Un fusible a sauté

Il y a comme un fusible qui a sauté non? Pour reprendre une bonne vieille expression kreol. Oui, il semble bien ki « fisib ine sote » du côté de la majorité avec la tournure qu’ont pris les événements autour du 1 er mai.
Avec une préparation datant de plusieurs semaines, une confiscation politicienne de l’Assemblée Nationale, la succession de cérémonies de « koup riban » qui furent autant de meetings partisans, leurs moyens financiers illimités, leur logistique inépuisable, l’appareil de l’Etat dont ils abusent sans vergogne et la MBC qu’ils utilisent de manière indécente, les membres du gouvernement pensaient qu’ils allaient casser la baraque et réaliser un « walk-over ».
Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu et les voilà comme déboussolés, sonnés et perdus dans leurs propres contradictions. A l’approche de l’événement, ils ont toutefois senti que, bien que l’opposition n’ait eu que quelques jours seulement pour se préparer après le faux-bond fait à ses partenaires par le PMSD, elle allait leur damer le pion et peut-être les dépasser.
C’est ainsi qu’avec des décisions de dernière minute qui trahissent rien d’autre que de la panique, ils ont cru pouvoir freiner l’élan de leurs adversaires directs en paralysant le métro, le temps des rassemblements, en monopolisant les bus, même s’ils ne sont pas remplis et en décidant que les drones se devaient pas être de sortie à Port-Louis.
Or, ce genre de manoeuvres à la veille d’un rendez-vous produit exactement le résultat contraire. C’est une ultime provocation qui a eu pour effet de faire davantage se déplacer les partisans de l’alliance PTr/MMM/ND et la population citadine déjà bien remontée contre le renvoi des municipales qui n’ont pas été tenus depuis bientôt dix ans.
Fisib sote. Oui, parce qu’ils doivent décider à mettre un peu d’ordre dans leurs chiffres concernant l’assistance à Vacoas. Dans les additions des uns et les soustractions des autres, plus personne ne se retrouve à commencer par leurs propres partisans.
Quant au contenu, on a honte. Pour notre démocratie, pour nos moeurs politiques que l’on osait croire adultes et responsables. A Vacoas, c’était tout simplement lamentable. Toutes les « réponses » aux questions des journalistes se sont transformées en prestation violente, vulgaire et très personnelle en ce jour de fête des travailleurs, confisquée certes mais qui aurait dû être un rendez-vous sérieux pour évoquer les problèmes les plus urgents du pays, l’économie, le pouvoir d’achat, l’endettement, les inondations, le law and order, pour ne citer que quelques dossiers qui préoccupent les mauriciens.
Rien de tout çà, que la hargne habituelle et des attaques en règle contre Navin Ramgoolam et une nouvelle allusion, d’une rare mesquinerie et d’une inqualifiable bassesse sur l’épisode de sa maladie et Sherry Singh, qui était comme le véritable invité surprise de ce rassemblement. Et, pour parachever la triste spectacle, une allusion inattendue à son épouse qui, selon lui, ferait « trembler ». Qui, quand, pourquoi, on n’en sait rien…Voilà l’agenda du 1 er mai du leader du MSM mais qui est aussi le Premier ministre de ce pays.
Sinon, comme tous les ans, c’est la parade des nouveaux venus et aspirants candidats, installés dans un coin abusivement décrit comme le « carré VIP ». Quels VIPs? Afzal Goodur, bien trop pompé par les médias et qui se croyait chercheur à la NASA ou ailleurs pour faire des prévisions météorologiques à la place de vrais scientifiques. Le pauvre fils Guimbeau qui s’est ridiculisé avec ses déclarations approximatives et, l’autre fils, celui de Dayal, qui a déjà bénéficié de nominations ici et là du temps où papi était au gouvernement!
VIP? Vraiment? Des promoteurs affamés plutôt qui ont projets immobiliers à faire matérialiser et qui ont besoin de montrer patte blanche pour décrocher les permis. Une année, c’était Nilen Vencadasmy, qui a préféré prendre ses distances, une autre, c’était Avinash Manohur, des « vedettes » éphémères qui ont disparu aussi vite qu’ils ont été exhibés comme des trophées sur l’estrade du MSM.
La version 2024 a aussi vu le carré des « revenants », à l’instar du révoqué Vikram Hurdoyal qui a épongé les larmes abondamment versées après avoir reçu un coup de pied du Premier ministre en son absence du pays. N’allez pas essayer de comprendre ce mauvais vaudeville et tout ce cirque. On est comme dans la mafia, c’est le silence qui parle, « je te tiens, tu me tiens » on est quitte et on se tient à carreau.
A Port-Louis, c’était heureusement une autre paire de manches avec des partisans qui ont assuré le spectacle surtout ceux qui étaient munis de leurs pancartes et autres structures humoristiques dénonçant, par exemple, le Stag Party, les ballades à cheval et les bouteilles de whisky. Mais c’était aussi plus sérieux.
Aucune acrimonie ni attaques personnelles mais plutôt le programme et les 20 premières mesures qu’il contient. Celles-ci ont aussi provoqué un choc dans le camp gouvernemental. Lorsque ce sont eux qui sont annonciateurs de quelques bonnes nouvelles pour la population, ils le mettent sur le compte de leur grand engagement social. Par contre, lorsque c’est l’opposition qui énonce des mesures visant à la soulager, c’est subitement « farfelu ».
La question du financement des mesures annoncées par l’opposition s’est légitimement posée. Oui tout cela a un coût mais l’argent des contribuables, parce que c’est de ça qu’il s’agit, doit être utilisé à bon escient et redistribué de manière équitable. Il n’y a qu’à parcourir les rapports du directeur de l’audit pour constater comment des milliards sont siphonnés et faire l’historique des Rs 27 milliards engloutis dans les décisions mal inspirées sur la BAI, Betamax et Patel Engineering pour voir comment financer les mesures sociales.
Là, il est peut-être déjà un peu tard, mais le gouvernent n’a pas trop le choix, il va devoir faire preuve de beaucoup d’imagination pour proposer encore mieux dans le prochain budget que la réclame diffusée le 1 er mai par l’opposition.

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