Questions d’alliances

Ça y est, l’alliance des partis de l’opposition est en train de se concrétiser. Des partis de l’opposition moins quelques-uns comme le Reform Party de Roshi Bhadain qui s’en est écarté de lui-même. Quant au parti de Nando Bodha, on ne comprend pas trop ce qu’il veut faire. Certains se demandent si lui le sait ! Un jour il n’est pas totalement contre l’alliance. Le jour suivant il n’est pas totalement pour. En oubliant que jusqu’à présent, il ne fait pas partie de l’équation, n’est pas invité aux réunions et n’est informé des décisions prises que quand elles ont été publiquement annoncées. Malgré tout, il reste dans les parages, ce qui a permis à des mauvaises langues de dire qu’il cherchait à manger la banane par les deux bouts. En tout cas, Bérenger et Duval semblent enthousiasmés par l’alliance, le leader du MMM le montrant plus que celui du PMSD. Ils annoncent, chacun de son côté, que la formule miracle pour faire démarrer et triompher cette alliance a été enfin trouvée : le leadership — et donc le primeministership — reviendra au PTr. Donc à Navin Ramgoolam. Même si pudiquement les leaders des bleus et des mauves affirment que c’est le PTr qui décidera s’il doit y avoir un partage de ce poste, car ni le PMSD ni le MMM ne veulent s’ingérer dans les affaires des rouges. Plus démocratiques qu’eux, tu meurs ! Sans vouloir casser l’alliance qui est sur le point de se conclure — ses membres savent si bien le faire — rappelons quand même qu’il y a deux ans, une première alliance des partis de l’opposition parlementaire s’est fracassée parce que MM. Bérenger et Duval avaient décrété que le leadership de l’alliance ne pouvait pas revenir à… Navin Ramgoolam. Déclaration qui avait fait voler en éclats l’alliance des partis de l’opposition parlementaire, faisant une victime collatérale : Arvin Boolell, qui perdit le poste de leader de l’opposition. Qu’est-ce qui a poussé les leaders du PMSD et du MMM à changer de position sur la même question deux ans plus tard ? Sur ce sujet, ils vont sûrement adopter la même politique que la Commission de pourvoi en grâce : le silence total.
Si la nouvelle va réjouir les agents rouges, qui n’en finissent plus de regretter d’avoir perdu le pouvoir et ses avantages — et pas forcément tous les militants bleus et mauves —, il n’est pas sûr qu’elle galvanise les électeurs qui, Yatin Varma le dit avec raison à côté dans cette édition, ont d’autres soucis prioritaires que de savoir qui sera le candidat de l’opposition au poste de Premier ministre pour les prochaines élections. Si cette question est fondamentale pour les membres des états-majors des partis politiques — ils savent que pour obtenir un ticket électoral il faut obligatoirement passer par le leader —, elle est loin de l’être pour les électeurs. Donc, un nombre, en augmentation constante, dit ne pas se retrouver dans les partis politiques. Et on peut les comprendre, en effet. En deux ans, sur la question du leadership de l’alliance, les leaders du PMSD et du MMM ont réussi à dire tout et son contraire. Et il n’est pas dit que d’ici aux prochaines élections qui ne sont pas, selon la formule consacrée de qui vous savez, derrière la porte, ils ne rechangent pas de position sur cette même question ! Maintenant que le candidat est trouvé — comme si on avait eu besoin de le chercher ! —, il serait temps que cette alliance en phase finale de gestation dise aux Mauriciens quel est son programme gouvernemental en dehors des slogans répétés comme « Bour li Deor » et de « il faut débarrasser le pays de ce gouvernement. »
Les élections générales ne sont pas derrière la porte, mais il est possible que les municipales soient organisées d’ici au mois de mars. C’est cette perspective qui aurait poussé le gouvernement à lancer des travaux de réasphaltage des rues de plusieurs villes, qui portent encore les traces de travaux pour faire place au métro. Selon les stratèges du gouvernement, puisqu’un nombre important d’électeurs, surtout ceux des régions urbaines, boudent les urnes, moins de suffrages suffisent pour remporter la victoire, comme ce fut le cas aux générales de 2019. Où avec l’abstention et le désordre des partis de l’opposition, le MSM et ses alliés remportèrent la victoire avec moins de 40% des suffrages. On laisse entendre que les MSM n’a pas besoin de remporter les villes, qu’il contrôle déjà à travers le ministère des Administrations régionales, mais seulement quelques arrondissements pour faire joli sur son bilan électoral. Si les municipales avaient lieu en mars, les « grands » partis de l’opposition seront forcés de conclure une nouvelle alliance. Est-ce qu’elle concernera tous les partis ou seulement l’alliance rouge-bleu-mauve-vert, et qui en sera le leader ? Le même que pour les prochaines générales ou un autre ou alors est-ce que chaque parti ira de son côté, seul comme un grand ?
Face à ces questionnements, on peut comprendre que l’électeur se sente perdu et reste chez lui, au lieu d’aller accomplir son devoir civique…
Jean-Claude Antoine

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