Le nouvel évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, prend le pari de la jeunesse avec sa première lettre pastorale, rendue publique, hier, en demandant à chaque jeune, indistinctement de son horizon culturel, à devenir « le messager et le constructeur de la mauricianité tant voulue. » Le document proposé et intitulé Zenes, dibout pou to pei!, d’une approche pédagogique, permettant à la jeunesse républicaine de se retrouver et de s’identifier, comprend une invitation personnelle de l’évêque « à rédiger ton projet de société pour l’île Maurice et Agalega », notamment par rapport aux attentes au niveau de l’éducation, de l’écologie et « tes préoccupations concernant bon nombre de jeunes adultes qui veulent émigrer au Canada, en Australie, pensant trouver un meilleur avenir ».
Avec en toile de fond la conjoncture de campagne électorale, Mgr Jean-Michaël Durhône fait comprendre aux jeunes que « la responsabilité politique est plus large qu’élire et voter. » Pour les besoins de la présentation d’hier, l’évêque de Port-Louis avait à ses côtés le vicaire-général, le Père Georgy Kenny, mais aussi des jeunes.
En guise d’introduction au document, Mgr Durhône pose cette question essentielle aux jeunes : « Est-ce que la conscience politique et citoyenne n’a besoin d’être cultivée qu’au moment des élections ? » Pour l’évêque de Port-Louis, il est clair qu’une réflexion est essentielle pour parvenir à construire la société mauricienne. Il précise que les jeunes ont une responsabilité citoyenne de voter.
Cette lettre pastorale, adressée aux jeunes de la République de Maurice, des Chagos et d’Agalega, après la fête de Pâques, entend « ouvrir enn nouvo orizon ar nou bann zenes. » Il dit croire fermement dans le potentiel de cette jeunesse qui mérite d’être mis en lumière. Pour l’évêque de Port-Louis, souvent le regard porté sur un jeune est négatif : « Zenes ki pou fer ar zot? » Toutefois, il maintient que « nou bizin fer bien atansion, zenes pa gaspiyaz, zot ena boukou valer. » Il suffit, dit-il, d’accorder aux jeunes cet espace souhaité pour qu’ils puissent faire la démonstration de leur potentiel et accomplir de grandes réalisations pour leur pays.
L’évêque souligne qu’il est important pour un jeune de bien comprendre la signification de vivre d’une manière politique et citoyenne. « Nous vivons dans un monde en pleine transformation. C’est aussi le devoir de tout citoyen de s’engager à la construction de l’avenir de la société mauricienne », fait-il comprendre.
S’adressant aux jeunes, il leur dit que c’est à eux de contribuer à redonner à la politique ses lettres de noblesse. « En te réappropriant la politique et la citoyenneté, l’engagement politique peut devenir un chemin d’espérance. Tou se ki nou fer dan nou lavi amenn nou koz politik dan so grander. » Pour Mgr Durhône, si ce thème est mis en avant, c’est pour réaliser le vivre-ensemble. « La question citoyenne est de vivre-ensemble est très importante. Car nous avons grandi avec différentes cultures et religions. Nous avons cette responsabilité de travailler pour le bien de la société. Cette conscience citoyenne et politique nous fait aussi prendre conscience de la manière dont nous maîtrisons certains actes de violence », avance-t-il.
La mauricianité plutôt
Dans cette lettre pastorale, l’évêque de Port-Louis évoque aussi la formation des jeunes au leadership social et politique, à l’apprentissage de la démocratie. Ce leadership se développe, fait-il ressortir, à travers des formations. « On s’est aussi attardé sur ce mot mauricianisme qui n’est qu’une jolie idée mais qui ne donne rien dans du concret alors que si on utilisait le mot mauricianité cela parlerait plus d’une expérience, d’une façon de vivre, d’interagir entre nous. »
Mgr Durhône s’appesantit sur le fait qu’un jeune a aussi une responsabilité citoyenne dans la manière de voter. « Beaucoup de pays se plaignent d’un taux d’abstention des jeunes quand il s’agit de voter. Cette question nous interpelle aussi à Maurice. N’est-ce pas important de faire cet acte politique de voter ? Dans les défis politiques, un jeune a aussi sa responsabilité de développer un projet de société dans les écoles, dans sa paroisse, c’est la raison pourquoi le Pape François demande aux jeunes de ne pas laisser les marchands de la mort voler leurs rêves », poursuit-il. Il invite ainsi les jeunes à réfléchir et à formuler leurs projets de société.
Partant de grands textes, documents de références tels que Vatican II, publiés par l’Église Catholique, Mgr Durhône situe le but de la politique en plusieurs axes : réaliser le vivre ensemble, poursuivre le bien commun, maîtriser la violence, entre autres. Pour mener à bien ces chantiers, il invite les jeunes à s’engager : « Solidaire du genre humain, tu ne peux te détourner des réalités de ce monde en pleine transformation. C’est ton devoir de citoyen de t’engager à la construction de l’avenir de la société mauricienne. C’est à toi de contribuer à redonner à la politique ses lettres de noblesse. En te réappropriant la politique et la citoyenneté, l’engagement politique peut devenir un chemin d’espérance », exhorte-t-il encore.
Mgr Durhône souhaite être à l’écoute de tous les jeunes de toutes les communautés. Pour cela, il veut entendre leurs rêves, leurs aspirations, leurs propositions sur la jeunesse d’aujourd’hui. Il suffit d’envoyer un e-mail au diocesepl@gmail.com
Pour sa part, le père Kenny a dit que les gens peuvent scanner un code QR pour écouter un extrait de la lettre pastorale en créole. Deux codes QR ont été mis à jour, et le second pour la version audio sur la page YouTube du diocèse de Port-Louis.
La Lettre pastorale est disponible en version écrite en français sur le site Web du diocèse de Port-Louis, dans La Vie catholique et la version en créole dans le même journal du 4 au 5 mai 2024, sur le site Web du diocèse de Port-Louis, en version audio en créole sur la page YouTube du diocèse de Port-Louis. Et le fichier circulera via WhatApp.
Mgr Durhône présentera la Lettre pastorale chaque troisième dimanche du mois à 20h sur la MBC TV. La première émission sera diffusée le dimanche 21 avril. Par ailleurs, le livret Zenes, Dibout pou to pei ! sera en vente dans les paroisses les 27 et 28 avril.