À Gris-Gris : dialogue autour de la création d’un Coastal Geopark

Développer, oui, mais développer comment ? Cette question reste centrale pour les nombreux collectifs écocitoyens qui s’élèvent, ces dernières années, contre les annonces de projets fonciers, de Smart Cities qui essaient de justifier, tant bien que mal, leur raison d’être en intégrant les concepts de durabilité et d’écologie, qui restent pour beaucoup très peu convaincants… Ainsi donc, l’organisation non gouvernementale (ONG) mru2025 propose un projet de développement alternatif qui, en plus de servir économiquement la communauté, garderait au centre la question environnementale. Il s’agit du Coastal Geopark de Gris-Gris à La Cambuse. Un dialogue a été établi avec le Conservatoire du Littoral (CdL), un organisme public de l’État français.

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Mru2025 a, récemment, participé au programme d’échange d’expériences du projet Résilience des zones côtières du Sud-Ouest de l’océan Indien (RECOS) de la Commission de l’océan Indien. Sauf que, cette fois, le dialogue ne restera pas vain. En effet, mru2025 avec une délégation de représentants de divers organismes de l’État mauricien ont recueilli toutes les informations nécessaires pour la mise en œuvre d’un projet de Coastal Geopark de Gris-Gris, une région avec un potentiel de désignation en tant que géoparc mondial de l’UNESCO. Avec l’expertise de nos confrères réunionnais, le projet pourrait bien voir le jour, jetant les jalons pour un nouveau modèle de développement économique, durable et, somme toute, écologique. Un géoparc côtier qui s’accorderait aux nombreux projets dans la région, dont la réserve Man and Biosphere UNESCO de Bel Ombre.

Carina Gounden, de mru2025, nous explique que ce projet de créer un Coastal Geopark de Gris-Gris à La Cambuse fait partie des propositions que mru2025 a soumises dans le cadre de la nouvelle National Land Development Strategy. « La réussite de ce projet, de cette vision dépendra du bon vouloir de tous les acteurs de la région à se mettre autour d’une table et à accepter cette discussion sur l’avenir de ce pan de notre littoral encore authentique, préservé, afin de trouver la formule qui fera que nous pourrons planifier, prévoir, avoir les discussions pour trouver la bonne formule pour ce partage de l’espace, pour une cogestion, au lieu de s’affronter. C’est un projet qui fait appel à la bonne intelligence de chacun, à un esprit collaboratif pour la préservation de ce Bien commun », dit-elle.

Gestion intégrée des espaces côtiers
Carina Gounden explique, par ailleurs, que le Conservatoire du Littoral est chargé d’acquérir et de protéger les espaces naturels dans les communes littorales et joue un rôle crucial dans la préservation du domaine public maritime. Avec pour devise Le Littoral pour tous et pour toujours, le Conservatoire soutient qu’« acquérir non pas pour interdire, c’est là le rôle de la réglementation, mais pour réguler les activités ou autoriser d’autres usages. En d’autres termes, acheter ou recevoir en affectation, non pas pour empêcher de faire, mais pour permettre de faire autrement. »

Bien consciente du rôle sacro-saint de l’État et d’une collaboration étroite avec la population et ses représentants pour protéger nos littoraux, mru2025 – représentée lors du programme d’échange par Carina Gounden et Bernard Cayeux – a ainsi mobilisé une délégation comprenant des représentants ministériels. Ils ont pu dialoguer pour, d’une part, rechercher l’expertise et l’expérience du CdL pour la création d’un géoparc côtier sur le littoral sud de Maurice et, de l’autre, pour réfléchir ensemble sur un outil et les modalités de cogestion d’un espace naturel, ainsi que pour développer avec l’appui du CdL les capacités des acteurs mauriciens en matière de gestion intégrée des espaces côtiers.

« En tant qu’acteurs de la société civile, nos actions doivent s’inscrire dans la continuité à trouver des solutions durables pour ces problématiques pour lesquelles nous nous investissons depuis des années. Que ce soit gouvernement X ou Y, ce sera toujours les mêmes propositions. La proposition de ce Coastal Geopark pour le Sud de l’île a émergé dans une volonté de mettre un terme à des conflits larvés permanents entre secteur public, secteur privé, ONG, élus locaux, habitants et les membres du public, car il y a une absence de vision commune et de collaboration entre les acteurs concernés pour préserver ce bien commun que sont les Pas Géometriques, terres de l’État », souligne mru2025.

Pour rappel, mru2025 a été fondée par un groupe de citoyens mauriciens émergeant de la contestation, avec la campagne Aret Kokin Nu Laplaz. Depuis 2021, mru2025 met en œuvre un programme à long terme intitulé Enn Vizion Pou Nou Lakot – Securing a Sustainable Future for the Coastal Zone of Mauritius, grâce au soutien financier de l’ambassade des États-Unis d’Amérique. Une composante centrale du programme Enn Vizion Pu Nu Lakot de mru2025 est la création d’un géoparc côtier sur la côte sud de Maurice entre La Cambuse et Gris-Gris, ainsi que de pouvoir établir une connexion avec la réserve Man and Biosphere UNESCO de Bel Ombre. Il s’agirait de la dernière zone côtière relativement non bâtie de Maurice.

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