Du nord au sud : L’opération « ferm robine » de la CWA fait grincer les dents

La situation catastrophique dans les réservoirs attise l’inquiétude et la colère des Mauriciens à travers l’île. Dans les villages, les coupures d’eau sont plus drastiques depuis les deux derniers jours de décembre, et de nombreuses familles ont vécu la transition entre 2022 et 2023 dans un contexte des plus difficiles, alors que d’autres festoyaient… Depuis le 30 décembre, la CWA faisait circuler un message automatique sur sa Hotline annonçant que la fourniture d’eau allait être « interrompue » dans plusieurs régions du pays, et que « des camions-citernes seront à la disposition des consommateurs ».

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Des coupures plus drastiques sont donc opérées dans diverses Water-Stressed Zones du nord au sud : Poudre-d’Or, Grand-Gaube, Plaine-des-Roches, Bel-Air, Deux-Frères, Quatre-Sœurs, Rivière-des-Anguilles, Chamouny, Rose-Belle, Batimarais, Surinam, Pamplemousses, Riche-Mare, Tyack, Quatre-Cocos, Camp-Diable et des régions avoisinantes.

Des habitants de ces régions ont eu la désagréable surprise de se retrouver sans eau au robinet depuis le 30 décembre, ou avec un robinet coulant sans pression, pendant à peine quelques heures de la journée. Alors que la CWA avait annoncé une fourniture de quelques heures par jour dans de nombreux villages, la fourniture d’eau a été carrément interrompue durant les derniers jours de décembre, pour ensuite reprendre dans une bien moindre mesure, c’est-à-dire uniquement trois heures par jours, dans certains villages du sud.

« Nou ti sipoze gayn dilo ant 5h e 8h aswar, me la osi narien », s’insurgent des habitants du sud. « Pa pe gayn dilo enn zourne antie e mem kan robine ti koule, pena presion ditou. Zis tank ki ranpli tigit tigit. Bann ki pena tank dan problem net », fait-on comprendre. Lorsque l’eau est enfin distribuée, par le biais de camions-citernes, les habitants doivent être prêts depuis très tôt le matin avec leurs récipients pour assurer au minimum leurs besoins élémentaires.

Une situation qui suscite la déception de part et d’autre. « Quelle honte ! Cela traduit un manque de planification des gouvernements et un manque de vision à long terme. Ils ne travaillent que pour se faire réélire et le reste ne les intéresse pas. Ce problème d’eau dure depuis 15 ans », proteste-t-on des plus énergiquement.

Le bal des camions-citernes

Avec les coupures plus sévères initiées par la CWA pour les régions susmentionnées, le recours aux camions-citernes stresse de nombreuses personnes. Parfois, les camions sont en retard ou ne viennent pas. Me Somand Kumar Adheen, qui habite Quatre-Sœurs, explique : « Les camions ne passent pas à des horaires convenables. Parfois, c’est fort tard, et les habitants sont obligés de rester éveillés et d’attendre… Ce n’est pas facile après une longue journée de travail. Pa kone ki ler kamion pou vini, ki ler tank pou ranpli, ki ler pou kwi e ki ler pou manze », ajoute-t-il.

Au village de Quatre-Sœurs – comme dans d’autres régions –, le problème de disponibilité d’eau potable vire au cauchemar, en particulier pour les villageois qui habitent sur les hauteurs et qui doivent descendre plus bas, chez les voisins, pour pouvoir collecter de l’eau pour survivre. Somand Kumar Adheen cite le cas notamment des rues Marie-Jeanne et Greedharry . « Les robinets ne coulent que trois heures par jour, mais certains habitants de la région m’ont dit qu’ils n’avaient pas eu d’eau pendant quatre jours d’affilée. Ils ont fait des plaintes à la CWA », ajoute-t-il.

Dans de nombreuses régions, c’est la déprime, pour ne pas dire la psychose, depuis ces dernières semaines. « Eski an 2022 nou bizin viv koumsa ? Atann kamion dilo toulezour, sa ki feel good factor ki PM pe dir ? Nou pe viv dan preistwar. » Un habitant de New-Grove soutient : « La CWA a donné des instructions pour diminuer la pression d’eau aussi, parce que lorsque l’eau coule enfin, nous n’avons droit qu’à un filet. ».
Les premières pluies de janvier sont venues donner un peu d’espoir aux Mauriciens pour des lendemains meilleurs, mais le manque de suivi des projets annoncés pour assurer un approvisionnement d’eau sur le long terme continue d’être décrié.

Si les grosses pluies d’été n’arrivent pas à temps, nombreux sont ceux qui s’inquiètent de savoir comment ils vont pouvoir faire face à la situation dramatique qui prévaut. Le projet de Rivière-des-Anguilles Dam revient également sans cesse dans les conversations des habitants du sud. Ce projet, qui se fait toujours attendre, visait à assurer la fourniture d’eau à usage domestique ainsi que pour l’irrigation dans toute la région sud, sud-ouest et certaines localités du sud-est.

Le barrage devait être construit près du village de Tyack et complété fin 2024, annonçait Pravind Jugnauth lors d’une Site Visit… en 2020. Depuis, silence radio, ou “kadna lor labous”. Il avait pourtant promis qu’un suivi du projet allait être fait « pour garantir que l’avancement des travaux s’effectuerait dans les délais prévus », peut-on lire dans le communiqué du Government Information Service publié à cette même période.

Le délai dans la réalisation de ce projet vital fait grincer des dents, en comparaison avec la construction du métro, qui se déroule sans délai. « Pe fer bel bel anons dan bidze. Pe dir pou ranz dam me depi ler, zot inn dormi ar sa proze-la. Sa montre zot linkonpetans. Nek pe fer metro mem, sa zot konn al vit, me robine sek. Zafer pli inportan pa pe pran kont », dénonce-t-on avec véhémence.

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