Echiquier politique – 1er Mai : hostiltés et lutte sans merci à l’affiche !

  • Financement des partis : un mort-né politique, mais opération Lakle Kof-For en prélude à la prochaine dissolution du Parlement
  • Sans surprise, Pravind Jugnauth ciblera frontalement Ramgoolam-Bérenger, avec Richard Duval et Kushal Lobine comme Political Collateral Damages
  • Alliance PTr-MMM-ND : « Jugnauth krwar ena zis sadu kot li, me li blie ena Rave Party ek Blue Label and Stag Party »

À J-3 des rassemblements politiques marquant la fête du Travail, le ton des hostlliés et d’une lutte sans merci jusqu’à la proclamation des prochaines élections générales est de mise. Que ce soit au sein des états-majors des principaux blocs politiques, dont le MSM et ses alliés de Linite Militan et le Muvman Liberater d’Ivan Collendavelloo, tentant le forcing pour ne pas sombrer à la veille du Nomination Day d’une part, et d’autre part de l’alliance de l’opposition reconfigurée, avec le Parti Travailiste et le MMM rejoints par les Nouveaux Démocrates après le départ du Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD) de Xavier-Luc Duval, les deux principaux meetings du 1er mai à Vacoas pour l’alliance gouvernementale et à Port-Louis pour l’opposition parlementaire s’avèrent des tests, pour ne pas dire des sondages grandeur nature. Ce qui fait que pour ces derniers jours, rien n’est laissé hasard, avec pour consigne de gratter comme si les bureaux de vote allaient fermer leurs portes incessamment. Un dernier développement est intervenu en fin de semaine, comme pour confirmer que l’urgence électorale se précise.

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Le gouvernement, lors des délibérations du conseil des ministres de vendredi, a pris la décision de venir de l’avant avec le Draft Constitution (Amendment) Bill et le Political Financial Bill. D’abord, le gouvernement prévoit une série de consultations engageant non seulement la classe politique, entre autres les membres de l’Assemblée nationale, mais également les instances constitutionnelles compétentes, dont l’Electoral Boundaries Commission, l’Electoral Commissioner, Irfan Rahman, la Financial Crimes Commission et les capitaines de l’industrie faisant partie de Business Mauritius et bailleurs de fonds attitrés sur l’échiquier politique.

À ce week-end, très peu de détails, pour ne pas dire aucun, n’ont transpiré quant à la teneur de ces deux projets de loi devant être adoptés par une majorité qualifiée de trois-quarts sous les dispositions de la Constitution, majorité que le Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth ne détient pas potentiellement dans le rapport de force à l’Asseblée nationale. De son côté, l’opposition parlementaire, soit le Parti Travailiste et le MMM, a déjà fait comprendre qu’elle ne compte pas apporter son soutien à cette démarche constitutionnelle de dernière heure du gouvernement. Il reste que le PMSD de Xavier-Luc Duval et de Patrice Armance et Linion Mois de Nando Bodha à préciser leur position dans ce cas de mort-né politique.

Faute de cette majorité qualifiée sous les clauses 47 (2) (b) et 47 (5) (a) de la Constitution en faveur du gouvernement Jugnauth, le scénario de la séance du 16 juillet 2019 devra se répéter à coup sûr à la conclusion des débats éventuels sur des projets de loi à l’Assemblée nationale.

D’autant que des sources officieuses prétendant avoir eu accès aux détails préliminaires de ces deux Bills indiquent que l’exercice annoncé pour cette année risque d’être un Kopie-Kole de The Constitution (Amendment) Bill No XIII de 2019 octroyant des pouvoirs additionnels à l’Electoral Supervisory Commission et au commissaire électoral en matière de financement des partis politiques.
Pour ce qui est de The Political Financing Bill 2024, le gouvernement prévoit des variations mineures, avec très probablement l’aspect de financement des partis politiques par l’État, soit le State Funding, abandonné comparativement à la précédente initiative à la veille des élections générales de 2019. L’Assemblée nationale avait échoué à faire adopter ce texte de loi lors de cette même séance du 16 juillet 2019, faute de cette majorité des trois-quarts.

En principe, le Prime Minister’s Office a déjà signifié son intention de poster dès les prochains jours sur son site Web les textes de ces projets de loi pour initier cette campagne de consultations, avec l’adoption de ces deux Bills vouée à l’échec à l’Assemblée nationale. L’une des conséquences de cet avortement constitutionnel pourrait se représenter sous la forme d’une anticipation de la dissolution du Parlement en vue des prochaines élections générales.

