Reprise partielle des vols commerciaux sur Maurice : Plaisance en testing mode

  1% des réservations habituelles en ce début de haute saison touristique

- Publicité -

481 personnes étaient attendues ce week-end dans le cadre de la reprise partielle des vols commerciaux sur Maurice. Le premier vol, EK 703 en provenance de Dubaï, avec à son bord  283 passagers, a atterri hier à 15h à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam. Et aujourd’hui, 198 passagers en provenance de Paris sur le vol MK 15 doivent arriver à 10h50. Ces passagers font partie de 1780 réservations effectuées à ce stade sur le site de la MTPA pour le mois d’octobre en marge de la phase II de la réouverture partielle des frontières mauriciennes.

Avec quatre vols hebdomadaires prévus pour ce mois, quelque 5000 places sont disponibles sur les avions, en l’occurrence Emirates Airlines et Air Mauritius qui assureront les dessertes entre Paris, Dubaï et La Réunion pour ce premier mois. Cependant, à ce jour, selon les informations officielles divulguées en conférence de presse, hier, des 1780 réservations, 60%, soit 1015 concernent les Mauriciens qui rentrent au pays, et les 765 autres sont étrangers détenteurs de permis de résidence et de travail.

Alors qu’habituellement en ce début de haute saison, Maurice accueille en moyenne 166 000 touristes chaque année, les réservations enregistrées s’élèvent à 1780. Soit 1% seulement du nombre de visiteurs qui viennent à Maurice en cette période. “Un pourcentage dérisoire qui concerne les Mauriciens plus particulièrement et non les touristes”, font ressortir les professionnels de l’industrie qui sont encore sceptiques quant à la reprise des activités touristiques, au vu du manque de visibilité. D’autant que des 458 chambres mises à disposition au sein de cinq hôtels désignés par les autorités, seulement  62% ont trouvé preneurs avec l’arrivée hier, des 283 premiers passagers pour la quarantaine payante. Ces passagers qui avaient au préalable effectué leurs réservations d’hôtels, ont, en effet, été répartis dans les hôtels Casuarina, Ambre, Maradiva, Sugar Beach et Trou aux Biches. Le vol de ce dimanche, pour lequel 198 passagers sont attendus en provenance du hub européen via l’aéroport de Paris, comblera 56% des 553 chambres mises à disposition dans les hôtels Gold Crest, Holiday Inn, Maradiva, Sugar Beach et Trou aux Biches.

La réouverture de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam depuis le 1er octobre aux vols commerciaux est ainsi un test quant à la capacité de Maurice de reprendre peu à peu ses activités touristiques, tout en évitant une résurgence des cas de Covid-19 dans la communauté locale. À ce stade, en ce qu’il s’agit des 1780 réservations enregistrées sur le site de la MTPA pour les arrivées d’octobre, quelque 1300 chambres d’hôtel ont été retenues. Si 96 passagers ont opté pour les hôtels 5 étoiles, 466 autres ont choisi la quarantaine payante dans les hôtels 4 étoiles de la liste. La majorité des passagers qui débarqueront à Maurice ont retenu la quarantaine payante dans les hôtels 3 étoiles.

Alors que les avis divergent quant à cette réouverture partielle des frontières mauriciennes, certains craignant une 2e vague de l’épidémie à Maurice, les autorités, elles, affichent l’optimisme. D’une part, du fait que Maurice ne recense officiellement aucun cas local de Covid-19 depuis le 26 avril dernier et, d’autre part, du fait du protocole sanitaire strict, dont la mise en quarantaine obligatoire en vigueur. Depuis le 18 mars, date où le premier cas de Covid-19 a été officiellement annoncé à Maurice, le pays compte 385 cas à ce jour,— dont 18 actifs . S’appuyant sur les 145 cas de Covid-19 positifs enregistrés parmi les 9300 rapatriements effectués entre mars et septembre, les autorités se disent confiantes de contenir la maladie comme elle a pu le faire jusqu’ici seulement au niveau des centres de quarantaine. D’autant que même dans les centres de quarantaine, selon le gouvernement, la propagation a été controlée grâce à l’encadrement strict.

Isolement dans une salle d’attente spéciale à l’aéroport pour les passagers en transit 

Pour éviter toute résurgence, les autorités s’appuient ainsi sur le protocole sanitaire mis en place, notamment avant le départ, durant le vol et à l’atterrissage ainsi que dans les centres de quarantaine. À cet effet, outre les démarches pour les réservations en ligne obligatoires pour venir à Maurice, il est impératif pour chaque passager d’effectuer un test PCR 5 à 7 jours avant l’embarcation et de se soumettre au dépistage à l’embarcation. Des normes strictes ont aussi été imposées au cours des vols pour les passagers aussi bien que pour le personnel soignant. En outre, chaque passager devra subir un deuxième test PCR à son arrivée à Maurice pour ainsi se faire dépister. Le protocole sanitaire des personnels affectés à l’industrie touristique – allant du chauffeur de van, qui récupère les passagers pour les diriger vers les hôtels, aux employés des différents départements d’hôtels, en passant par le personnel médical – a été renforcé.

Le laboratoire de l’aéroport en attente

Les passagers qui doivent regagner d’autres pays de la région et qui utiliseront Maurice comme point de transit ne quitteront pas l’enceinte de l’aéroport. Leur attente ne devrait pas dépasser 48h, apprend-on. Dans cette optique, afin de limiter les risques, ces passagers seront installés en isolation dans une salle d’attente à l’aéroport. Actuellement, laissent comprendre les autorités, ce sont principalement des ressortissants malgaches qui transitent par Maurice pour regagner la Grande île.

