Pire que l’indifférence

Il n’est un secret pour personne que notre pays est coupé en deux. D’un côté, nous avons les super riches et de l’autre, les pauvres, incluant la classe moyenne, malheureusement ! Et pas besoin d’être économiste ou encore expert comptable pour comprendre le pourquoi et le comment de cette situation. La réponse, elle se trouve ailleurs dans d’autres considérations très peu conventionnelles. Et ça, nos politiciens, surtout ceux au pouvoir, le savent mieux que quiconque.
Ce développement à deux vitesses nous touche tous, principalement ceux au bas de l’échelle. À l’heure surtout où la décision a été prise d’augmenter le Key Repo Rate. Malheureusement, le pauvre citoyen n’a pas eu son mot à dire, comme toujours, sur un nombre incalculable de dossiers ! Sa devise désormais ? Payer, payer et encore payer ! Alors que nos ministères et autres institutions ne font, eux, que gaspiller comme en témoigne le dernier rapport du bureau du Directeur de l’Audit.
Métro Léger, cela vous dit quelque chose ? Et ces milliards de roupies empruntés à l’Inde entre autres ? Toujours rien ? Et pourtant, alors que le peuple croule sous les dettes — et dans bien des cas, pas par sa faute — on lui fait payer pour les pots cassés !
Pour trouver des solutions à l’inflation, les intérêts ont pratiquement doublé avec la bénédiction du gouvernement. Même que, dans bien des cas, certains ne savent plus à quel saint se vouer devant, pour l’heure, payer pratiquement le double des intérêts en attendant la phase critique de régler le “Capital” !
Et on parle bien ici de cette classe moyenne très souvent « oubliée » et qui a emprunté, non pas pour se faire plaisir, mais par obligation ! Alors que d’autres mangent à leur faim et n’hésitent pas à afficher leur incontestable opulence par le biais de ces berlines qui défilent quotidiennement sur nos routes. Des banques, ont, pour leur part, vu leurs profits grimper de façon exponentielle et forcément, cela devrait arranger la Banque de Maurice et le gouvernement.
La raison de notre colère repose sur cette situation pas si différente à laquelle sont aussi confrontés nos sportifs qualifiés pourtant de haut niveau. Alors que nos élus, dont le ministre des Sports, Stephan Toussaint, voyagent, eux, avec des per diem à vous donner le tournis. Contrairement aux malheureux 20 dollars, dont bénéficiaient jadis nos sportifs quotidiennement lorsqu’ils étaient à l’étranger.
Tirer ce trait de parallèle était très important à l’heure où la Fédération mauricienne de kick-boxing a remporté deux nouvelles médailles d’or à la Coupe du monde en Turquie. Le jeune Ryley Jude, 18 ans, a réussi son entrée chez les seniors, alors que l’expérimenté et désormais « vétéran » Fabrice Bauluck en est, lui, à son dizième titre, malgré ses 35 ans !
Et savez-vous combien Fabrice Bauluck touche comme allocation mensuelle en tant que sportif de haut niveau ? Il y a certes les primes financières, mais est-ce suffisant pour vivre avec Rs 17 500 ? Non sans oublier qu’il doit s’alimenter correctement et payer, de sa poche, ses vitamines et autres food supplements !
Peut-il alors, dans ces conditions, travailler en prenant en compte que le ministère des Sports lui impose un minimum de 20 heures d’entraînement par semaine ? Certainement pas pour le professionnel qu’il est et qui passe une moyenne de 30 heures en gym, afin d’être performant au plus haut niveau !
C’est pour cette raison que Warren Robertson, champion du monde juniors 2018, a dû faire une croix sur cette Coupe du monde. Il a été forcé à prendre de l’emploi comme peintre pour arrondir ses fins de mois avec les Rs 9 750 que lui offre l’État ! Non sans oublier que nos sportifs doivent faire avec la cherté de la vie et cette cascade d’augmentations. Le ministre Toussaint en est-il au moins conscient de cela, au même titre que ses cadres et autres conseillers grassement considérés ?
Alors, que certains censés définir la politique de haut niveau, ou ceux voulant la remodeler, arrêtent avec leur bla-bla ! Qu’ils nous épargnent ce taux de participation aux compétitions susceptibles de faire monter ou de baisser la prime. Un peu comme ils l’ont honteusement fait dans le cas du judoka Rémi Feuillet, pourtant médaillé aux Jeux du Commonwealth de 2022, mais récompensé avec Rs 50 000 de moins que les deux autres médaillés d’argent !
Le sport de haut niveau se conjugue à la sueur d’efforts et de sacrifices. Demandez d’ailleurs à n’importe quel sportif de haut niveau et il vous le dira. Et pourtant, certains n’ont toujours pas compris pourquoi Maurice peine à s’affirmer face à la crème mondiale, comparativement au kick-boxing. Ou encore pourquoi aucun athlète n’est jusqu’ici parvenu à émuler l’illustre boxeur qu’aura incarné Bruno Julie, l’unique médaillé (bronze) aux Jeux olympiques de 2008 en Chine !
Car, qui dit haut niveau et excellence, dit forcément investissement massif à tous les niveaux de la préparation et des conditions personnelles de l’athlète. Ce qui n’est pas forcément le cas pour tous, si ce n’est pour une toute petite poignée de privilégiés. Tant mieux si cela peut les aider, mais injuste, dans le même temps, en considérant ce qui se passe derrière !
Notre réflexion est donc toute simple. Tant qu’il y aura un développement à deux vitesses, économiquement comme sportivement, on ne pourra jamais viser les étoiles. Alors qu’avec une richesse répartie de façon honnête, équitable et axée sur la compétence et la performance, c’est toute l’île Maurice qui gagne.

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