Industrie cannière : introduction des petites récolteuses pour compenser le manque de main-d’œuvre

  • Le ministre Seeruttun « confiant que des variétés de canne plus performantes seront disponibles prochainement »

Le Centre de Coopération internationale en Recherche agronomique pour le Développement (Cirad) et son partenaire eRcane ont signé un accord cadre avec la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) au sujet de l’introduction à Maurice des petites récolteuses utilisées à La-Réunion connues comme la koupez pei. C’était en marge de l’ouverture d’un atelier de travail sur les variétés de la canne organisé à la salle Bonâme hier matin. L’accord a été signé par Bernard Siegmund directeur du eRcane et Satish Purmessur, Chief Executive Officer de la MCIA en présence du ministre de l’Agro-Industrie Mahen Seeruttun.

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Le ministre a fait état de l’existence des plans de soutien financier pour le besoin de la recherche et développement, de l’irrigation et des facilités de pépinières, ainsi que de l’achat des récolteuses pour les petits agriculteurs. Il a souligné que pour atténuer le problème de manque de main-d’œuvre dans le secteur cannier, le gouvernement a adopté trois axes d’intervention.

Le premier demeure la mécanisation de toutes les pratiques culturales. En 2023, 65 % de la récolte a été effectuée de manière mécanique. Dans cette perspective, la MCIA a été appelée à présenter un plan d’action le plus rapidement possible sur la préparation des champs pour la récolte mécaniquement incluant les terres les plus difficiles en raison de leur topographie, l’état rocheux et l’accessibilité. C’est dans ce contexte que se situe l’accord conclu par la MCIA avec les autorités réunionnaises.

Le deuxième axe consiste à avoir recours à l’importation de la main-d’œuvre.  Le troisième porte sur l’application de la nouvelle technologie pour toutes les pratiques autres que la récolte et la plantation.

La MCIA a mis en avant l’utilisation des drones pour l’application des herbicides et même des engrais foliaires. L’introduction de ces nouvelles mesures annoncées vise à attirer les jeunes dans le secteur sucrier.

« Je suis confiant que des variétés de canne à sucre plus performantes seront disponibles prochainement à travers la recherche effectuée au niveau local, mais aussi à travers la collaboration régionale – surtout avec cette longue relation d’amitié que nous entretenons avec les chercheurs à la Réunion », affirme le ministre.

Situant le rôle moteur du sucre dans l’économie, il indique que la production sucrière avait atteint un niveau record de 800 000 tonnes de sucre en 1973.  Avec le boom sucrier des années 70, les recettes étaient encore plus intéressantes, permettant la diversification de l’économie. « Toutefois, cette période euphorique n’a pas duré longtemps. Avec le démantèlement du protocole sucre la situation s’est détériorée », concède-t-il, la situation s’aggravant entre 2010 et 2020 avec une réduction considérable du cours mondial et d’autres contraintes pesant sur le secteur, dont la pénurie de main- d’œuvre, conséquence du vieillissement de la population agricole.

À Maurice, le gouvernement est intervenu avec des décisions afin d’assurer la survie de ce secteur économique. Le tournant a été franchi avec la fixation du prix de la bagasse à hauteur de Rs 3.50 le KWh en 2021. En vue de redynamiser l’industrie cannière, un plan de soutien, dont le Biomass Framework, a été mis en place.

Mahen Seeruttun réitère que le pays aura besoin davantage d’énergie verte, surtout avec l’engagement pris par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, d’éliminer graduellement l’utilisation du charbon dans la production d’électricité.  D’ici à 2030, 60 % de la production d’électricité devrait provenir de sources renouvelables. « Avec un prix pour l’électricité plus intéressant et la possibilité d’exploiter la paille de canne comme une autre source de combustible, les recettes devront être plus intéressantes. Nous ferons tout pour que le pilier de la biomasse locale reste la canne à sucre », poursuit-il.

L’industrie sucrière a la capacité de produire jusqu’à 375 GWh d’électricité à partir de la bagasse et de la paille de canne. Pour cela, le gouvernement a approuvé une série de propositions pour assurer une production cannière allant de 2,8 à 3 millions de tonnes à compter de 2028.

Ces mesures incluent, entre autres, la mise en place d’un système de soutien financier visant à accorder des prêts pour le renouvellement des plantations de canne à sucre à un taux d’intérêt préférentiel de 2 % par an, payable sur quatre ans. À cet effet, une provision de Rs 500 millions a été débloquée pour l’exercice 2023-24.

Dans le cadre d’un système de gestion optimale des terres agricoles, les petits agriculteurs sont encouragés à renouveler leurs plantations de canne à sucre et à remettre en culture les terres précédemment abandonnées. Une subvention de Rs 118 500 est versée aux petits agriculteurs possédant un maximum de 15 hectares de canne à sucre. Une enveloppe de Rs 75 millions est prévue pour l’exercice 2023-2024. Tous les agriculteurs cultivant moins de 100 hectares de canne à sucre ont droit à 250 kg d’engrais par arpent pour l’entretien de leur repousse. 50 % du coût est récupéré après la récolte.

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