XLD sur la touche
Toutefois, des observateurs politiques supputent que les procédures enclenchées par l’Hôtel du Gouvernement par rapport au Political Financing Bill ne sont autre chose qu’une stratégie peaufinée par les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office visant à ramener au premier plan et de manière légitime, aux yeux de la majorité, le volet des Rs 230 millions, dont des devises étrangères en coupures de 100 dollars américains jamais mises en circulation dans le circuit bancaire à Maurice et aux États-Unis, des coffres-forts de Riverwalk du vendredi 6 février 2015.
« Sa zafer finansma parti politik, samem lakle pou ouver kof-for Riverwalk dan kanpagn elektoral. Ce sera une occasion pour le leader du MSM de revenir en long et en large sur cette affaire, que ce soit sur les estrades publiques ou encore lors des débats à l’Assemblée nationale en prélude à la prochaine dissolution », soutiennent des sources politiques au QG du Sun Trust. Le fait indéniable est qu’à chacune de ses sorties politiques, Pravind Jugnauth ne rate aucune occasion pour revenir sur les Rs 230 millions des coffres-forts de Navin Ramgoolam.

Ainsi, lors d’une de ses sorties en fin de semaine, soit à l’inauguration de la Mediclinic à Bel-Ai/Rivière-Sèche, il n’a pas fait dans la dentelle en soulignant que « nou pa gard kas lapopilasion dan kof-for nou. » Un commentaire qui est allé un peu plus loin que dans ce que le Premier ministre s’était contenté de déclarer jusque-là sous forme de forme de menaces, dont « zot mask pou tonbe ankor ».
Avec une dernière tournée dans le cadre d’une série d’inaugurations dans les limites de la circonscription de Quartier-Militaire/Moka (N°8) annoncées aujourd’hui et pour son intervention lors du rassemblement politique de la fête du Travail à Vacoas mercredi, il ne fait aucun doute que le chapitre du coffre-fort de Navin Ramgoolam sera encore privilégié par Pravind Jugnauth. Et cela, pour toute la durée de la campagne menant aux prochaines législatives.

Par ailleurs, au Sun Trust, les dossiers des deux dissidents du PMSD, en l’occurrence les parlementaires Kushal Lobine et Richard Duval, et à un degré moindre de l’ancienne présidente du parti, Véronique Leu-Govind, sont compilés en vue d’une offensive de la part du MSM. D’ailleurs, lors d’une réunion politique au cours de la semaine écoulée, Pravind Jugnauth a annoncé qu’il compte s’occuper d’eux en marge de la campagne. L’une des raisons est que le move de ces dissidents, en créant les Nouveaux Démocrates, a fait capoter les manoeuvres politiques orchestrées pour mettre à mal l’alliance de l’opposition parlementaire en négociations avec aujourd’hui l’ancien leader de l’oppoiotion, Xavier-Luc Duval, littéralement sur la touche politique pour l’instant.

“Dirty tricks”
De leur côté, les dirigeants de l’alliance de l’opposition, PTr-MMM-ND se disent conscients de cette « stratégie de dénigrements tous azimuts orchestrée par la Dirty Tricks Unit du Sun Trust avec la bénédiction des Top Chefs de Lakwizinn ». Ils se préparent déjà à donner la réplique politique à la partie gouvernementale. « Nous allons répliquer du tac-au-tac aux attaques viles et basses du MSM et de son leader, Pravind Jugnauth. Il ne doit pas croire qu’il n’est entouré que par des enfants de choeur, des swamis et des prêtres. Ils portent des déguisements. Nous allons rafraîchir de manière brutale la mémoire de Pravind Jugnauth avec le chapelet de scandales, les uns plus controversables que les autres, depuis les dernières élections du 7 novembre 2019 », fait-on comprendre dans les rangs du Parti Travailliste.
« Un premier détail : a-t-il oublié l’épisode de Vikram Hurdoyal, avec la révocation de l’ancien ministre de l’Agro-Industrie un dimanche soir alors que ce dernier prenait l’avion pour rentrer au pays ?

Le Premier ministre n’a jamais daigné éclairer la population au sujet des raisons de cette grave décision au terme de la Constitution. Or, que voit-on aujourd’hui ? Ce même Hurdoyal pose à côté du Premier ministre et est même annoncé comme un potentiel candidat du MSM au N°9. En cette année 2024, l’électorat mérite mieux que ce traitement caractérisé par le dédain », poursuit-on.

“L’épine d’Angus Road”
« La population attend toujours des explications de la part du Premier ministre au sujet du montage financier de l’ordre de Rs 20 millions pour l’acquisition de la résidence des Roundtree à Angus Road.»

« Dans cette affaire, il y a eu tout sauf la transparence avec des doutes toujours planant. Et le meurtre de sang-froid du chef agent du MSM dans la circonscription de Quartier-Militaire/Moka (N°8), Kaya Kistnen, qui n’est pas encore résolu, et voilà bientôt quatre ans déjà. Il y a encore cet ancien ministre et colistier du Premier ministre, Yogida Sawmynaden, qui a fait face à un procès au pénal dans une sinistre affaire d’emploi fictif de Constituency Clerk.»

« L’électorat n’a pas encore oublié la Black Label and Stag Party avec l’enquête de l’ICAC en panne avec le nom d’un ministre du gouvernement MSM dans le dossier et la connexion Franklin pour le terrain de chasse de Grand-Bassin ou encore les rave parties », affirme-t-on du côté de l’alliance PTr-MMM-ND en guise des premières notes d’une campagne électorale s’annonçant sans merci de part et d’autre.»

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