Le Lambic et le bâtiment de l’agence Publico : Voués à la disparition… ?

Les exemples de bâtiments historiques en péril ne se comptent plus sur les doigts de la main à Port-Louis, dont ceux sis à la rue St-Georges. L’édifice qui abritait jadis l’agence de publicité Publico se meurt dans l’indifférence, d’autant qu’il a été enlevée de la liste des patrimoines nationaux. On ne compte plus le nombre de fois où Week-End a alerté les autorités sur la nécessité d’établir un plan de sauvetage de ce joyau jouxtant les locaux du Le Mauricien Ltd. Le sort de l’ancien restaurant Lambic ne tient également plus qu’à un fil. Le spectacle est révoltant, d’autant que les deux bâtisses sont considérées comme étant des attractions touristiques.

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Le parfum de houblon titillait les narines et excitait le gosier ! Le cadre avait un air de passé recomposé et distillait du charme et de la douceur de vivre. Typiques du style architectural créole mêlant le bois, la pierre taillée et un toit à forte pente, le restaurant Lambic faisait jadis la fierté des habitants de la rue St-Georges jusqu’à ce qu’il ne ferme définitivement ses portes en 2020. Amputé depuis 2021 de son célèbre manguier — sur lequel un voleur fut abattu, dans les années 1970, par le maître de la maison coloniale, qui craignait pour la sécurité de sa famille —, l’édifice avait été vendu à d’autres propriétaires qui auraient, dit-on, fait marche arrière quant à l’éventualité de le restaurer.

On reste bouche bée devant ce désastre. Oui, le mot n’est pas assez fort pour décrire ce qu’il est advenu de ce lieu emblématique désormais entouré de mauvaises herbes s’élevant jusqu’à la toiture qui semble avoir cédé à certains endroits. ll ne reste qu’un décor dépouillé de sa superbe d’antan, des carreaux cassés, un sol défoncé, des panneaux pourris. L’une des fenêtres s’est volatilisée, alors que le mur d’enceinte se disloque à vue d’œil, victime des pilleurs et de l’usure. Et pour couronner le tout, il s’avère que des toxicomanes, rats et autres bestioles se sont emparés des lieux. Un véritable crève-cœur.
À quelques pas du Lambic se trouve une autre bâtisse, mi-cachée à l’ombre de grands sapins et palmiers, mais qui attise systématiquement la curiosité des touristes avides de découvrir ces joyaux l’architecturaux datant de l’époque coloniale française. Sauf que, face au marasme dans lequel se trouve la bâtisse, abritant auparavant l’agence de publicité Publico, les vacanciers s’en vont souvent le cœur gros au moment d’être mis au parfum du terrible sort qui pourrait lui être réservé à l’avenir. Et dire qu’elle est connue commé étant la deuxième bâtisse, sise à la rue St-Georges, à Port-Louis, à avoir figuré sur la liste des patrimoines nationaux

L’édifice à étage, avec son toit en bardeau, ses lambrequins blancs et ses immenses colonnades au rez-de-chaussée, avait de faux airs de maison-château. Certes, la magnifique maison coloniale est aujourd’hui en totale décrépitude, avec des airs de maisons hantées, elle demeure un bijou d’architecture coloniale dont la splendeur témoigne à la fois de son ancienneté et de la richesse de ses premiers propriétaires. Les générations futures ainsi que la clientèle touristique seront à coup sûr privées des mille facettes de ce lieu mythique si des mesures urgentes ne sont pas prises pour lui redonner ses lettres de noblesse. Sauf que les années s’égrènent sans que personne ne se décide à sortir de sa léthargie.L’édifice des Kathrada retrouve son lustre d’antan

Au détour de notre périple au cœur de la capitale, un autre édifice en pierre taillée, faisant l’objet de travaux de rénovation, a attiré notre attention. Il est situé à l’angle des rues Rémy Ollier et Bourbon. Sur place, nous rencontrons des ouvriers qui n’ont pu nous fournir des détails sur le propriétaire dudit bâtiment. C’est finalement grâce aux précieuses informations que nous a fournies Devarajen Kanaksabee, président du Mauritius Tamil Council et amoureux du patrimoine, qu’on a appris la genèse de ce joyau architectural.
Au-delà de ses prérogatives au sein de son mouvement socioculturel, Devarajen Kanaksabee possède moult photos, documents et articles liés au patrimoine qu’il poste fréquemment sur sa Facebook. On s’est donc tourné vers lui avec l’espoir qu’il éclaire nos lanternes sur l’édifice niché à angle des rues Rémy Ollier et Bourbon. Bien nous en a pris, puisque le principal concerné soutient avoir déjà écrit un article au sujet de ce bâtiment dans le journal The Nation dans les années 1980.

Devarajen Kanaksabee affirme que c’est la famille Kathrada, grand négociant de la capitale à la rue Royale, qui en est le propriétaire. « La construction date de l’ère britannique. L’une des héritières habitait à l’étage. Il y avait des stores au rez-de-chaussée pour le magasin Kathrada. À la rue Rémy Ollier, le beau-frère de Cassam Uteem, M. Jahangeer, tenait un magasin de pièces automobiles. Ce bâtiment se caractérise par son magnifique revêtement du sol qui est composé de grandes pierres taillées presque uniformes », dit-il. Chapeau bas !

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