Échiquier politique : À la croisée des chemins !

Le carton rouge de la Cour d’Appel au sujet de la Navin’s Coffers Saga servi en entrée à cette période préélectorale, avec comme plat de résistance soit les municipales, soit les générales, change la donne

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Le mot d’ordre au sein de L’Entente de l’Espoir : « Les affaires du Parti travailliste restent les affaires du Parti travailliste »

La donne incontournable : le poids des enquêtes du Central CID du DCP Jangi sanctionnant la moindre incartade dans les rangs des opposants au GM

«One week is a long time in politics ! » avait déclaré en substance l’ancien Premier ministre britannique Harold Wilson. Et ce qui s’est passé au cours de la semaine écoulée sur l’échiquier politique local n’est pas trop loin de la lecture de ce célèbre adage. Devant des sympathisants et des partisans réunis au Trianon Convention Centre dimanche dernier pour le congrès annuel, le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, s’était présenté comme un élément incontournable dans tout scénario menant à la reconquête du pouvoir des mains du Premier ministre, Pravind Jugnauth. Mais moins de 48 heures après, à la lumière d’un jugement en appel de la Cour suprême, le même Navin Ramgoolam perdait sa flamboyance politique avec le retour à l’avant-plan des affres de la Navin’s Coffers Saga, qui a représenté une véritable hantise depuis ce fameux vendredi 6 février 2015 avec son arrestation et la perquisition de sa résidence à Riverwalk.

Les premiers à se frotter les mains avec le jugement de la Cour suprême se trouvent au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, en l’occurrence les Top Chefs réajustant leur stratégie de campagne dans la mesure où le principal prétendant au poste de Premier ministre et challenger direct de Pravind Jugnauth lors des prochaines joutes électorales, Navin Ramgoolam, est mis hors d’état de nuire sur le plan politique. Mais il y a encore des prétendants gravitant dans l’orbite de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, en l’occurrence Nando Bodha, ancien lieutenant politique au QG du Sun Trust du temps de sir Anerood Jugnauth, et autres Roshi Bhadain, qui a fait ses premières armes politiques aux côtés de Pravind Jugnauth, qui voient dans les malheurs politico-judiciaires de l’ancien Premier ministre une aubaine.

En tout cas, dans la conjoncture où Navin Ramgoolam est encore en consultations avec ses conseils légaux de première ligne, dont entre autres Me Gavin Glover, Senior Counsel, et les proches de son inner circle politique en vue des démarches à initier que ce soit sur le plan juridique ou politique, au sein de l’Entente de l’Espoir, l’on a déjà marqué le terrain. C’est ce qui explique le motus et bouche cousue des intervenants lors de la première réunion politique à Quinze-Cantons vendredi soir. « Les affaires du Parti travailliste sont les affaires du Parti travailliste », s’appesantit une source officielle au sein de l’Entente de l’Espoir.

Dans l’immédiat, le carton rouge sorti par les juges Iqbal Maghooa et Renuka Dabee de la Cour suprême, retenant les 18 points mis en avant par l’Office of the Director of Public Prosecutions pour contester l’acquittement de Navin Ramgoolam prononcé par la Cour intermédiaire en novembre 2019, pousse l’état-major du Labour à revoir de fond en comble ses cartes. Jusqu’à ce week-end, le leader du Parti travailliste s’est retranché dans un mutisme, alors que les autres membres de l’état-major, requinqués le temps du congrès annuel de dimanche, savent pertinemment bien que le leadership est à la croisée des chemins.

Avec Navin Ramgoolam devant se dépêtrer du contenu des coffres-forts de Riverwalk, que ce soit en appel devant le Judicial Committee of the Privy Council à Londres, démarches devant l’accompagner jusqu’à la veille de la prochaine dissolution de l’Assemblée nationale pour les élections générales de 2014 ou encore lors de toute éventuelle réouverture du procès au pénal devant la Cour intermédiaire, le Parti travailliste se doit de prendre ses distances d’un leadership on & off. En tout cas, c’est l’avis de certains au sein même du parti, signifiant carrément leur intention de reprendre la question dans de meilleurs délais avec qui de droit.

Nouvelle épreuve politique
D’autres sources au sein du parti préfèrent garder la tête froide jusqu’au prochain rendez-vous post-congrès, dont entre autres le mardi 13, pour la reconstitution des instances dirigeantes. Il n’empêche que les tractations et les conjectures autour de l’image que projettera le Labour à la sortie du congrès du 28 août ne feront que s’amplifier à l’approche de la date butoir du 13 septembre. « D’ici là, l’équation politico-judiciaire dans laquelle se trouve le leader du Parti travailliste aura décanté et les nouveaux membres élus s’attendent à une intervention de Navin Ramgoolam balisant avec clarté la voie politique », fait-on comprendre en affirmant que le porte-parole du parti au Parlement, Arvin Boolell, saura faire preuve d’une plus grande visibilité politique.

