Ritesh Ramphul : « L’histoire retiendra qui sont ceux qui ont su se sacrifier pour sauver le pays… »

« … et qui sont ceux qui vont aider le MSM à détruire notre pays davantage »

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Cette semaine, Week-End est allé à la rencontre du secrétaire général du PTr, Ritesh Ramphul, pour en savoir plus sur la crise qui a secoué l’alliance de l’opposition cette semaine, surtout pour ce qui est de la répartition des tickets. Si la crise est actée, Ritesh Ramphul fait un appel au sens du devoir vis-à-vis du pays et à l’esprit de sacrifice nécessaire pour le sauver. Il souhaite que tout rentre dans l’ordre d’ici à la fin de la semaine au sein de l’alliance pour que le 1er Mai soit un succès, mais il appelle déjà au devoir de sacrifice lorsque l’heure de l’annonce des candidatures va sonner…

Ritesh Ramphul, ces dernières années, vous avez gravi les échelons au sein du PTr en devenant secrétaire général, au point aujourd’hui d’être vu comme un successeur potentiel de Navin Ramgoolam à la tête du PTr. Quelle est votre vision ?

Premièrement, seul l’avenir nous dira si je serais serai un jour le successeur de Navin Ramgoolam ou pas. Ce choix ne repose pas sur ma volonté seulement, mais aussi sur celle du bureau politique du PTr, des membres de l’exécutif, et bien entendu, du leader du parti. Pour le moment, la question ne se pose pas. Simplement parce que Navin Ramgoolam est notre leader, le leader de l’Alliance de l’opposition, et nous allons aux élections avec Navin Ramgoolam comme le futur Premier ministre.

Quoi qu’il en soit, vous êtes plutôt discret pour le destin qu’on vous trace. Est-ce seulement votre naturel ou une stratégie de respect pour vos aînés afin de ne froisser personne ?
Peut-être les deux. Je suis de nature discrète dans mon approche. Je fais très attention à mes actions et à ce que je dis. Et bien sûr, il faut être réaliste, nous avons des aînés dans la politique, dans le parti, et nous leur devons le respect. En outre, en tant que secrétaire général, j’ai mon rôle… Arvin Boolell est le chef de file des parlementaires et Patrick Assirvaden est le président du parti. C’est tout à fait normal qu’ils soient visibles. J’assume pleinement mon rôle de secrétaire général. Et je fais mon travail discrètement en collaboration avec les autres… Le reste n’est que perception !

Venons-en à l’actualité politique qui est entrée de plain-pied en phase préélectorale. Quand pensez-vous qu’elles auront lieu ? Qu’attend, d’après vous, le PM Pravind Jugnauth pour les fixer ?
Je pense sincèrement que les élections ne vont pas tarder. Elles sont imminentes. On voit déjà quelques mesures populistes qui sont annoncées par Pravind Jugnauth et son gouvernement. Et ce n’est pas pour rien. Ce n’est pas par hasard. Le PM a ses stratégies propres à lui, mais nous nous tenons prêts.

Justement, alors que les élections sont imminentes, du côté de l’opposition c’est l’instabilité…
Je ne souhaite pas entrer dans les détails par rapport aux candidatures et les désaccords sur les tickets. Il y a, au moment où je vous parle, des pourparlers entre les leaders. Mais ce que je voudrais faire ressortir, c’est que la volonté d’un bon nombre de Mauriciens, c’est que cette alliance de l’opposition, avec le PTr, le MMM et le PMSD, se maintienne. Le Dr Ramgoolam a fait de son mieux pour que cette alliance se concrétise, car avoir le PTr, le PMSD et le MMM ensemble dans une alliance, ce n’est pas évident, elle est imbattable. Et le MSM le sait.

