Questions d’actualité

On aurait cru que le fait d’avoir remporté son case devant le Privy Council aurait rendu Pravind Jugnauth grand dans la victoire. Il n’en a rien été. Depuis, à chacune de ses apparitions publiques, il ne rate pas une occasion de s’attaquer à l’opposition sur tous les tons.

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Que ce soit pour commémorer l’arrivée des premiers engagés ou pour répondre à une question parlementaire, le Premier ministre n’a qu’un but : attaquer et dénigrer ses adversaires politiques. Le tout répercuté par une MBC jouant plus que jamais son rôle de haut-parleur du pouvoir en repassant des morceaux choisis des attaques dans les journaux télévisés. Au Parlement cette semaine, le Premier ministre a eu une fois de plus recours à la stratégie de la question plantée.

Une spécialité de ses spin doctors autoproclamés. Comme d’habitude, il échut à un backbencher orange de poser — pardon de lire — la question permettant au Premier ministre de donner en réponse une longue déclaration pour critiquer ses adversaires. Une réponse qui a duré tout le temps du Question Time, soit une demi-heure. Et comme d’habitude, la question/réponse pour embarrasser l’opposition. Comme la facture d’avion impayée du leader du PTr pour son transport médical en Inde. Question qui permit à Pravind Jugnauth, avec son sens de la galanterie, de citer une conversation privée qu’il aurait eue avec l’épouse du Dr Ramgoolam. En se faisant questionner cette semaine sur les fees à payer au Privy Council que le député Suren Dayal contesterait, Pravind Jugnauth a dénoncé l’opposition pour ses procès qu’elle fait payer par les contribuables. Espérons qu’il dénoncera également son commissaire de police si l’on découvre que les frais de ses hommes et femmes de loi — locaux et internationaux — engagés dans son procès contre le Directeur des Poursuites publiques sont payés par l’État, c’est-à-dire les mêmes contribuables.
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Plus les explications sont demandées au Premier ministre sur le dossier Agalega, plus elles sont difficiles, pour ne pas dire impossibles à obtenir. Pour justifier son refus de répondre aux questions sur Agalega, Pravind Jugnauth a déclaré que l’accord entre Port-Louis et New Delhi comportait une clause de confidentialité que l’Inde ne veut pas rendre publique. S’il n’y a rien dans cet accord qui puisse nuire aux intérêts de Maurice, le petit frère de l’Inde, pourquoi est-ce que le grand frère refuse de le révéler ? La nouvelle ministre du Commerce a commencé à comprendre comment il faut fonctionner au sein d’un gouvernement MSM. Tout d’abord en se dédisant. Elle avait été la première à justifier et à défendre l’augmentation des prix des produits pétroliers.

Elle a été également parmi les premiers à féliciter le Premier ministre pour avoir annulé la même augmentation, qu’elle avait annoncée comme indispensable au point de vue économique. Après ce reniement, elle a retrouvé le ton qu’il faut et entonné le même refrain que son Premier ministre sur le dossier Agalega. Elle ne peut pas donner les détails de l’approvisionnement de Maurice en termes de produits pétroliers, puisque la STC est liée par un accord de confidentialité avec la compagnie qui a obtenu le contrat de manière assez particulière, disent les milieux autorisés. D’un côte on ne peut pas révéler les détails d’accords ou de contrats qui concernent le pays au Parlement, mais de l’autre on peut utiliser le même Parlement pour dénigrer ses adversaires politiques en révélant des histoires de factures. Le tout avec la bénédiction du goalkeeper/Speaker.

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Les arrestations dans la nébuleuse affaire du concert de La Citadelle continuent. On a fini par comprendre que les individus qui ont investi La Citadelle l’avaient fait parce qu’ils n’aiment pas la chanson qui allait clôturer le Gran Konser. C’est pour cette raison qu’ils ont investi le fort, semé la panique, bousculé des spectateurs et abîmé des instruments de musique et du matériel de sonorisation. Dans un ruling rendu en kreol cette semaine, la magistrate Shavina Jugnauth a souligné que : « Tou dimounn bizin kapav al ban konser sans okenn laper. » Espérons que ce ruling découragera tous ceux qui auraient la tentation d’interrompre un concert juste parce qu’ils n’aiment pas une chanson à son programme.

Jean-Claude Antoine

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