Opération « Kot Nou’nn Fote ? » : alerte maximale avec Omicron nettement plus virulent que Delta

Coup dur pour le tourisme et l’immobilier de luxe, qui ont misé sur le marché sud-africain pour la relance post-Covid-19.

  • Deux derniers vols ce week-end pour Air Mauritius, qui exploitera
    subséquemment le Cargo Mode sur la ligne Maurice-Afrique du Sud
  • Les fruits, légumes et fleurs importés d’Afrique du Sud en quarantaine
    obligatoire pendant 48 heures à l’aéroport
  • Progression phénoménale du nombre de décès akoz-Covid, passant de 84
    au 1er octobre à officiellement 455, et au moins 516 à vendredi dernier

La situation sur le front de la pandémie du Covid-19 a amorcé en fin de semaine une tournure encore plus dramatique. Pas seulement pour Maurice en raison de sa proximité géographique avec l’Afrique du Sud, le foyer du nouveau variant Omicron, nettement plus virulent en termes de contagiosité que le Delta, mais aussi pour le monde entier. D’ailleurs, dès la confirmation de la présence de cette nouvelle souche, les initiatives se sont multipliées que ce soit au niveau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais aussi des mesures s’apparentant à une alerte maximale contre les risques potentiels de propagation. Conscientes de la gravité de la situation et suite à la décision de la Grande-Bretagne d’interdire toute liaison aérienne avec l’Afrique du Sud et les pays limitrophes, les autorités mauriciennes ont annoncé l’interdiction de toute connexion aérienne avec l’Afrique du Sud dès ce soir, après les deux derniers vols effectués par Air Mauritius ce week-end. En parallèle, de strictes mesures de contrôle sanitaire sont adoptées en vue de réduire au maximum la possibilité d’introduction de la souche Omicron compte tenu des conséquences désastreuses de la prévalence du variant Delta dans le pays. D’autre part, même si jusqu’ici le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, tente toujours de relativiser le nombre de décès, la progression phénoménale ne peut être occultée. D’ailleurs, les chiffres, excluant les décès liés à la pandémie mais attribués à des comorbidités, en attestent, passant de 84 au 1er octobre à 455 à vendredi dernier. Même si l’on sait que le nombre global de décès avec la pandémie dépasserait déjà plus de 600 avec d’autres sources parlant de plus d’un millier. D’ailleurs, tenant en ligne de compte le chiffre de 395 décès au 20 novembre, révélé par le ministre de la Santé, mardi à l’Assemblée nationale, et ajoutant les 121 de cette semaine, le compte arrive à 516 à vendredi dernier.

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Avec le variant Omicron, les secteurs susceptibles d’être les plus touchés par la décision du gouvernement de suspendre les liaisons aériennes entre l’Afrique du Sud et Maurice sont le tourisme et l’immobilier de luxe, notamment les Integrated Resort Schemes. En début de week-end, le secteur de l’hôtellerie prend la mesure de cette fermeture de frontières avec l’Afrique du Sud principalement, surtout avec l’approche des fêtes de fin d’année. Les milieux autorisés évitent de ventiler les chiffres d’annulation de réservations de clients sud-africains, préférant se concentrer sur les stratégies de secours.

« Il est évident que l’hôtellerie va prendre un sérieux coup avec ce nouveau développement hors de notre contrôle provoqué par le variant Omicron. L’Afrique du Sud est le troisième plus important marché, après la France et la Grande-Bretagne. Mais ce qui est positif, c’est que cette décision de suspension est intervenue assez rapidement, évitant à la destination de se retrouver dans des listes rouges, que ce soit des pays européens ou autres, avec des préjudices plus conséquents sur le plan du marketing de la destination touristique », fait-on comprendre dans les milieux avisés de l’industrie se préparant à ajuster la stratégie aux nouvelles données.

Par ailleurs, le secteur de l’immobilier de luxe, qui a fait preuve de résilience en dépit des répercussions de la pandémie, devra ressentir conjoncturellement des effets de ce gel des liaisons aériennes entre les deux pays. Les dernières indications étaient que’« the property market was very buoyant with more and more South Africans keen to invest. »
Toutefois, les sociétés immobilières, spécialisées dans ce segment du marché de luxe, se préparent à rebondir une fois que la problématique du variant Omicron aura été mise sous contrôle avec un début de retour à la normale. Mais pour l’instant, ils préfèrent adopter la posture reculer pour mieux sauter, car « la demande pour l’immobilier à Maurice existe en Afrique du Sud ».

