Sur le terrain de l’incompétence

Sao Tomé-et-Principe, l’un des pays les plus pauvres de la planète, avait éliminé le Club M lors des préliminaires de la Coupe d’Afrique des nations de 2021. Elle avait failli en faire autant, trois ans plus tard, mais avait été disqualifié en dépit d’une victoire et d’un nul suivant une protestation de la Mauritius Football Association (MFA). À l’époque, le test PCR présenté par un joueur adverse avait été contesté.
Aujourd’hui, c’est le Tchad qui a botté le Club M hors de la compétition. La similitude entre ces deux sélections : elles sont considérées comme des « sans domicile fixe » du football africain dans la mesure où elles ne disposent pas de stade homologué par la Fédération internationale de football association (FIFA), les forçant ainsi à jouer à l’étranger en compétition officielle !
Contrairement à Maurice qui peut, elle, se vanter d’avoir une pelouse de première classe, comparée à celle du stade Bernabeu (Espagne), là où évolue le grand Real Madrid. Qui plus est, le home ground du Club M se trouve dans un cadre « Cinq Etoiles », même si le stade de Côte d’Or ne peut, pour l’heure, accueillir pas plus de 4 000 spectateurs.
Comment donc, dans ces circonstances, n’arrive-t-on toujours pas à passer le cap des préliminaires de la CAN ? 50 ans après la fabuleuse épopée de la bande à feu Mamade Elahee qui s’était, elle, retrouvée au Caire (Égypte) pour la phase finale de 1974. Chapeau messieurs.
À l’époque, les moyens étaient rudimentaires, mais on avait un coeur gros comme ça ! On ne comprend d’ailleurs toujours pas pourquoi l’exploit réalisé par ces valeureux soldats n’a pas été reconnu à sa juste valeur par la République. Peut-être un jour quand ils ne seront tous plus de ce monde. Qui sait ?
Cependant, qu’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas la faute à la jeune génération si elle peine cruellement à s’affirmer sur le continent. L’amour du maillot, il y est toujours comme démontré par ceux qui étaient sur le terrain mardi soir à Côte d’Or, notamment ces expatriés avides à aider ce football à se retrouver.
En revanche, — et comme nous l’avons toujours déploré —, c’est l’absence évidente d’une structure qui fait défaut. En a-t-on vraiment une à Trianon ? Pas forcément, car au cas contraire, on ne serait pas là à décrier cette situation occasionnée, entre autres, par ceux qui ont pris en main la destinée du sport roi depuis plusieurs années !
Sinon, comment expliquer toutes ces humiliations subies en dépit d’un budget faramineux, contrairement aux fédérations qui, malheureusement, doivent mendier chaque année après les miettes laissées par le gouvernement via le ministère des Sports. Ce qui ne les empêche pourtant pas d’être performantes à l’étranger. Cette poignée de bosseurs saura se reconnaître, contrairement à ceux qui, comme à la MFA, vont à contre-sens du progrès.
Du reste, après les multiples déboires du Club M en Afrique comme dans l’océan Indien, on ne peut s’empêcher de se poser ces questions : Qui définit la politique technique à Trianon ? Qui est responsable du programme de formation ? Le football, selon la MFA, repose-t-il au moins sur un organigramme comme cela doit l’être ? De quoi discute-t-on à longueur de journée à la MFA, voire pendant ces nombreuses années ?
Ce qui est certain, en revanche, c’est que les millions de roupies dont on dispose donne le tournis, non seulement celles données par la FIFA et la Confédération africaine de football, mais aussi par l’État mauricien. Ce qui nous pousse à nous demander si, au moins, des résultats sont exigés en retour.
Est-il aussi normal que l’État dépense notre argent comme bon lui semble et sans aucune garantie à une association qui fait toujours fi de notre cadre légal ? Alors que, pourtant, plusieurs millions de roupies, lui sont grassement offertes chaque année, sans pour autant qu’on exige un contrôle rigoureux susceptible de respecter les principes de la bonne gouvernance.
Pour combien de temps, la MFA continuera-t-elle à manoeuvrer dans l’opacité ? Le plus inquiétant, au delà de l’inaction du gouvernement, c’est ce silence de la FIFA. Comment peut-elle cautionner, pour “the beauty of the game”, une association qui peine pourtant à être crédible ? Du reste, qu’a-t-elle réellement fait pour assainir la situation, une année après avoir sauvé ce même comité directeur d’une suspension du gouvernement ?
Tout l’or du monde ne suffira au football mauricien pour qu’il retrouve la place qui était jadis sienne. La compétence, la volonté et la transparence ne s’achètent pas, mais demeurent une vertu. Et ça, malheureusement, ni la MFA, ni la FIFA et encore moins le gouvernement ne semble l’avoir compris !

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