qui révèle de drôles de méthodes d’opération d’agences censées travailler de concert pour plus de résultats. Une fois la drogue sécurisée, l’ADSU a rapidement voulu retracer le commanditaire local et le coincer.
C’était sans compter la guerre des egos et des territoires avec la Mauritius Revenue Authority se précipitant pour émettre un communiqué sur toute l’affaire, donnant ainsi la possibilité à ceux qui attendaient la came de se volatiliser.
C’est comme ça que l’on va “kas lerin trafikan”. Comment voulez-vous que ce slogan du Premier ministre ne suscite pas autant la dérision que la révolte lorsqu’on sait les ravages que la consommation des stupéfiants provoque chez les jeunes et les moins jeunes !?
Dans toutes ces affaires récentes, il y a une nouvelle donne : les fonctionnaires n’ont plus peur de refiler des documents confidentiels et sensibles à l’opposition. C’est très mauvais signe à quelques mois du grand rendez-vous des urnes.
Cela veut dire qu’il y a un ras-le-bol et un dégoût en interne, du plus bas dans la hiérarchie à son plus haut sommet. Ils doivent certainement être las de payer pour les fautes commises par les ministres eux-mêmes et ils ont décidé de se réveiller et de ne plus se laisser faire. Ce n’est pas trop tôt.

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