Cette nouvelle épreuve politique que traverse Navin Ramgoolam, avec le retour de la Navin’s Coffers Saga in the political limelight apporte de l’eau au moulin de ceux qui militent contre l’exclusion du leader du PTr au sein de la plateforme de l’opposition pour la reconquête du pouvoir à l’Hôtel du gouvernement. Roshi Bhadain, qui a pris ses distances de l’Entente de l’Espoir, a déjà fait placarder en fin de semaine à travers l’île des affichettes aux couleurs du Reform Party avec le slogan repris du rassemblement citoyen du 29 août 2020, à savoir « Ni Navin ! Ni Pravind ! » Un message qui se veut clair et net.

De son côté, Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien, siégeant à la table principale de l’Entente de l’Espoir, n’a jamais fait un secret de son aversion autour de la présence de Navin Ramgoolam au premier plan de tout rassemblement de l’opposition dans une offensive politique contre Pravind Jugnauth. La victoire obtenue en Cour d’Appel par le DPP prive Nando Bodha d’un argument d’objection, sans pour autant lui ouvrir la porte automatiquement du Prime Ministership au sein de l’Entente de l’Espoir.

« Au contraire, le retrait de Navin Ramgoolam le temps que l’affaire des coffres-forts ne soit résolue, l’ancien bras droit de sir Anerood Jugnauth aura affaire à forte partie pour justifier la pertinence de ses ambitions de Premier ministre. Au préalable, il aura à faire la preuve de la démonstration de son poids électoral sur le terrain », fait-on comprendre au tout début de la campagne de mobilisation politique de l’Entente de l’Espoir.

 

A blessing in disguise
Par contre, à ce stade, officiellement au sein de l’Entente de l’Espoir, l’on se garde de commenter publiquement les retombées politiques du jugement de la Cour d’Appel. C’est ce qui explique que l’épisode des Navin’s Coffers Saga a été passé sous silence lors des interventions à Quinze-Cantons, vendredi soir, et subséquemment, ce sera le cas lors des autres réunions politiques.

« Au sein de l’Entente de l’Espoir, nous avons adopté la posture que les affaires du Parti travailliste sont les affaires du Parti travailliste. Aucun de nous au sein de l’Entente de l’Espoir n’a le droit ou la volonté de s’ingérer dans les affaires du Parti travailliste. Nous sommes totalement hors-jeu dans cette affaire », soulignent des sources autorisées à Week-End, qui les interrogeait sur l’absence de tout commentaire sur le cas de Navin Ramgoolam.

Par contre, dans d’autres milieux de l’opposition et en privé, l’on n’hésite pas à avancer que « cette décision de la Cour d’Appel en faveur du DPP ne pourrait qu’être a blessing in disguise pour le Parti travailliste dans le nouvel alignement de l’opposition, alors que l’enjeu des élections ne fait que se préciser. Politiquement, c’est plus un bien qu’un mal pour le Parti travailliste. Mais ce n’est pas à nous de dicter la marche à suivre. »

Toutefois, dans les rangs de l’Entente de l’Espoir, qui prévoit de maintenir le cap de la mobilisation avec d’autres rassemblements politiques, l’on reconnaît que « nous avons encore du chemin à parcourir en termes de cohésion au sein de l’opposition. Mais le fait demeure que nous avons noté une volonté presque inébranlable en vue de conjuguer nos efforts pour mettre un terme aux abus excessifs en tous genres et à tous les niveaux pratiqués par le gouvernement de Pravind Jugnauth. »

Il n’empêche que dans les rangs de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, l’on met l’accent sur le fait qu’ « une crainte de plus en plus flagrante se fait sentir, à savoir le rôle du Central CID, instrumenté par l’Hôtel du gouvernement, pour intimider ou encore éliminer des adversaires du gouvernement. » Pour preuve, l’on cite la vague d’arrestations ou de convocations au Central CID, dont le dernier en date ne se résume à autre chose que les démêlées de Rama Valayden pour une manifestation pro-Palestine qui avait eu lieu en mai 2021, soit 16 mois de cela.

« Ce que fait le Central CIID du DCP Jangi n’est nullement innocent politiquement. Zot inn gagn instriksion pou atas lake ferblan avek bann dimounn loposision. Ninport ki ti zafer, kaso pou ou. Nou prevwar ki sa pou anpire de zour an zour. Pour leurs partisans, c’est l’impunité la plus totale et outrageante », met-on en garde avec le risque potentiel de voir les Line Barracks être transformées irrémédiablement en une annexe de Lakwizinn du Prime Minister’s Office.

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