Patrick Belcourt : « Je suis focalisé sur un objectif qui est d’élaborer un projet politique »

Les alliances se font plus qu’elles ne se défont ces derniers temps. C’est la nouvelle tendance. À un peu plus d’un an de l’échéance du mandat gouvernemental, l’alliance Reform Party-En Avant Moris cumule les sorties publiques avec Roshi Badhain aux commandes. Patrick Belcourt, leader du parti En Avant Moris, dont on sait ce que sera son rôle en cas de future gouvernement de cette alliance répond à nos questions dans cet entretien-minute.

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Comment se porte l’alliance à ce stade ?

— À ce stade, nous sommes en mode de travail à plein régime. D’une part, nous sommes dans des actions de mobilisation et, d’autre part, nous avons besoin de coordonner les efforts de nos troupes respectives. Nous travaillons ensemble de façon naturelle, tout en gardant nos spécificités. De notre côté, chez En Avant Moris, notre équipe technique travaille d’arrache-pied pour élaborer notre programme sur le plan national, et cela aussi va compter pour la suite de notre démarche commune.

Quid de la question de la répartition des portefeuilles au sein de l’alliance ? Cet aspect a-t-il déjà été évoqué ?

— Je comprends votre question, mais vous comprendrez de votre côté que je ne peux pas vous répondre de la même manière que le ferait le dirigeant d’une formation traditionnelle. Vous avez pu voir cette semaine que notre partenaire a présenté trois nouveaux cadres et nous en avons fait de même. Cela signifie concrètement que, depuis que nous entreprenons la mobilisation sur le terrain, il y a des personnes qui se joignent à nous. Certains sont des activistes qui en ont marre de ces politiciens, qui les tournent en bourriques à chaque fois.

Ces activistes ont les capacités et la volonté de galvaniser leurs troupes pour rejoindre notre combat. D’autres ont des compétences techniques et académiques, et il faut leur faire de la place pour qu’on puisse les mettre au service du pays.

Si nous procédons comme les alliances traditionnelles, cela équivaut à se priver des meilleurs éléments d’entrée de jeu. On ne met pas les meilleurs éléments sur le banc de touche quand même ! Ce n’est pas du tout mon approche, et je dois dire que Roshi Bhadain me soutient dans cette démarche.

Donc le recrutement se poursuit…

— Pour le moment, nos armées recrutent des femmes et des hommes de bonne volonté et, en fonction des compétences, nous verrons qui fera de bons officiers et les meilleurs généraux. C’est ce qui est en train de se produire, et le processus va se poursuivre. Et plus nous aurons de personnes de qualité, et plus nous aurons de volontaires pour nous engager dans ce combat pour reprendre notre pays et le remettre dans les voies de la démocratie et du développement. C’est la mission qui dicte les responsabilités, et chez nous ce ne sera pas en sens inverse.

En Avant Moris, et vous en l’occurrence, visez un poste de Prime Ministership ? Les conditions ont-elles été déjà fixées à votre niveau ?

— Je ne suis pas quelqu’un qui abonde dans les spéculations de ce type. Je suis un gestionnaire de fortune, et ma formation ainsi que ma profession m’obligent à considérer le meilleur avantage pour mon client sur la durée. Que ce soit au plan économique ou politique, une vision de management, ce n’est pas du rêve, c’est de la planification. Au plan politique, je suis donc focalisé sur un objectif qui est d’élaborer un projet politique qui fédère toutes les énergies et devienne déterminant pour l’avenir du pays.

J’ai une équipe technique qui a produit un manifeste pour la ville de Beau-Bassin/Rose-Hill, où nous avons démontré notre capacité à faire d’une collectivité locale une entité qui contribue au développement économique du pays. Et cette fois, elle est chargée de concrétiser les aspirations au plan national en veillant scrupuleusement à la notion du bien commun.

Ça consiste en quoi ?

— Jusqu’ici, les partis proposent des mesures pour satisfaire les intérêts particuliers de divers groupes : avant c’était l’éducation soi-disant gratuite, puis comme la population est vieillissante, on courtise les personnes âgées : après la gratuité des transports, on leur offre le minimum vital au compte-gouttes. C’est vraiment manquer de respect à nos aînés, c’est leur enlever toute dignité et les mettre à mal par rapport aux jeunes qui vont devoir contribuer à leur bien-être avec leurs impôts. Ce n’est certainement pas l’approche que je privilégie.

Que privilégiez-vous alors ?

— Ce que je vise, c’est de faire élire un maximum de candidats de notre alliance afin que l’on se dise ce qu’il faudra considérer notre vision du développement. Dans notre pays, voyez-vous, tout le monde est obsédé par des alliances préélectorales. Or, vous conviendrez que, depuis 2019, je suis celui qui évoque la possibilité d’alliances postélectorales.

Notre Constitution le prévoit pourtant, mais les dirigeants politiques s’y refusent et les observateurs politiques également. Qu’ils le veuillent ou non, il faut bien que les gens se rendent compte que les gouvernements trop forts nous ont à chaque fois menés à des abus. C’est un fait que nous ne pouvons ignorer. De nombreuses démocraties nous démontrent que ce sont les alliances négociées après une élection qui sont favorables à la population.

C’est ce qui est décidé au nouveau de votre alliance ?

— Quand c’est la population qui est forte, les élus doivent travailler et donner le meilleur d’eux-mêmes. Je crois que nous nous acheminons de plus en plus vers cette éventualité, et cela réduit la perspective des ambitions personnelles pour devenir Premier ministre. Quand les différentes formations vont devoir s’entendre sur un programme commun après les élections pour constituer un gouvernement, c’est là qu’ils se choisiront le « Leader of the House ».

Et celui qui sera choisi, qu’il soit un politicien chevronné ou un néophyte, sera appelé à être le Premier ministre de tous les Mauriciens. Je comprends que les vieux dirigeants politiques soient mal à l’aise face à cette perspective, mais il va falloir qu’ils se fassent une raison et que nous ayons enfin une vraie société démocratique. Voilà les conditions du moment.

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