Néanmoins, dans l’immédiat, le régime de contrôle est des plus stricts. Jusqu’ici, la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, assurait un vol commercial, passagers et cargo, quotidien entre Maurice et l’Afrique du Sud et retour. À partir de demain, Air Mauritius se mettra uniquement en cargo mode vu le volume du fret aérien entre le sous-continent indien et l’Afrique du Sud.

« S’il y a des passagers intéressés à regagner l’Afrique du Sud, ils pourront le fait à bord du vol cargo quotidien, car l’interdiction est dans le sens Afrique du Sud-Maurice », indique-t-on du côté du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. Deux autres compagnies aériennes, South African Airways et Fly Safair, opèrent sur ce secteur. Avec la Notice To Airmen (NOTAM), émise par le département de l’Aviation civile en fin de semaine, il est à prévoir que ces deux dernières compagnies aériennes sud-africaines se retireront de ce secteur pour l’instant.

La décision des autorités mauriciennes de suspendre la desserte aérienne et le mouvement de passagers avec des pays d’Afrique australe vise principalement à lutter contre toute introduction à Maurice du variant Omicron, avec un taux de contagiosité 500 fois plus élevé que le Delta. Les mesures accompagnant ces travel restrictions font que tout passager ayant visité l’Afrique du Sud, la Namibie, le Lesotho, le Botswana, Eswatini (Swaziland) et le Zimbabwe pendant la période de 14 jours précédant son débarquement au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport sera refoulé à la frontière, car « he will not be allowed entry or transit in the Republic of Mauritius. »

Les autorités se préparent aussi à assurer des vols de rapatriement de ressortissants mauriciens et autres détenteurs de Residence Permit et d’Occupation Permit bloqués en Afrique du Sud et dans les autres pays d’Afrique australe, ou encore des étudiants désirant rentrer à Maurice. Ces stranded Mauritians devront établir le contact avec le help desk au ministère des Affaires étrangères, soit au téléphone (+ 230 405 2576), soit par email (mfaconsular@govmu.org) ou encore avec la mission diplomatique de Maurice à Pretoria.

À hier, aucune indication n’était disponible quand le premier vol de rapatriement pourra être opéré, car il faudra disposer de la liste des Mauriciens voulant rentrer au pays. « Ensuite, l’Afrique du Sud étant un grand pays, il faudra regrouper les Mauriciens en un seul point pour compléter les formalités de départ, de même que le contrôle sanitaire », ajoute-t-on à ce chapitre.

Et à l’arrivée au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, d’imposantes mesures sanitaires sont en vigueur, à savoir :
— des tests PCR obligatoires à la descente d’avion et auto-isolement jusqu’au résultat des analyses
— en cas de résultat positif, que la personne soit symptomatique ou asymptomatique, elle sera admise dans un dedicated centre ou à l’hôpital sous le contrôle du ministère de la Santé
— ceux avec des tests négatifs seront placés sous close monitoring, avec certaines sources mentionnant la quarantaine de 14 jours, mais surtout des tests les 7e et 14e jours de leur arrivée et
— ceux ayant déjà débarqué au pays et qui ont été physiquement dans ces six pays d’Afrique australe susmentionnés au cours de ces derniers 14 jours de se soumettre à des tests PCR dans les meilleurs délais dans une médiclinique ou à l’hôpital.
Par ailleurs, le ministère de l’Agro-Industrie annonce que les fruits, légumes et fleurs importés d’Afrique du Sud feront l’objet d’une quarantaine de 48 heures à leur débarquement. Cette mesure est entrée en mesure séance tenante. De ce fait, les cargaisons pre-packed seront transférées directement de la soute de l’avion jusqu’aux chambres froides de l’Agricultural Marketing Board au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport.

