Roche-Bois : une odeur du gaz fait monter la température

Judex Ratna, du Groupe Mouvement social de Roche-Bois, attire l’attention des autorités sur l’odeur du gaz qui, depuis un certain temps, incommode les habitants de Camp Zoulou, rebaptisé Résidence Shell. Ce quartier, qui se trouve à quelques mètres de la route principale de Roche-Bois, est touché de plein fouet par la pauvreté et un manque cruel d’infrastructure.

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Tout a commencé, raconte Judex Ratna, lorsqu’il était parti pour une tournée dans le quartier afin d’inviter les habitants à une rencontre. « À peine arrivé chez une dame de la localité, j’ai été envahi par une forte odeur de gaz. Mes yeux brûlaient. J’avais des nausées. La quinquagénaire m’a dit qu’elle vit quotidiennement ce calvaire. Après avoir mené ma petite enquête, je découvre que c’est l’odeur du gaz qui serait la source de tous ces maux. J’ai pris contact avec les députés de la circonscription pour les mettre au courant de la situation. Je ne souhaite pas que la situation vire au drame comme c’était le cas au Liban il n’y a pas longtemps. »

Le porte-parole du Mouvement Social de Roche-Bois a réuni des habitantes de cette localité mardi dernier pour leur donner l’occasion d’exprimer leurs craintes sur le danger que représente cette odeur de gaz pour leurs enfants et leurs proches.

Marie Agnièce Jean habite cette localité depuis 17 ans. Selon elle, l’odeur du gaz commence à se répandre tous les jours à partir de 10h, et ce jusqu’à dans l’après-midi. « Pa kapav tini. Nu gran dimoun, nu lizie, nu nene, nu lestoma brile, nu anvi vomi. Mazine nu bann zanfan. Ki kantite zot bizin sibir ? » s’interroge cette mère de six enfants. L’un de ses enfants, âgé de six ans, souffre de graves problèmes de santé. Il arrive difficilement à respirer. « Je ne sais plus quoi faire. Sa vie est devenue un enfer. C’est très compliqué pour lui. » Ses beaux-parents qui vivent sous le même toit qu’elle ne sont pas épargnés non plus. « De zour an zour zot pe rantr dan laz. Zot nepli kapav siport sa loder gaz », ajoute Agnièce.

Giselaine Clair est la voisine d’Agnièce. Ses enfants éprouvent, eux aussi, de grosses difficultés pour respirer. « Nous sommes assis sur un volcan. Cela peut faire irruption à n’importe quel moment de nuit comme de jour. Mo pa swet sa arive enn zour. Pa pou ena simin pou boure », prévient-elle.

C’est pour cette raison, croit-elle, que la direction de l’entreprise d’où émane l’odeur du gaz a interdit aux familles habitant la localité d’allumer le gaz à l’extérieur de la maison. « C’est la preuve qu’ils sont conscients du danger », dira Corinne Jean-Baptiste qui était aussi présente pour exprimer sa colère face à cette situation. « Nou lavi pe fini ar gaz e avek tou kalite malpropte. »

Elsa Martin, mère de deux enfants âgés de deux et quatre ans, n’y va pas de main morte avec les députés de la circonscription qui, selon elle, sont au courant de la situation. « Nous les avons approchés en maintes occasions pour exprimer nos inquiétudes. Ils sont très insensibles. » Elle a aussi dénoncé une firme privée dans le coin qui déverse des eaux usées dans un drain à proximité de Résidence Shell. « Kouma dir nou depotwar. Ziska kan sa sitiasion la pou kontinie koum sa ?» se demande-t-elle.

Judex Ratna déplore l’attitude de Vivo Energy qui, selon lui, ne contribue « en aucune façon » à améliorer la vie des habitants dans cette localité. « La direction fait toujours de belles promesses. Résultat : zéro. »

Accompagné d’un groupe de femmes de la localité, Judex Ratna a remis une lettre au directeur de Vivo Energy (Mauritius) mardi dernier. Lettre dans laquelle est écrit : « On behalf of the inhabitants of Roche-Bois, we are informing you that we are receiving complaints from old people and children namely that they are affected by the smelling of gas in our area. This may result into a health issues in a near future.

We shall be grateful if you could kindly schedule a meeting with the (5) representatives of Groupe Mouvement Social Roche-Bois to find out possible solutions. »

Pour rappel, en décembre de l’année dernière, Anwar Husnoo, alors ministre des Administrations régionales, avait promis aux habitants de Roche-Bois qui vivent dans des abris de fortune et dans des conditions précaires qu’il allait leur rendre visite après les élections générales. Il s’était rendu sur place pour un constat de visu de la situation au Quartier Shell.

« Le ministre Husnoo était accompagné de Steven Obeegadoo, d’Ismaël Rawoo et de Jean-François Chaumière qui était le Senior Advisor du Prime Minister’s Office à cette époque. Le constat avait choqué plus d’un : maisons en tôle exiguës, conteneur transformé en école maternelle, canal d’évacuation rempli de détritus, routes souvent inondées lors de grosses pluies », relève Judex Ratna.

Après cette visite, Steven Obeegadoo avait déclaré que cette situation dure depuis trop longtemps à cet endroit. Et le travailleur social d’ajouter : « Les gens vivent dans des conditions sociales difficiles, surtout à un moment où Maurice aspire à se moderniser davantage. »

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