Scandales

Probablement pétris de colère et peut-être pour rire aussi, des détracteurs du MSM ont depuis longtemps rebaptisé le parti qui célébrera ses 40 ans le 8 avril 2023 comme le Mouvement Scandales Mauricien. Et c’était bien trouvé. Parce qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouveau scandale ne vienne éclabousser le Premier ministre, ses ministres ou son entourage immédiat.

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Si, avec tout ça et le nombre incalculable de casseroles collectionnées, il s’accroche encore à son poste et qu’il continue à couvrir les filous qui sont à sa botte, c’est qu’il n’y a pas depuis 2014 une seule institution qui fonctionne correctement et de manière strictement indépendante qui soit capable de le sanctionner et de mettre au pas les mignons qu’il protège.

Le dossier de « sniffing » en panne sèche parce que la police ne sait plus sur quel pied danser, voilà que Pravind Jugnauth annonce un audit sur les contrats passés par Mauritius Telecom sous la direction de Sherry Singh. Et si ce monsieur était encore aujourd’hui dans sa petite cuisine, aurait-il commandité des rapports d’audit sur les transactions de MT?

Des dénonciations, il y en a eu, des questions parlementaires ont aussi été posées sur certaines décisions prises par MT, mais le Premier ministre avait choisi de protéger son poulain envers et contre tout et esquiver toutes les interrogations sur la gestion de l’opérateur historique de la téléphonie mauricienne. Et c’est maintenant qu’il vient parler d’audit.

Des rapports de l’audit, il y en d’ailleurs chaque année et ils sont toujours un peu plus accablants sur les irrégularités commises par son gouvernement, ses ministres et des fonctionnaires, les achats Covid et son lot de Pack and Blister et de Molnupiravir étant les parfaites illustrations du pillage des ressources financières publiques.

Et quelles conséquences en tire-t-il? Niet, jusqu’au prochain rapport, si ce n’est un comité – un énième – pour faire semblant d’agir, alors que tout le monde sait que ce n’est que de la poudre aux yeux. Aussi, lorsqu’il nous parle d’audit, on est en droit de rigoler. Ces exercices ne deviennent utiles que lorsque ses desseins politiques et ses pulsions monarchiques de tout contrôler sont subitement contrariés.

Mais moins marrant est le tout dernier dossier à mettre au compte du Mouvement Scandales Mauricien, celui impliquant son conseiller installé en dépit de la méritocratie à la tête d’Airports Holdings. Un agent politique rétribué des fonds publics qui traficote une correspondance et qui la remet à son patron qui s’en sert comme levier pour instruire une enquête sur une Présidente de la République ! Gravissime, non ?

Ken Arian, l’expert en Wakashio qui avait pris une grosse déculottée face au connaisseur Alain Malherbe, est celui dont une seule balade aux États-Unis et qui avait dénoncé un vrai faux profil – décidément ! – de son patron sur Twitter est, rappelons-le, celui dont une seule balade aux États-Unis a coûté bien plus que la somme totale des récompenses offertes à nos braves médaillés des Jeux du Commonwealth présentées comme des cadeaux exceptionnels !

Dans un autre pays, ce conseiller et son PM, qu’il soit victime de sa confiance aveugle en un de ses laquais ou complice d’un acte aussi répréhensible, auraient déjà rendu leur tablier. Enfin, pas celui que Ken Arian partage avec ses frères Sanjiv Ramdanee, Maneesh Gobin ou Zouberr Joomaye, pour ne citer que quelques uns de ses acolytes.

Pour moins que ça et rien que pour avoir enfreint les règles de la quarantaine et du confinement, Boris Johnson, son ancien ministre de la Santé, Matt Hancock de même que son conseiller Dominic Cummins ont quitté leur poste. Mais à Maurice, il semble que les hommes qui ont encore un peu d’honneur, de dignité et de principes sont à chercher avec une grosse loupe.

Pourquoi une lettre pour incriminer la Présidente de la République ? Et cette fameuse missive a connu un sort pour le moins mystérieux, si ce n’est suspect. Elle a été mentionnée à une conférence de presse où le PM était très emphatique quant au sérieux de son contenu et elle a même été évoquée à l’Assemblée Nationale.

Sauf que la promesse de remettre une copie de ladite lettre « anonyme » portait la signature manuscrite de son conseiller en chef, au leader de l’opposition, Xavier Duval. Ce dernier ne l’a jamais reçue. Ce qui est déjà un mensonge consommé, mais aujourd’hui, on peut comprendre que cette correspondance n’a connu qu’une circulation restreinte et qu’elle a été envoyée seulement à l’ICAC qui n’a rien fait.

Imaginons que déjà, des petits malins s’étaient amusés à identifier l’auteur des ratures sur la lettre « anonyme »  et l’inscription « copy leader of the opposition ». Cela aurait, sans doute, conduit à l’incroyable combine concoctée dans Lakwizinn.

Dans l’affaire Sobrinho, il y a deux aspects distincts. Celui des dérives irréfutables de l’ancienne Présidente, puis celui de la lettre « anonyme » qui révèle le type de fabrications malsaines dont sont capables les proches collaborateurs du PM.

Tout cela renvoit à d’autres mystères non élucidés comme le meurtre de Soopramanien Kistnen, un proche des Arian, des habitants de la région de St Pierre et aux « suicides » de plusieurs fonctionnaires liés aux « procurement ».

On pense ici à Ken Kanakiah, à celui qui s’est défenestré d’un bâtiment de la Chaussée, à la dame du PMO qui s’est « pendue » à la poignée d’une armoire. D’autres pourraient aussi ajouter la disparition aussi subite que surprenante d’Alan Govinden, celui qui avait initialement payé pour le terrain d’Angus Road.

Tout cela fait que le leader du MSM est très mal placé pour parler d’une mafia à laquelle se serait jointe la presse pour causer sa perte. Il le fait tellement bien tout seul, aidé vaillamment par son choix très avisé de collaborateurs.

Et on ne sait pas s’il a des conseillers qui l’initient à l’humour, mais là aussi, ça semble raté et de mauvais goût. Qui s’est amusé à Triolet, vendredi, lorsqu’il a cru bon de citer les noms de deux journalistes en les accolant du qualificatif de « saheb » ? Lui seul, sans doute !

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