Toutefois, les importateurs n’auront pas à encourir les frais de quarantaine avec « clearance by the National Plant Protection Office being issued only after the 48-hour isolation period. » Cette mesure a pour objectif de réduire les risques d’introduction de la souche Omicron à Maurice « through airborne imports of fruits, vegetables and flowers from South Africa. »

La décision d’anticipation avec la suspension des vols commerciaux avec l’Afrique du Sud n’a pas épargné Maurice d’être classée dans la catégorie de pays at risk avec le variant Omicron (B. 1.1.529). Ainsi, dès vendredi, l’État du Gujarat en Inde a inclus Maurice dans la liste de pays à risque avec l’Europe, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Bangladesh, le Botswana, la Chine, la Nouvelle-Zélande, le Zimbabwe et Hong Kong.
Les Mauriciens se rendant en Inde devront se soumettre obligatoirement à des RT-PCR Testings. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a présidé une séance de travail avec ses principaux lieutenants, dont le Cabinet Secretary Rajiv Gauba, Union Health Secretary Rajesh Bhushan, Principal Secretary au Prime Minister’s Office, P. K. Mishra and NITI Aayog Member (Health) Dr V. K. Paul.

Faisant état de ces délibérations, la presse indienne notait, hier que « Prime Minister Modi further highlighted the need for monitoring all international arrivals, their testing as per guidelines, with a specific focus on countries identified at risk. PM Modi also asked officials to review plans for easing international travel restrictions in light of the emerging new evidence. » En principe, l’Inde devra éliminer les restrictions sur la desserte aérienne internationale à partir de la mi-décembre.

Avec les développements intervenus au cours de ces dernières 24 heures, dont 61 passagers en provenance de deux vols d’Afrique du Sud testés positifs au Covid-19 à leur arrivée à Amsterdam aux Pays-Bas et des cas détectés à Hong Kong, en Allemagne et en Israël sur des passagers ayant traversé la région d’Afrique Australe, la vigilance devra être définitivement renforcée au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport.

Le plus à craindre se résume en un cocktail de la souche Omicron avec le variant Delta, dont les conséquences pourraient se révéler encore plus catastrophiques que connaît Maurice depuis au moins le mois de septembre dernier. Alors que jusqu’à la fin de la semaine le Covid-19 Worldometer de l’Organisation mondiale de la santé affichait le chiffre de 240 décès au virus invisible à Maurice, hier matin, ce décompte a été subitement ajusté à 455, un peu moins que le double. Pourtant ce ne sont que les données fournies par la Santé sans les cas de comorbidités. Au cas contraire, le bilan officieux aura déjà franchi la barre des 600, soit 607 à vendredi après-midi.

Un constat chronologique de l’évolution de la pandémie de Covid-19 depuis le 5 mars dernier fait voir qu’avec la présence du variant Delta sur le sol mauricien, l’accélération, que ce soit en termes de décès ou de contamination, a été des plus fulgurantes. Au 5 mars dernier, soit à la date du début de la deuxième vague, le nombre de décès était de 10, pour ensuite passer à 31 au 1er septembre dernier, soit pour une période de sept mois.

Jusqu’à cette dernière date, l’Hôtel du gouvernement avait adopté une approche low profile par rapport au variant Delta. Mais très vite, la dure réalité a pris le dessus, avec le nombre de victimes succombant au virus invisible passant à 84 au 1er octobre, soit 53 en l’espace d’un mois. Alors que les trois J, soit Jug-nauth, Jagutpal et Joomaye, se cantonnaient dans le déni le plus total avec l’opération Kot Nou’nn Fote avek Kovid ?, le mois d’octobre allait être encore plus catastrophique et le nombre de décès passant au double, soit de 84 au 1er octobre à 166 au 31 du même mois.

À ce stade, les spécialistes sanitaires évitent de dire si le mois de novembre représente le pic. Car du 1er novembre à vendredi dernier, l’État civil a enregistré 289 décès, dont 121, selon le ministre, pour la seule semaine écoulée, notamment le maintien de la moyenne d’un décès par heure. Voyant qu’il a été piégé par sa stratégie de communication de faire état du nombre officiel de décès akoz-Covid qu’une fois la semaine, avec le chiffre variant entre les 121 de la Santé et les 170 du compte final avec la combinaison des opérations des sociétés funèbres, le ministre Jagutpal envisage de trouver une nouvelle parade, en évitant, bien sûr, de faire état de tout bilan chiffré…

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