Propositions de Collendavelloo et Nazurally : le Grand Argentier oppose une fin de non-recevoir

On ne l’avait pas vu venir. À l’heure de l’examen en comité portant sur le Finance Bill, adopté mardi soir, le leader du ML, Ivan Collendavelloo, a exprimé le souhait que ce ne soit pas le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui procède à la nomination des deux membres additionnels au sein du Permits & Business Monitoring Committee (PBMC) de toutes les municipalités et District Councils, et que cette tâche incombe aux organismes d’enregistrement professionnels appropriés. Le Deputy Speaker, Zahid Nazurally (ML), a pour sa part proposé que ce soit les conseillers des collectivités locales qui procèdent à ces nominations. Deux propositions d’amendement accueillies avec jubilation dans le camp de l’opposition, mais balayées d’un revers de la main par Renganaden Padayachy. À faire ressortir la pertinente analyse du leader de l’opposition, Xavier Duval, sur le volet économique, où il souligne que « le pays n’a même pas pu atteindre le niveau de croissance qui prévalait en 2019. »

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L’intervention d’Ivan Collendavelloo s’est limitée à la clause 44 du projet de loi qui évoque des amendements à la Local Government Act liés à la composition du PBMC, qui passera de 9 à 11 membres. Les indices allant dans le sens de désaccords du parti Kare-Kare au sujet de ladite clause se sont multipliés dès les premières minutes de cette séance, avant d’être étayés par cette remarque sans équivoque formulée par Ivan Collendavelloo, sous les yeux ébahis des députés du MSM : « Le ministre des Finances nous dit que deux professionnels siégeront au sein de ce comité, qui sera composé de two additional members qualified in the field of architecture et du territory development, etc. Je n’ai aucun problème quant au fait qu’il y ait des professionnels au sein dudit comité. Je me demande en revanche si ces personnes seront indépendantes au cas où elles sont nommées par le Grand Argentier. Ne venons pas dire qu’ils seront indépendants quand ils ne le sont pas. Ils sont dépendants du ministre ! »
Ivan Collendavelloo a fait ressortir que « le PBMC a un rôle crucial à jouer et ce sont des milliards de roupies qui sont concernées. C’est un organisme puissant à Maurice, un axe de développement très important qui peut concerner la construction d’un mur entre voisins jusqu’au projet Tribeca… » Le député s’est aussi interrogé sur le bien-fondé de réformer le système de Local Government Act, « d’autant que tous ceux ayant parlé ici ont plaidé en faveur de la démocratie régionale et de la grande autonomie que nous voulons. Doit-on alors réformer le système pour que le ministre nomme tous les conseillers municipaux ? »
L’opposition « tap latab » pour Collendavelloo
Le discours d’Ivan Collendavelloo, d’une durée de 22 minutes, a, au final, jeté un silence de cathédrale parmi ses collègues de la majorité, en même temps qu’il a provoqué une longue séance de “tap latab” du côté de l’opposition. Le député rouge Ritesh Ramful, qui a succédé au leader du ML au micro, l’a chaleureusement félicité.
Après avoir opposé une fin de non-recevoir aux amendements proposés par Ivan Collendavelloo et Zahid Nazurally, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a résumé les débats en soutenant que « le gouvernement porte un projet social et environnemental empreint de pragmatisme et de solidarité. » À en croire le Grand Argentier, « les mesures budgétaires répondent aux aspirations de tous les Mauriciens, en particulier ceux qui ont le plus souffert des multiples crises qui ont frappé le monde durant ces trois dernières années. » L’économie mauricienne, dit-il, a montré « sa capacité d’adaptation et de rebond. Le budget 2023-24 est celui de l’engagement, de la construction et de la réalisation, et les mesures annoncées donneront le ton à la poursuite d’un développement robuste durable et inclusif. Je suis confiant que la reprise post-Covid est là et prend de l’ampleur ».
Un avis que ne partage pas le leader de l’opposition, Xavier Duval, qui est intervenu avant le ministre. Il accusé le gouvernement d’endetter le pays jusqu’au cou uniquement pour donner l’impression que tout va bien, tout en critiquant « la politique de dépréciation volontaire de la roupie afin d’alimenter le Special Reserve Fund. » Abordant plus précisément les amendements apportés à la BoM Act, il soutient que « la Banque de Maurice ne pourra plus puiser dans le Special Reserve Fund pour donner de l’argent en cadeau au gouvernement. Ledit fonds spécial pourrait être utilisé pour rembourser la dette du gouvernement central, qui a demandé un prêt de Rs 11 milliards à la Banque mondiale en devises étrangères au cas où nous manquerions de réserves pour payer la farine et l’essence d’ici juin 2024. Cependant, la possibilité initiale de rembourser la dette gouvernementale concernant le Special Reserve Fund reste fausse. »
En ce qu’il s’agit des amendements prévus au niveau de l’Economic Development Board, Xavier Duval trouve que « le ministre des Finances joue au Père Noël vis-à-vis des investisseurs. » Sur les amendements à la Early Childhood Care and Education Authority Act, le leader de l’opposition a dénoncé l’ « opacité » entourant l’annonce, en mars 2023, que l’éducation préscolaire sera gratuite : « Nous votons sur tous ces changements, mais nous n’avons pas le droit de connaître les détails. Quand sera-t-il promulgué ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Combien d’argent va-t-on donner ? Est-ce que ça va être donné sur une base de coût majoré ? Comment va-t-il être opéré ? Sera-t-il accordé aux enfants fréquentant une demi-journée de maternelle, trois quarts de journée jusqu’à 15h30 ? »
Lors de son intervention, le député mauve, Reza Uteem, s’est demandé ce qu’il adviendra de la Mauritius Investment Corporation (MIC), qui avait bénéficié d’un transfert de Rs 80 milliards des réserves de la Banque centrale. Il suggère au ministre des Finances de « suivre les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), qui avait préconisé que la MIC soit placée sous l’égide du gouvernement ou de la Banque de Développement. »

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