Lettre pastorale – Le cardinal Piat : « Nous traversons une crise morale majeure »

Les séquelles de la pandémie de Covid-19, les tensions politiques dans le monde, la crise écologique, la corruption au sein de nos institutions… Autant de défis auxquels la société mauricienne est confrontée aujourd’hui. Pour, l’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice E. Piat, « nous traversons une crise morale majeure ». Ce qui l’a inspiré pour sa Lettre pastorale 2023, Marcher ensemble, c’est ouvrir un chemin d’espérance. Face à cette situation, il invite à s’ouvrir aux autres et à placer le partage, l’entraide et la solidarité au centre de notre vie.

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*Début de la conférence à 11:40.

Comme chaque année, pendant le carême, le cardinal Piat publie sa Lettre pastorale, qui invite à la réflexion sur un thème précis. Cette année, il a choisi l’espérance, face aux nombreuses difficultés auxquelles le monde est confronté aujourd’hui. « En ce carême, je voudrais vous parler d’espérance. Je sens que le peuple mauricien est éprouvé. Il me semble que nous avons tous besoin de retrouver quelques rayons de ce soleil qui se cache derrière des nuages sombres », explique-t-il en guise d’introduction. Marcher ensemble, c’est ouvrir un chemin d’espérance est ainsi une invitation à ne pas se replier sur soi face aux difficultés, mais au contraire à s’ouvrir aux autres et, surtout, à « reconnaître que nous avons besoin les uns des autres ».
Le cardinal Piat rappelle ainsi que le monde va mal en ce moment. Il évoque les séquelles de la pandémie de Covid-19, les tensions politiques sur le plan international et la crise écologique, entre autres. « Notre pays aussi va mal, même s’il y a une reprise dans le secteur du tourisme. Il y a de grandes préoccupations par rapport au coût de la vie, avec l’inflation galopante. Cela pèse très lourd pour une frange de la population », fait-il comprendre.
Le chef de l’église catholique à Maurice parle également de ses inquiétudes face au problème de drogue qui affecte la société. « La drogue, qui circule facilement dans le pays, affaiblit la jeunesse, détruit les familles et corrompt les institutions. L’attrait de l’argent facile devient un problème majeur », s’insurge-t-il. L’Église, reconnaît-il, passe également par des moments difficiles avec le scandale des abus sexuels. Le manque de prêtres demeure aussi une grande préoccupation.
Au milieu de tout cela, le cardinal Piat invite à ne pas nous endormir et à trouver l’espérance. « Il faut d’abord reconnaître que nous traversons une crise morale majeure. Il y a un dysfonctionnement de nos institutions. » Mais les difficultés n’empêchent pas d’avancer, souligne le cardinal. « En tant que chrétien, il faut reconnaître que le temps de crise est aussi un moment où le Seigneur nous interpelle et nous ouvre les yeux sur les opportunités à saisir pour le bien commun. »
Pour saisir ces opportunités, ajoute-t-il, le pape François donne un mot d’ordre : marcher ensemble. Ce qui implique s’ouvrir aux autres, et non pas se replier sur soi, dit-il. Le pape a lui-même donné l’exemple. « Pour la première fois, tous les chrétiens du monde sont convoqués au synode, et pas seulement les évêques. À Maurice également, nous avons discuté ; il y a des gens qui ont remis en question plusieurs choses au sein de l’Eglise. Par exemple, on nous dit que nous ne sommes pas assez accueillants envers ceux qui se sont éloignés », s’est-il appesanti.
Ce thème de l’ouverture et de l’accueil sera repris à la prochaine réunion des évêques africains, qui se tiendra la semaine prochaine à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le thème étant Élargis l’espace de ta tente. Ce qui implique l’accueil d’autres personnes et d’autres idées. Pour le cardinal Piat, « quand on marche ensemble, c’est l’espérance qui jaillit ».

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