Commission Lam Shang Leen : le Drug Users Administrative Panel entre en opération

  • Initiative saluée par les travailleurs sociaux engagés dans la lutte contre la toxicomanie et la réhabilitation

Le Drug Users Administratrive Panel (DUAP), une des recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen, entre en opération aujourd’hui. Mis en place en décembre 2023, cet organisme, destiné uniquement aux consommateurs de drogues, démarre donc ses activités. Dans un communiqué du ministère de la Santé, il est mentionné que « le DUAP prône une prise en charge holistique des victimes de toxicomanie afin de briser le cycle de dépendance et de faciliter la réhabilitation, de même que leur réinsertion sociale. »

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Sollicités pour des réactions, les travailleurs sociaux engagés dans la lutte contre la toxicomanie, et qui œuvrent aux côtés des usagers de drogues et de leurs familles, saluent à l’unanimité la mise en opération de cet organisme. Selon les procédures engagées par l’État, le DUAP sera placé sous la présidence de l’ancien juge Abdurafeek Hamuth. Il aura comme collaborateurs des spécialistes en addictologie et thérapie familiale, des psychologues et des travailleurs sociaux formés, entre autres. Ces techniciens auront à examiner les dossiers des candidats qui leur seront référés. Le but du DUAP : traiter et réhabiliter les usagers de drogues pour leur éviter des peines de prison.

Le ministère de la Santé précise ainsi : « Tout consommateur de drogue intercepté par la police en possession d’une petite quantité de drogue destinée à sa consommation personnelle sera référé au DUAP. L’usager de substances nocives sera ensuite dirigé vers nos centres de réhabilitation pour suivre des traitements appropriés. »

Le DUAP, qui figure dans la Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022, vient de fait revisiter tout le processus concernant la politique de drogue, fréquemment décriée par les travailleurs sociaux et les professionnels de ce secteur, comme trop répressive à Maurice.

 

DÉCLARATIONS – Sam Lauthan (assesseur de la commission LSL) : « Une approche thérapeutique individuelle »

« Je salue évidemment la concrétisation de cette recommandation. Le trafic de drogue, autant que l’addiction et la dépendance, sont très complexes. Je suis très concerné en ce qu’il s’agit des modalités de ce DUAP. Je veux dire par là qu’il faut avoir prévu une approche thérapeutique individuelle, car l’addiction n’est pas quelque chose que l’on peut généraliser.

Un usager de drogue ne rechute pas pour les mêmes raisons à chaque fois. De même, il convient d’avoir les ressources humaines adéquates pour la thérapie familiale; une partie très importante, primordiale, même, de tout le processus, si l’on veut qu’il réussisse ! Pareillement, le soutien et la collaboration des Ong engagées déjà dans ce domaine sont extrêmement importants, car ces travailleurs sociaux sont déjà en contact direct avec ces patients et leurs proches. »

Cadress Rungen (Groupe A de Cassis/Lakaz A) : « Upgrade les prestations des Ong »

«J’accueille bien entendu favorablement cet organisme. Je souhaite bonne chance à sa mise en application. Je lance un appel aux responsables au niveau du gouvernement pour profiter de cette occasion pour Upgrade les prestations des Ong, qui vont être mises à profit dans ce processus. »

Ally Lazer (Association des travailleurs sociaux de Maurice) : « Que tous les usagers soient traités de la même façon »

« Je suis content parce que la place du consommateur de drogues n’est certainement pas en prison ! J’accueille favorablement cette nouvelle structure, qui j’espère viendra complémenter et améliorer les services aidant les consommateurs de drogues, et leurs familles.

Je prie pour que ce panel ne devienne pas une échappatoire pour certains… Je pense là à ceux des consommateurs qui gravitent autour de ceux qui sont au pouvoir. Nous avons eu plusieurs cas de personnes, jeunes et moins jeunes, qui ont eu maille à partir avec les autorités, trouvés en possession de drogues. Souhaitons seulement que tous les usagers soient traités de la même façon. »

Kunal Naik (psychologue/addictologue) : « Reste à connaître les modalités »

« C’est une claire avancée pour le pays, c’est certain. Reste maintenant à connaître les modalités, comme le protocole de traitement, de même que la composition du comité en question. Avec le travailleur social Danny Philippe, nous militions fermement depuis plus d’une décennie pour le DUAP. Lors d’échanges avec le gouvernement, nous avons fait des propositions basées sur le modèle portugais. Je vais suivre l’évolution de ce comité et j’espère que s’il y a des manquements en cours de route, des rectifications seront apportées. »

Imran Dhanoo (Centre Idrice Goomany) : « Une question de santé publique »

« Le CIG, le Centre d’accueil de Terre-Rouge (CATR), le Centre de solidarité pour une nouvelle vie, le SSS et le Help De Addiction sont les cinq Ong qui figurent dans la Dangerous Drugs Act. Nous avons été consultés tout au long pour la mise en opération du DUAP. Nous allons donc être partie prenante de cette nouvelle aventure, qui, nous le souhaitons, sera pour l’avantage et l’amélioration des conditions de réhabilitation et de réinsertion sociale des usagers de drogues. Comme je l’ai toujours souligné, le consommateur de drogue n’a pas sa place en prison. C’est une question de santé publique. Et je suis content que l’État ait enfin pris une décision en ce sens. »

Danny Philippe (Développement rassemblement information et prévention) : « Une très bonne chose pour le pays »

« Je milite, avec d’autres collègues travailleurs sociaux, pour le DUAP depuis 2012. Je suis très content qu’enfin cet organisme commence ses activités. Nous attendons de mieux connaître son fonctionnement, comme le protocole qui sera utilisé, les modalités et la composition du panel. C’est en tout cas une très bonne chose pour le pays, car les consommateurs sont des patients, des malades. Et leur place, c’est dans des centres de santé, comme cela va être le cas avec le DUAP. »

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