La pêche thonière : Maurice en eaux troubles !

Sur les 10, 500 tonnes alloués par la CTOI au pays pour 2023, seulement 5500 tonnes ont été capturées à septembre !

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La CTOI envisagerait  de revoir à la baisse ses quotas pour Maurice en 2024 ou 2025…

La collusion entre un opérateur espagnol et un certain « Marsan Pwason » est-elle à l’origine de cette gabegie ? 

Un acteur majeur français de la pêche thonière, opérant à Maurice depuis 15 ans, se retrouve dans une situation compliquée, comme l’a mentionné le leader de l’opposition, Xavier Duval,  lors de son intervention, au Parlement, mardi, sur le « Fisheries Bill ». Week-End est en présence d’autres informations troublantes qui ont pour toile de fond, le traitement de faveur dont bénéficierait un de ses concurrents , un opérateur espagnol,  dans l’octroi de permis et de licence,  par le  ministère de tutelle, effectués à  partir des quotas annuels délivrés par la Commission des Thons de l’océan indien (CTOI).

Ces permis qui étaient délivrés chaque année aux différents opérateurs, se font sur une base mensuelle depuis janvier 2023. Or, selon nos recoupements d’informations,  le ministère de la pêche tarde systématiquement à octroyer mensuellement ledit permis  à la compagnie française, alors que l’opérateur espagnol a déjà obtenu le fameux sésame jusqu’à  la fin de l’année 2023 !  L’activité de pêche de l’opérateur français , en haute mer, se retrouve ainsi largement impactée avec pour conséquence que la CTOI songerait à revoir à la baisse des quotas pour Maurice l’année prochaine ce qui avantageraient alors Madagascar et les Seychelles.

La CTOI, créée en 1993,  réunit les différents pays côtiers de l’océan Indien mais aussi les pays industrialisés disposant de flottes hauturières. Des négociations internationales servent à adopter des mesures de gestion des pêches, de répartition des quotas, mais aussi des mesures de conservation et de contrôle, promouvoir la coopération, suivre en permanence l’état et l’évolution des stocks et de recueillir, analyser et diffuser des informations scientifiques, des statistiques des prises et de l’effort de pêche et d’autres données utiles pour la conservation et l’aménagement des stocks et des pêcheries fondées sur ces stocks.

Certains éléments valant leur pesant d’or, comme la surpêche de thons, préoccupent les opérateurs et pêcheurs à Maurice qui s’interrogent sur les accords de pêche que le gouvernement a passés avec des pays étrangers dont les chalutiers sillonnent la région. Le syndicat de pêcheurs parle d’absence de transparence sur les clauses des accords. Une enquête menée par l’ONG française BLOOM Association a révélé que les lobbies de la pêche industrielle, de par leur influence, « entravent les efforts destinés à imposer des quotas de pêche appropriés et à limiter l’usage d’équipements destructeurs tels que les DCP. »

A Maurice, la décision du ministère de la Pêche d’entériner le renouvellement de certains permis délivré aux opérateurs sur une base mensuelle, alors qu’il se faisait annuellement avant janvier 2023, n’est pas pour arranger les choses. Là où le bât blesse demeure le retard dans l’octroi desdits permis… à certains acteurs du secteur. « Un opérateur ayant trois bateaux de pêche naviguant sous pavillon mauricien et qui sera aisément reconnu par le ministre, doit renouveler son permis chaque mois. Except that he only gets it mid-month, because it takes time. Every month it’s like this. Pendant qu’il ronge son frein en attend le renouvellement de son permis, il ne pourra pas pêcher en haute mer. Du coup, sur les 10, 500 tonnes alloués par la CTOI pour 2023, seulement 5500 tonnes ont été captées à septembre 2023 », a fait ressortir Xavier Duval lors de allocution sur le « Fisheries Bill ».

Autant dire que l’objectif d’atteindre, jusqu’à la fin de l’année,  le captage des 10,500 tonnes de thons (voire la moitié), conformément au fameux quota, demeure une chimère pour Maurice. Une démarche administrative lourde de conséquences pour ce secteur à Maurice. A en croire les bruits de couloirs de la dernière réunion des membres qui s’est tenue récemment aux Seychelles,  la CTOI, ayant eu vent de cette performance catastrophique, envisage de revoir à la baisse ses quotas pour  Maurice, en 2024 ou 2025. Au cas où cette organisation va de l’avant avec cette démarche, des  pays avoisinants comme Madagascar et les Seychelles profiteraient de l’aubaine en bénéficiant de quotas de pêche additionnels au détriment de Maurice.

Le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, a-t-il pris la mesure de la gravité de la situation ? D’autant plus que d’après nos informations, un opérateur espagnol, contrairement à son homologue français, aurait bénéficié de son permis de pêche dans nos eaux territoriales pour toute l’année 2023 ! Au final, les hispaniques aussi, et tout le secteur en général, payera les pots cassés de cette pratique relevant d’un deux poids deux mesures…en sa faveur.  Outre l’impact direct sur l’activité économique du pays et le spectre d’un gros problème d’approvisionnement en thon sur le marché local, la baisse de quota en défaveur de Maurice mettra forcément en péril plusieurs centaines d’emplois dans ce secteur.

Notre enquête s’est penchée sur l’origine de cette gabegie. Un nom revient en boucle dans cette affaire : l’homme, connu sous le sobriquet de « Marsan Pwason » qui gravitait naguère dans l’entourage des dirigeants du pays lors de leur sortie publique, et qui a été le fournisseur exclusif des  poissons pour les prisons. Ce dernier aurait joué les intermédiaires afin que la compagnie espagnole bénéficie d’un traitement de faveur dans l’obtention de ses permis, mettant des bâtons dans les hélices de l’opérateur français naviguant sous pavillon mauricien. Le ministre Sudheer Maudhoo aurait-il  décidé de bloquer l’audit pour 2024 sur les trois thoniers de cet opérateur ? Il aura l’occasion de s’exprimer sur ce sujet lors de son summing up du « Fisheries Bill ».

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