Station St Jean

— C’est un mari scandale je te dis !

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—Ça je suis d’accord avec toi : des repas cuits avec des légumes gâtés qu’on donne aux malades dans les hôpitaux !

— C’est pas ça ! C’est pire que ça !

— Pire que ça ? Tu veux sans doute parler de ces gros rats — gros comme de petits chats, a dit un député de l’opposition — qui grimpent dans les lits des malades et parfois les mordent.

— C’est pire que ça encore, je te dis.

— Qu’est-ce qui peut être pire que dans les hôpitaux on ne respecte pas les règles d’hygiène ?!

— Tu n’es pas au courant alors ?

— Mais de quoi ?

— Mais du fait que… Dis-moi un coup : tu as des proches qui sont enterrés au cimetière St Jean, non ?

— Mais oui, presque toute la famille est là-bas même. D’ailleurs, ils ne sont pas loin de la tombe de Gaë-Gaë. Tu sais qu’il a fait écrire sur sa tombe une affaire comme : Je ne suis pas mort, je fais semblant ?

— Hey ben, dis-toi que depuis quelques jours, lui et les autres ils sont tous en train de faire la planche.

— Ils sont quoi… J’ai pas bien compris. Qu’est-ce que tu as dit…

— Je suis en train de te dire que les locataires de St Jean sont en train de faire la planche, la natation, quoi !

— Mais enfin, un peu de respect toi ! Tu es en train de parler des morts ! On ne peut faire des jokes comme ça !

— Ce n’est pas un joke. C’est ce qui est en train de se passer au cimetière St Jean. Ça même je suis en train de te dire que c’est un mari scandale !

— Je ne comprends toujours pas. Qu’est-ce qui s’est passé comme ça là-bas pour t’énerver comme ça ?

— Je ne suis pas énervée, je suis scandalisé.

— Mais explique-moi pourquoi tu es scandalisée, foutour va !

— Tu ne sais pas que le cimetière St Jean est fermé ?

— Pourquoi ? Il y a des travaux de rénovation ?

— Il est fermé parce qu’il a été complètement inondé avec les pluies torrentielles.

— Ah bon ? Je sais que quand il y a des grosses pluies il y a un bassin près du cimetière parce que ça fait comme une cuvette… D’ailleurs, une fois, il y avait eu un bus qui a été bloqué là-bas.

— Cette fois-ci le cimetière a été totalement inondé.

— Comme ça il y a eu de grosses pluies à Quatre-Bornes ?

— Il y a eu beaucoup de pluie, mais il y a surtout le fait qu’il n’y a plus de drains dans cette région de Quatre-Bornes.

— Mais pourquoi il n’y a plus de drains là-bas ?

— Parce que pour construire la ligne de métro, qui passe à côté, on a fait boucher tous les drains.

— C’est pas possible, toi !

— Tout était possible pour faire construire le métro. Tu n’as pas vu ce qu’on a fait de la route Royale ?

— Oui toi, sur une route avec deux lanes, on a ajouté un troisième lane au milieu pour faire passer le métro. Ce métro devait régler le problème des embouteillages. À Quatre-Bornes aujourd’hui avec le métro, l’embouteillage est maintenant permanent !

— Hey ben, en même temps qu’on a fait ça, on a bouché les drains pour faire passer le fameux métro. Plus précisément dans les environs de la station St Jean !

— Ils n’ont pas fait ça, tout de même ?!

— Ils l’ont fait, et cette semaine avec les grosses pluies, une partie du mur de St Jean a cédé et le cimetière a été inondé.

— Comment c’est possible toi ?

— Une fois de plus, on paye l’amateurisme qui est devenue une caractéristique de Maurice, plus particulièrement de ses soi-disant décideurs responsables.

— Sorry bonne-femme, tu me fais avoir mal à la tête avec tes grands mots-là. Explique-moi l’affaire simplement, s’il te plaît.

— Je te dis que les autorités lancent de grands projets sans étudier leurs conséquences et leurs répercussions. Après, ce sont les Mauriciens qui payent les pots cassés.

— C’est vrai que c’est scandaleux que l’on ait pu boucher des drains sans penser aux conséquences. Est-ce qu’on ne fait pas des études avant d’accorder des permis de construction dans ce pays ?

— On dirait que pour construire le métro, tous les permis ont été obtenus en temps record. Résultat : le cimetière St Jean est inondé et fermé, mais heureusement, les tombes en ciment des « locataires » ont ralenti la pression de l’eau. Sinon, les murs du cimetière auraient été emportés et toutes les maisons des alentours, situées dans un quartier résidentiel, auraient été inondées.

— Sans faire de joke macabre, on pourrait dire que les morts ont protégé les vivants.

— Pour cette fois.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que s’il y a d’autres pluies torrentielles, comme le prévoit la météo pour la saison, on ne sait ce qui pourrait se passer dans les environs de St Jean.

— Il n’y a qu’une chose à faire dans ce cas !

— Quoi ?

— Faire déboucher d’urgence les drains qu’on a fait boucher pour construire la ligne de métro dans les environs de la station St Jean !

J.-C.A.

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