Parc hôtelier et réservations en ligne – Le pire est à venir

Les temps durs arrivent, et ça, les acteurs du secteur du tourisme en sont bien conscients. Si Maurice a la chance d’être, pour l’heure, épargnée par le Covid-19, le pays connaît néanmoins des poussées de fièvre, notamment sur le plan touristique. Les hôtels se vident et les sites de réservation en ligne baissent en popularité. Week-End a posé des questions à plusieurs acteurs du secteur qui, sans langue de bois, ont confié leurs appréhensions. Le pire est à venir.

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Christopher Rainer, ancien directeur de Marideal.mu, plate-forme de réservation en ligne dont il a été l’un des fondateurs, est catégorique : « L’oeil du cyclone n’est pas là encore. » Selon lui, le secteur touristique « ne fait que commencer à ressentir la crise qui nous guette et la situation va empirer considérablement». Sans langue de bois, il tire la sonnette d’alarme. « Ce qui se passe en Chine, on prend la même formule et on l’applique partout, y compris à nous. Il y aura un gros ralentissement économique et ça, il faut l’accepter et s’y préparer. »

« L’appétit pour les dépenses n’est plus là »

Il explique que le secteur touristique va beaucoup souffrir de cette crise. « L’un de nos principaux marchés, qui est l’Europe, est en quasi ‘lock down’. L’Italie l’est déjà et ce n’est qu’une question de temps pour que l’Angleterre, la France et l’Allemagne le soient aussi. En outre, il y aura une baisse drastique si, toutefois, l’aérien reste ouvert, car soyons réalistes, il y a une grosse possibilité que ce soit fermé. » Selon lui, nous subirons les effets de cette crise sur au moins trois mois. Commentant la situation déjà alarmante du tourisme domestique avec des chiffres négatifs par rapport à l’année dernière, il soutient que le parc hôtelier est vide, et ce malgré les offres promotionnelles.

Concernant les réservations, il avance qu’elles sont aussi drastiquement en baisse. « Les consommateurs mauriciens sont conscients du virus. L’appétit pour les dépenses n’est plus là, et le consommateur est plus sur la défensive. Il va dépenser moins sur les loisirs et plus sur les produits alimentaires, par exemple. Aussi, il s’est bien rendu compte que le meilleur endroit pour se choper le virus, c’est dans les hôtels. Du moins, c’est ce qu’il pense », dit-il.

D’après Christopher Rainer le pire scénario serait qu’« avec l’arrivée du printemps, les choses pourraient peut-être allées mieux en Europe et il y a une forte possibilité que Maurice se fasse à son tour rattraper par le virus pendant l’hiver ici. Car de penser que le Mauricien est à l’écart de cela est insensé. L’OMS, d’ailleurs, prédit que 70 % de la population mondiale seront infectés. Donc, il y a de fortes chances qu’après ces trois mois de lockdown pour l’Europe, c’est à Maurice de l’être pour encore trois mois. Ce qui vous fait un minimum de six à sept mois ! » Il estime que dans le meilleur des cas, le taux d’occupation du parc hôtelier avoisinera les 35 %. En ce qui concerne hôtels eux-mêmes, Christopher Rainer estime que les choses iront de mal en pis. « Cela n’est un secret pour personne, les hôteliers mauriciens cotés en bourse ont le plus fort taux d’endettement. Donc, si effectivement l’on atteint les 35 % de taux d’occupation, certains vont être dans des situations extrêmes. »

« Nous sommes tributaires des marchés         émetteurs »

Par ailleurs, pour Noudeal.mu, autre plate-forme de réservation en ligne, « il est encore trop tôt pour dire si le virus affectera notre industrie. Vous serez d’ailleurs surpris d’apprendre que les arrivées ont augmenté par 4, 7 % pour les mois de janvier et février en comparaison avec l’an dernier. Néanmoins, nous nous préparons au pire et estimons un déclin pour les mois d’avril à juillet, en provenance surtout des pays infectés », explique Elvin Law, directeur du site. A cet effet, il explique que quelques-uns de leurs partenaires, dont des hôtels, ont prévu des offres spéciales pour le marché mauricien. « Il est impératif que les hôtels revoient leur plan pour faire face à cette pandémie », dit-il. Elvin Law soutient aussi qu’il est important que le ministère du Tourisme communique avec les acteurs du secteur dans le but de prrendre les mesures nécessaires pour sauver l’industrie.

Du côté des hôteliers, le ton est déjà donné : on se prépare au pire. « Au vu de l’évolution de la pandémie, il est clair que nous amorçons une phase encore plus importante et délicate. Au Groupe Beachcomber, nous enregistrons déjà un recul des réservations pour mars et avril. Le taux d’occupation de nos hôtels risque de décliner significativement dans les semaines à venir, car nous sommes tributaires des marchés émetteurs et des politiques des compagnies aériennes. Face à cela, et tenant compte de la conjoncture extrêmement évolutive, nous faisons des évaluations au quotidien de la situation. Nous étudions en ce moment plusieurs scénarios. Notre équipe commerciale est aussi en communication constante avec nos marchés et nos partenaires. Nous sommes très attentifs aux mesures prises par les gouvernements de nos principaux marchés émetteurs et les adoptons au mieux à notre politique commerciale », soutient un responsable de Beachcomber.

Néanmoins, la vie continue, et Beachcomber compte bien continuer à proposer ses offres aux Mauriciens: « Il s’agit d’un marché qui est important pour le groupe. Nous avons toujours à cœur de proposer aux clients mauriciens les meilleures offres. Depuis plus de 20 ans maintenant, nous offrons des forfaits en haute saison comme en basse saison à nos compatriotes, surtout à des périodes clés, notamment les longs week-ends, les fêtes, etc. Comme chaque année, nous prévoyons de lancer au mois d’avril prochain notre programme d’offres saisonnières. »

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