Paradoxalement, c’est en essayant de détruire l’alliance des partis de l’opposition parlementaire que le leader du PMSD lui a donné un coup de fouet et l’a fait sortir de son sommeil. En effet, depuis des mois que l’alliance rouge mauve bleu a commencé à essayer de se mettre en place, à une allure de tortue, rien ou pas grand-chose ne se passait. Bien sûr, il y a eu les meetings congrès, l’unique activité sur le terrain, mais leur succès médiatique a été plus le fait des efforts du gouvernement pour essayer de les saboter – en utilisant sans vergogne les institutions d’État – que grâce à leur organisation. À tel point qu’il a suffi d’un peu de mauvais temps pour que le dernier de la série soit renvoyé, avant d’être oublié. Les politiciens de l’alliance en devenir avaient adopté le protocole des écoliers et collégiens : se brancher sur la météo et ne pas bouger de chez eux à la moindre alerte de veille de pluie. Pendant des semaines et des mois, la principale activité de l’alliance en gestation a été la réunion des chefs – quand Xavier Luc Duval était au pays. Une réunion au sommet suivie d’une conférence de presse au cours de laquelle il était annoncé que les négociations avançaient, étaient sur la bonne voie. Elles avaient tellement avancé que plus de neuf mois après, les leaders étaient toujours en négociation mais ne pouvaient en révéler le teneur, ni donner des indications sur le programme gouvernemental « parski bann la – entendez le MSM et ses alliés – pou gore lor nous ! » Lequel programme gouvernemental, qui devait être le socle de l’alliance, son manifeste pour le changement, devait être rédigé par un comité présidé par XLD, comité qui, on vient de l’apprendre, ne s’est pas réuni une seule fois !
Mais fort heureusement pour l’alliance, XLD, après avoir envoyé son fils dire qu’il n’était pas satisfait de ce qu’il avait déjà accepté, s’en est allé. Depuis, on attend toujours une explication sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’alliance en sabordant son PMSD qui, parti de pas grand-chose en termes de force sur le terrain, est aujourd’hui réduit à une peau de chagrin avec un duo papa piti et quelques rares fidèles. Le départ de Xavier Luc Duval a, donc, donné un coup de fouet au reste de l’alliance. Avant, au temps des négociations interminables, sa principale activité consistait en une conférence de presse des leaders annonçant et répétant que marké gardé, l’alliance pou balié karo. Depuis qu’ils sont deux au lieu de trois, le PTr et le MMM semblent avoir repris du poil de la bête politique. Non seulement il y a huit tickets supplémentaires à se partager, mais il y a aussi le meeting du Premier Mai à organiser. Une organisation qui n’avait pas encore commencé à quatre semaines de l’évènement, alors que la campagne de mobilisation du MSM battait son plein. Depuis son réveil, l’alliance semble se rappeler comment on organise un meeting du Premier Mai. Les réunions de mobilisation se multiplient, les drapeaux mauves et rouges brandis, les affiches et banderoles des mêmes couleurs collées. Pas mal d’entre elles sont déchirées, mais cela fait partie du folklore. Tout comme la guerre de location des autobus. Tous ces partis, y compris le MSM, qui affirment reposer sur la ferveur de leurs militants, se battent pour louer des autobus pour les transporter au lieu du meeting. Sans compter le pack bryani/boisson/ ou jus, tandis que selon les dernières nouvelles, le fort et le cash ne seront fournis qu’au retour. Pour éviter que de faux partisans utilisent les autobus et tout ce qui va avec, pour se payer une balade, pas pour aller grossir la foule aux meetings.
Avec la proximité annoncée, mais pas confirmée, d’élections générales anticipées, les meetings du 1er Mai prennent une nouvelle dimension. Il s’agit pour les aspirants candidats de deux camps de se montrer, surtout des leaders distributeurs de tickets. De grandes opérations/ négociations sont en cours pour décrocher une place sur l’estrade ou, au pis-aller, au premier rang de la foule, dans un endroit stratégique où se faire voir du leader et des membres en vue de son parti, mais aussi des journalistes pour augmenter son bargaining power. Au niveau des discours, le départ de XLD a aussi stimulé le reste de l’alliance. C’est ainsi que l’on a appris que 80% des tickets ont été déjà attribués et que 20 des mesures phares du PTr/MMM – le nouveau nom du programme gouvernemental rouge, mauve, bleu – seront rendus public. Objectivement, le départ de Xavier Luc Duval a donné du stamina à l’alliance en l’obligeant à rattraper son retard et à retrouver le sens de l’initiative politique, perdue par des mois de négociations. Quelque part, les leaders du PTr et du MMM devraient remercier celui du PMSD de son coup de jarnac en lui disant : Merci Zaza !
Jean-Claude Antoine
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