Où est-ce que ça cloche ?
Dans chaque parti, il y a des sacrifices à faire, que ce soit par exemple pour le nombre de tickets, les placements des candidats, etc. Pour moi, il faut retenir ce qu’on apprend de l’histoire. En 1968, après l’indépendance, deux grands hommes, sir Seewoosagur Ramgoolam et sir Gaëtan Duval, ont sacrifié leurs intérêts personnels. Ils se sont unis dans l’intérêt du pays afin d’assurer une stabilité et relancer le développement économique. Aujourd’hui, le pays est divisé. Et encore une fois, le pays souffre. Et l’histoire retiendra qui sont ceux qui vont se sacrifier pour sauver le pays et qui sont ceux qui vont aider le MSM à détruire notre pays davantage.

Le public a le droit à la vérité. Qu’elle en est le vrai problème ? Y a-t-il une solution viable pour aplanir la situation qualifiée de brûlante par Xavier Duval et Reza Uteem, alors que votre leader martèle, « Pa tiket ki konte ! Pei ki konte ! »

Je suis parfaitement d’accord avec Navin Ramgoolam. C’est ce que je viens de dire lorsque j’ai fait référence au passé. Les grands hommes politiques se sont sacrifiés pour l’avenir du pays. Là encore, nous faisons face à notre destin, nous avons devant nous l’avenir de nos jeunes, il y a énormément de défis à relever. La question à se poser : est-ce qu’on va redonner le pouvoir à un MSM qui a détruit le pays depuis 2014 ? Si je dresse la liste des frasques du MSM, nous en avons pour des heures et des heures. Cette semaine-ci déjà, le rapport de l’Audit montre le gaspillage d’argent, et cela se répète d’année en année. Aujourd’hui, le problème de la drogue est national, la drogue se vend dans chaque coin du pays, même dans les écoles. Il y a la cherté de la vie. Une économie qui se base principalement sur l’inflation, sur la dépréciation de la roupie…

Il y a aussi le breakdown du law & order, on entend tous les jours des crimes plus atroces les uns que les autres. Le système d’éducation avec l’Extended Programme est un échec lamentable. On témoigne partout de l’absence de méritocratie, et les jeunes quittent le pays en grand nombre pour aller chercher ailleurs. Il y a aussi les conflits institutionnels sans précédent entre le CP et le DPP, une politique de division de la part du gouvernement, et bien sûr il y a ce sentiment de frayeur au sein de la population… Alors, je demande aux gens : est-ce que c’est cela que vous voulez voir continuer ? Vous voulez donner du sérum au MSM pour que ça continue ? C’est pourquoi je dis que pour sauver le pays, il faut mettre de côté nos ego. Ce n’est pas le nombre de tickets qui nous intéresse, c’est de sauver le pays, changer le système, avoir en place un régime qui va aider à développer le pays.

Vous n’êtes pas sans savoir que ce qui apparaît comme étant un “signe d’instabilité” souvent décrié par le gouvernement et le MSM et, redouté par la population, apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que l’alliance de l’opposition ne pourra gouverner sereinement. Qu’avez-vous à dire pour rassurer vos partisans… et capter les indécis ?
Cela fait partie du système démocratique. C’est normal qu’il y ait des discussions sur les tickets, etc. Ce que le MSM pense ne nous concerne pas. Évidemment, ils vont faire leur politique de la démagogie comme ils l’ont fait dans le passé et continuent de le faire. Mais nous nous restons focus. Le PTr est la locomotive de cette alliance, et nous allons tout faire pour la maintenir dans l’intérêt du pays.

La capacité de l’opposition de faire bloc ou pas pèsera sur le rendez-vous du 1er mai, alors que l’alliance gouvernementale ne lésinera pas sur les moyens pour gagner la bataille des foules. Serez-vous prêts et convaincants pour mobiliser vos troupes dans les conditions actuelles ?
Je souhaite qu’à la fin de cette semaine-ci, cette affaire soit résolue pour qu’on puisse se concentrer sur la mobilisation pour le 1er mai. D’ailleurs, on a déjà eu des rencontres entre les différents dirigeants de chaque parti et on a établi un calendrier de travail. Nous allons avoir des réunions dans chaque circonscription à travers l’île pour mobiliser nos troupes pour le 1er mai. À partir de la semaine prochaine, après les deux fêtes, l’alliance, quelle qu’elle soit, sera omniprésente sur le terrain. Mais déjà au niveau du PTr, on a commencé la mobilisation.