Les tests PCR des premiers passagers arrivés à Maurice seront effectués par le laboratoire de Candos. Ce n’est que lorsqu’il y aura un plus grand volume d’arrivées que le laboratoire de Plaisance – qui devrait permettre d’accélérer le processus de dépistage à l’arrivée des passagers – sera mis en opération, a-t-on appris hier, lors d’une conférence de presse animée par le porte-parole du gouvernement, le Dr Zouberr Joomaye.

Si le test PCR d’un Mauricien effectué à son arrivée à Maurice s’avère positif, une fois qu’il est installé à l’hôtel, ce passager sera pris en charge par la santé publique. Pour ce qui est d’un passager étranger testé positif à Maurice, une assurance médicale lui sera proposée. Par ailleurs, en ce qui concerne les frais à régler à l’hôtel alors qu’un passager se retrouve après deux jours avec un test positif à la Covid, une politique d’annulation de la réservation de sa chambre sera appliquée à la discrétion de l’hôtel.

Et s’agissant des résistances des passagers quant au protocole sanitaire, il ressort qu’aucune flexibilité ne sera accordée à ceux qui transgressent les règles. Jusqu’ici, les autorités ont noté la survenue d’une quinzaine d’incidents mineurs dans les centres de quarantaine et des sanctions ont été prises. S’agissant du protocole mis en place dans les hôtels pour accueillir les clients, un contrôle a été mis en place pour qu’il n’y ait aucune interaction avec la clientèle mauricienne. C’est pourquoi la MTPA procédera à un deuxième appel d’offres à la mi-octobre pour l’enregistrement d’autres hôtels. Ceux qui ont été de service durant le mois d’octobre pourront choisir soit d’accueillir les passagers qui arrivent à Maurice ou d’ouvrir leurs portes uniquement aux Mauriciens.

Le “passage benefits” des fonctionnaires utilisable pour régler les frais de quarantaine

Les fonctionnaires ayant un parent ou enfant qui doit rentrer à Maurice et est contraint de régler les frais exorbitants de la quarantaine payante obligatoire peuvent utiliser leur passage benefits à cet effet. Une décision du conseil des ministres, vendredi, visant à soulager les familles qui éprouvent des difficultés à régler ces frais. Quant aux Mauriciens stranded disposant d’un billet d’avion retour mais se retrouvant en situation de détresse financière pour payer les frais de quarantaine, leur cas sera étudié par le ministère des Affaires étrangères.

Charles Ng Tai Mu, d’Atom Travel : «Les agences des voyages ne pourront pas survivre sans l’aide du GM»

Si la reprise des vols commerciaux à Plaisance augure celle des activités touristiques, certains opérateurs restent sceptiques en ce qui concerne les voyages pour les Mauriciens. En effet, alors que cette période de l’année correspond aussi à celle des vacances de nombreux Mauriciens, au vu de la situation à l’internationale, les réservations de voyages se font très timides. C’est le constat que dresse Charles Ng Tai Mu d’Atom Travel. “Même avec l’ouverture des frontières, les Mauriciens n’ont pas beaucoup de choix où se rendre car les frontières d’autres pays sont fermées, ou encore, l’épidémie du coronavirus connaît une résurgence dans certains pays habituellement visités par les Mauriciens”, dit-il. Actuellement, il existe un engouement pour Rodrigues où les Mauriciens peuvent se rendre plus facilement. L’agence de voyage a enregistré une moyenne de 750 ventes de billets d’avion pour Rodrigues, ces trois derniers mois. D’ici la fin de l’année, cette moyenne passera à 1000, estime Atom Travel. Cependant si engouement il y a pour Rodrigues, les agences de voyage peinent à vendre d’autres destinations. “Avec la Covid qui fait des ravages dans les destinations habituelles comme l’Inde, l’Europe, Singapour, la Malaisie ou encore l’Afrique du sud, les Mauriciens ne veulent certainement pas mettre leur santé à risque”, estime Charles Ng Tai Mu. Les rares réservations enregistrées actuellement concernent principalement quelques étudiants qui doivent impérativement voyager pour leurs études ou encore des businessmen. Mais là encore, les réservations sont très rares, dit le directeur d’Atom Travel. Face à cette situation, ce pionnier des agences de voyage dit être, comme d’autres du secteur, “en difficultés financières” pour honorer les frais de l’entreprise. “Grâce à l’aide de l’État, nous avons pu sauvegarder les emplois, mais il est difficile de s’acquitter des frais de l’agence tels le loyer, l’électricité, les assurances “, explique-t-il. D’où son appel à l’État pour maintenir, jusqu’à une réelle reprise, le Wage Assistance Scheme aux opérateurs du secteur “pour nous aider à garder la tête hors de l’eau, quitte à ce que nous remboursions toute cette aide, une fois les affaires redevenues profitables.” Selon Charles Ng Tai Mu, les agences des voyage ne pourront pas survivre sans l’aide du gouvernement.

Commentant la réouverture des frontières et une reprise des activités hôtelières, Charles Ng Tai Mu est d’avis qu’il faut faire un constat quant à ce qui se passe dans les autres pays de la région en parallèle. “Les arrivées touristiques, que ce soit aux Seychelles , aux Maldives ou ailleurs, il y a eu une résurgence de la Covid, ne sont pas encourageantes à ce stade. Certes, ceux qui disent qu’il faut  rouvrir nos frontières ont leurs raisons, mais cela ne doit pas être au détriment de la santé publique”, dit-il.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -