Estuaire de Terre Rouge : le sanctuaire encrassé pour la deuxième fois

Le Rivulet Terre Rouge Estuary Bird Sanctaury (RTREBS) s’étouffe. Durant la semaine, le wetland officiellement décrété Ramsar Site of International Importance a été pour la deuxième fois victime d’une oil spill, et ce, en l’espace de deux mois ! Après une première fuite de 1 500 litres de heavy fuel oil le 18 janvier dernier, causée par une des pompes endommagées de Marine Biotechnology Products Ltd (MBPL), le 11 mars ce fut au tour de la compagnie Washright Services Ltd de connaître le même sort, déversant une importante quantité d’huile lourde dans la rivière. Un drame écologique qui semble pourtant être passé comme une lettre à la poste…

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Une recherche rapide sur Google Earth suffit pour voir l’incohérence de l’aménagement du territoire dans cette partie de l’île. En effet, à proximité du sanctuaire de 26 hectares qui accueille des centaines d’oiseaux migrateurs, se trouve une zone industrielle maritime tout aussi grande. C’est dire que tôt ou tard, l’on devait s’attendre qu’un tel incident se produise… comme c’est le cas avec une fuite d’huile dans deux compagnies différentes. Si lesdites compagnies ont effectivement assumé leur part de responsabilité, et que les opérations de dépollution par les autorités et Polygreen, notamment, ont été activées, ce genre d’incident est-il appelé à se répéter, mettant en péril une faune et une flore extrêmement fragilisée ?

Une réserve protégée de haute importance
Dans le Management Plan-Rivulet Terre Rouge Estuary Bird Sanctuary 2015-2020 publié par la Mauritius Ports Authority, il est ainsi indiqué que “the Mauritius Ports Authority (MPA), a corporate body enabled under the Ports Act of 1998 to regulate and control the port sector, has embarked on an overall plan of structural reforms including infrastructure and facilities. As the RTREBS falls within its tenure boundaries and may be affected by the proposed expansion plans, the MPA has commissioned a Management Plan for the wetland. This Management Plan is developed for the purpose of describing the character of the wetland, evaluating current and potential future impacts – both natural and human induced – and providing management objectives over a 5 year horizon up to the year 2020.” Quatre ans plus tard, que s’est-il passé de ces recommendations ?

Cela étant dit, l’Organisation non gouvernementale Platform Moris Lanvironnman (PML) n’a pas tardé à réagir. Elle indique que “ce qui est encore plus inquiétant, c’est que c’est le deuxième déversement en moins de deux mois dans le Rivulet Terre Rouge qui se retrouve dans l’estuaire de Rivulet Terre Rouge lui-même. Les endroits impactés n’ont même pas eu le temps de se remettre qu’ils subissent un deuxième déversement important de fioul. Cet estuaire, rappelons-le, est un site Ramsar, soit une réserve protégée de haute importance pour le monde – classé comme tel car il accueille 14 espèces d’oiseaux migrateurs réguliers ainsi que trois espèces de plantes endémiques.”

Responsabilité des compagnies
Si Marine Biotechnology Products ltd (MBPL) et Washright Services Ltd ont reconnu leurs torts et que les autorités se veulent rassurantes, l’inquiétude persiste. L’ONG s’interroge ainsi sur le rôle des conglomérats opérant à proximité de l’estuaire. “Les compagnies utilisant le fioul et situées dans la zone industrielle de Riche Terre, comme dans toute autre zone industrielle ou ailleurs, doivent s’assurer que leurs installations sont non seulement aux normes, mais aussi que toutes leurs installations sont soumises à des audits techniques et environnementaux fréquents. Il ne sert à rien de produire des Environmental, Social and Governance (ESG) reports flatteurs chaque année si dans la réalité le management et les cadres ne font pas ce qu’il faut pour s’assurer que le maximum de mesures de protection a été pris et que ces mesures fonctionnent. Sinon, ces rapports ne seraient que du greenwashing. Il faudrait peut-être aussi envisager des amendes plus lourdes dans des cas de déversement de fioul.”

Du côté des autorités, l’on indique que le pompage des hydrocarbures contenus s’est effectué le 11 mars 2024 par Virgin Oil Company Ltd. Au 14 mars 2024, 42 500 litres d’hydrocarbures mélangés à de l’eau ont été collectés et livrés à Virgin Oil Ltd. Par ailleurs, selon les analyses du National Environnemental Laboratory (NEL), “no oil and grease were detected in the samples collected from the estuary on both 11 and 12 March 2024.” À savoir que le 11 mars, lors de faits, près de 9 mètres de boudins absorbants avaient été étendus par Marine Biotechnology Product Ltd, soit dit en passant la même compagnie ayant connu une fuite en janvier. Les services de l’entreprise Polygreen Ltd et Virgin Oil Ltd ont été retenus par l’entreprise Washright Services Ltd, qui a dû s’acquitter d’une fixed penalty de Rs 25 000…

“Suite au premier déversement au Rivulet Terre Rouge, Marine Biotechnology Products Ltd avait demandé à la Mauritius Wildlife Foundation (MWF) de faire une étude d’impact sur la faune et la faune du Terre Rouge Bird Sanctuary. Il est presque certain que le suivi n’est pas terminé dans ce cas et voici qu’intervient un deuxième cas, dû à Washright Services Ltd cette fois”, regrette PML.

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