Vous avez dans le passé exprimé vos préoccupations concernant l’utilisation croissante du communautarisme et du sectarisme par les partis politiques, en particulier pendant les périodes électorales. Craignez-vous qu’ils soient exacerbés au cours de la campagne et les élections à venir ?
Bien sûr. C’est cela le moteur du MSM. Ça a été le cas dans le passé et le MSM continue à diviser la population avec le communautarisme. Et c’est ça le danger pour le pays. Chaque Mauricien doit comprendre qu’on est dans un petit pays, dans un seul bateau et qu’il faut vivre ensemble. Nous ne devons pas nous laisser diviser par ces prophètes de malheur. Ils, surtout les jeunes, doivent changer cette mentalité lors des élections en choisissant les candidats en fonction de leur capacité à contribuer au développement du pays, plutôt que sur la base de faveurs communautaires ou de cadeaux reçus à l’occasion des fêtes religieuses ou des élections.

On imagine qu’il y a eu au bureau politique du PTr des discussions par rapport à la répartition des tickets en interne. C’est un exercice sans doute difficile et complexe… Vous-même, serez-vous candidat au N°12 ?
Certainement, je serai candidat au N°12.

Comment est-ce qu’on deal pour pouvoir satisfaire les ambitions des uns et en même temps ménager les ego des autres dans un aussi grand parti que le PTr quand on va aux élections générales ?
Nous avons une liste énorme de membres talentueux et compétents qui souhaiteraient être candidats. Beaucoup d’entre eux, malheureusement, vont devoir se sacrifier. Certainement à d’autres niveaux dans d’autres postes de responsabilité, il y aura de la place pour aider le parti et aider le pays. Mais il y aura des sacrifiés. Et je vais faire un appel à ces membres, à ces personnes de bonne volonté, de comprendre la situation et d’aider le parti.

Justement, on dit que l’attribution des tickets et des circonscriptions est une décision qui revient au leader, uniquement…
Il faut qu’il y ait une personne qui décide, non ? Mais ne comparez pas le PTr au MSM, s’il vous plaît. Le MSM est un parti familial, un parti sectaire. Au PTr, nous avons des discussions et je vous invite un jour à être présent pendant la réunion des exécutifs. Tous les membres ont droit à la parole et peuvent poser n’importe quelle question sur les tickets, sur le leadership, sur n’importe quoi. Mais au final, la décision doit être prise. Il faut qu’il y ait quelqu’un qui prenne la décision après une meilleure réflexion. Le leader c’est celui qui a tous les renseignements sur le terrain et qui sait qui est ticketable ou pas, où placer quel candidat, etc.

Que pensez-vous du réenregistrement imposé de la carte SIM, au risque pour ceux qui ne le font pas d’être déconnectés du réseau téléphonique ?
Ce n’est pas normal du tout. C’est une entrave à la vie privée des Mauriciens. Un gouvernement respectable et respectueux aurait dû renvoyer le réenregistrement des SIM Cards en attendant une décision de la Cour. Au contraire, ils sont en train de faire pression sur la population pour le faire. Il y a l’instauration d’un climat de frayeur, c’est l’autocratie qui règne malheureusement sous ce gouvernement. Et c’est cela qu’il faut combattre.

Le mot de la fin ?
Je vais faire un appel à tous les dirigeants, surtout de l’opposition, bien sûr, les extraparlementaires et à la population dans son ensemble pour faire en sorte qu’on puisse se regrouper afin de sauver le pays. Le jour est venu pour que toute l’opposition se regroupe pour faire bloc et faire partir un gouvernement autocrate qui va détruire l’avenir de nos enfants. Mon message à tous est un message de rassemblement.

« Le jour est venu pour que toute l’opposition se regroupe pour faire bloc et faire partir un gouvernement autocrate qui va détruire l’avenir de nos jeunes »

« Le PTr est la locomotive de cette alliance, et nous allons tout faire pour la maintenir dans l’intérêt du pays »

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