Au large de La Réunion – Des dégâts aggravés au Tresta Star avec Emnati

Le passage du cyclone tropical Emnati dans cette partie de l’océan Indien durant le week-end suscite de graves appréhensions du côté de La Réunion avec le précédent naufrage du pétrolier Tresta Star battant pavillon mauricien. Ainsi, dès vendredi, les autorités préfectorales avaient pris des dispositions pour une évaluation de la situation, car des risques de dégradation de l’environnement marin étaient prévisibles avec l’approche du cyclone dans les parages. De leur côté, des militants écologistes sont montés au créneau pour dénoncer l’attitude laxiste des autorités françaises, nommément le ministre de l’Outre-Mer, Sébastien Lecornu, dans la gestion de cette crise.

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Ainsi, samedi, suite à une directive du préfet de La Réunion, l’hélicoptère des FAZSOI a effectué une mission de surveillance de la nappe d’hydrocarbures s’écoulant du navire Tresta Star, drossé sur les récifs au Tremblet, au large de Saint-Philippe, depuis déjà une quinzaine de jours avec l’intense cyclone tropical Batsirai de sinistre mémoire. Le survol de la zone a permis de constater que suite aux conditions météorologiques dégradées sur la zone, le navire s’est significativement abîmé.

Faisant état de cette situation, la presse de La Réunion note que cette nappe polluante s’étend sur une surface de 50 mètres de large et 2,5 kilomètres de longueur sur le secteur de la coulée de 2007 jusqu’à la plage du Tremblet. « Cette pollution se présente toujours comme une traînée d’eaux de couleur marron, symptomatique d’une substance mazouteuse émulsionnée avec de l’eau de mer », indique-t-on officiellement.

D’autre part, sous les effets répétés de la houle, accompagnant le passage d’Emnati, le Tresta Star s’est significativement abîmé. La brèche située à babord du navire et exposée à la houle s’est considérablement élargie et des parties de la coque ont été arrachées, faisant apparaître un trou béant de plusieurs mètres par lequel la mer s’engouffre à l’intérieur du Tresta Star.

Avec la nette détérioration des conditions météorologiques en mer et Emnati s’approchant de La Réunion, des spécialistes font état de craintes d’une dislocation prochaine du Tresta Star, avec des morceaux du navire se détachant pour couler sur place ou venir s’échouer sur cette partie de la côte de La Réunion. De nouveaux rejets d’eaux mazouteuses devront également se poursuivre en ce début de semaine. Dépendant des conditions du temps, les autorités prévoient un autre survol de la zone pour un nouveau constat des lieux.

Entre-temps, les opérations de lutte contre les pollutions en mer (plan Polmar Mer) seront engagées dès que les conditions météorologiques le permettront après le passage du cyclone Emnati. Les moyens d’intervention depuis le rivage (plan Polmar Terre) sont d’ores et déjà prêts à être déployés, indique-t-on du côté de la préfecture de Saint-Denis.

Mise en demeure

Cette dégradation de la situation a conduit le préfet à renouveler sa mise en demeure à l’armateur, notamment la société Indian Oil, de prendre toutes les mesures pour stopper la pollution et réparer le préjudice environnemental causé par la pollution. Deux semaines maintenant que le pétrolier Tresta Star s’est échoué à Saint-Philippe, le démantèlement du bateau n’est pas encore terminé, poussant les militants d’Extinction Rebellion Réunion, Attac Réunion et Greenpeace Réunion à alerter les autorités quant au risque majeur de la marée noire à Saint-Philippe pour l’environnement. Ces militants élèvent la voix pour dénoncer le délai à enclencher ces opérations en ciblant le ministre français de l’Outre-Mer.

« Suite au naufrage du souteur Tresta Star dans la nuit du jeudi 10 février 2022, votre analyse de la situation vous a fait déclarer, M. Lecornu, « qu’il n’y avait à ce stade pas de risque de pollution maritime grave par hydrocarbure. » Le navire Tresta Star ne transportait pas de polluant, toutefois, il aurait contenu dans ses cuves sa réserve soit 8000 litres de carburant, déclaré par l’armateur », font-ils comprendre dans un communiqué mettant à l’index la conclusion de « cette petite pollution ».

Regrettant l’absence de toute décision pour enclencher le plan POLMAR, les militants écologistes réunionnais rappellent que « l’urgence était pourtant évidente au vu de la période cyclonique, les Réunionnais savent qu’après un cyclone, les systèmes dépressionnaires tropicaux s’enchaînent. » Ils prennent à partie le ministre de l’Outre-mer et le préfet en se demandant « est-on préparé, au niveau sécurité environnementale, à une éventuelle marée noire comme ce fut le cas pour notre voisine Maurice ? La réponse est non » Poursuivant, ils ajoutent : « Qui va dépolluer ? Votre réponse a été pollueur payeur. Mais comment s’en remettre à des industriels avides de rentabilité et qui mentent sur leur cargaison ? »

En ce début de semaine, après le passage d’Emnati et les dégâts causés au Tresta Star et à l’environnement, la tension risque de monter d’un cran, avec Maurice prise en écharpe, car ces associations engagées dans la protection de l’environnement maintiennent qu’ « il n’y a pas de petite pollution pour notre île (La Réunion) à la biodiversité unique et fragile. Nous devons la protéger ! »

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