POST-COVID-19 : MIC : pactole de Rs 15 milliards pour l’hôtellerie

-Déconvenue pour un important groupe hôtelier devant se contenter du tiers de sa demande d’assistance financière avec le déboursement se faisant par tranches
-Le board de la MIC mal à l’aise avec une filiale bénéficiant déjà d’un important soutien financier et le conglomérat déclarant des dividendes en faveur des actionnaires
-L’interdiction de licenciement sous les Workers Rights (Prescribed Period)
Regulations 2020 étendue pour une nouvelle période de six mois, soit au 30 juin 2021

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Tout indique que les effets néfastes de la Covid-19 sur les principaux secteurs économiques perdureront pour au moins le premier semestre de l’année prochaine. Du moins pour les moins pessimistes. L’indication la plus sûre, en dépit des bravades ministérielles, est la décision entérinée lors des délibérations de la dernière réunion du Conseil des ministres de cette année. En effet, l’interdiction de procéder à des licenciements imposée au secteur privé a été prolongée de six mois, alors que la fermeture des frontières est reconduite jusqu’au 15 février 2021. L’un des secteurs les plus affectés avec la pandémie de coronavirus, en l’occurrence le secteur de l’hôtellerie, devra compter sur des interventions financières de Mauritius Investment Corporation Limited (MIC) pour traverser cette passe extrêmement difficile. Mais le textile, avec l’un des plus importants opérateurs, frappe également à la porte de cette Intensive Care Unit (ICU) financière à la Banque de Maurice. Les dernières informations glanées par Week-End auprès des sources avisées indiquent que le feu vert a été obtenu pour le déboursement de Rs 15 milliards en faveur des entités dans l’hôtellerie et de Rs 2 milliards pour le textile. Pending clearance of legal documentation, souligne-t-on, alors que cette étape est considérée come extrêmement laborieuse.

La dernière analyse des paramètres économiques publiée dans le rapport de la Banque de Maurice, rendu public au cours de la semaine écoulée, dresse un tableau sombre de la performance pour 2020. « The lockdown has meant airlines, factories, shops and restaurants have suffered the greatest economic shocks, triggering sharp and sudden contractions in output of key economic sectors such as tourism, trade, manufacturing and construction », note la Banque centrale. À ce jour le tourisme, qui enregistre « a sharp decline in tourism arrival to around 350 000 », prévoit une contraction de croissance de 70% en une année avec une baisse drastique de 98% au cours du second trimestre;
la manufacture, affectée par une baisse dans la demande de la part des principaux partenaires commerciaux, fera face à une décélération de la croissance de 45% dans le textile principalement avec déjà « the textile sub-sector shrinking by 65 % » au cours du deuxième trimestre toujours;
la construction, en dépit de l’apparente robustesse des projets du secteur public, connaîtra un ralentissement de 20% en une année et une baisse de croissance de 90% au deuxième trimestre et
le commerce en gros et au détail, affecté par la baisse du pouvoir d’achat des ménages, devra enregistrer une décroissance de 12% à la fin de ce mois avec une pointe de contraction de 25% au deuxième trimestre.
Sortir de la Grey List
La filière économique qui devra tirer son épingle du jeu est le secteur financier avec une croissance nominale de 1%. Toutefois, les autorités, conscientes de l’importance des financial and insurance activities, mettent les bouchées doubles pour une sortie de la Grey List de la Financial Action Task Force (FATF) au plus tard en février prochain et subséquemment de la Black List de l’Union européenne, permettant à Maurice de quitter la zone des high risk jurisdictions en matière de lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme.
Durant ce week-end, la Special Cell instituée au sein du gouvernement a multiplié les séances de travail en vue d’éplucher le premier Feedback Report de la FATF reçu à Maurice vendredi dernier suite à la soumission du Progress Report de la fin de novembre. Les premières indications recueillies de sources autorisées avancent que Maurice devra se préparer pour un nouveau Face-to-Face Virtual Meeting avec la FATF pour le mois de janvier prochain après celui d’octobre de cette année.
Sur le plan local, la préoccupation de l’évolution sur le front économique continue à monopoliser l’attention. Ainsi, pour parer à toute éventualité sur le plan social, le gouvernement a pris une assurance contre la montée du chômage. De ce fait, pour les prochains six mois, jusqu’au 30 juin 2021, aucun employeur ne sera autorisé à réduire son personnel, que ce soit de manière temporaire ou permanente, ou encore de « terminate the employment of any of his workers ». Des amendements relatifs sont annoncés aux Workers’ Rights (Prescribed Period) Regulations de 2020 à cet effet.
En parallèle, la fermeture des frontières est reconduite jusqu’au 15 février prochain, alors que le Conseil des ministres mise sur l’institution d’un special fund pour le financement du National Covid-19 Vaccination Programme déjà arrêté par le ministère de la Santé en attendant la réception des premiers vaccins anti-Covid-19 sous le programme COVAX-GAVI de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
En cette fin d’année, Mauritius Investment Corporation Ltd, filiale de la Banque de Maurice, prévoit déjà de procéder à des déboursements de quelque Rs 17 milliards en faveur des distressed economic operators dans l’hôtellerie et la manufacture, notamment le textile. Toutefois, les premiers hics ont déjà surgi avec la précédente réunion du conseil d’administration du vendredi 8 décembre « noting with concern » qu’au moins une filiale ayant bénéficié de l’intervention de la MIC a vu sa maison-mère déclarer des dividendes.
Lors de la réunion du board prévue demain, la MIC, avec son war chest de Rs 80 milliards, devra mettre les points sur les “i” en matière de politique de déclaration et de distribution de dividendes par des distressed entities. En principe, un communiqué de presse sous forme de rappel à l’ordre, probablement sans citer nommément le conglomérat, devra être publié à cet effet « for future guidance and present action. »

Bras de fer

Un autre dossier à l’agenda de Mauritius Investment Corporation Limited est le bras de fer à distance engagé par un important groupe hôtelier. La demande initiale d’intervention logée par ce groupe était de plus d Rs 5 milliards, titillant même la barre des Rs 7 milliards. Devant ce développement, les autorités avaient apposé un No Go. Aux dernières nouvelles, les deux parties ont engagé des consultations sur un montant représentant le tiers des propositions du départ et avec le déboursement se faisant en tranches et non d’un seul coup.

Devant la déconvenue essuyée aux mains de Mauritius Investment Corporation Limited, ce groupe dans le secteur du tourisme devait brandir la menace de licenciements massifs avec de vives inquiétudes, voire même la panique parmi le personnel, qui a déjà dû accepter des coupures conséquentes de leurs salaires. Et cela depuis mars dernier.
Un autre groupe hôtelier lorgnant un montant d’aide de l’ordre de Rs 2 milliards de la filiale de la Banque de Maurice met en cette fin d’année la dernière main à la documentation légale en vue du déboursement au début de 2021 vu que la reprise dans le tourisme n’est pas pour demain en dépit des prévisions des experts-es-résilience.

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