Sous l’effet de Batsirai : La culture vivrière en souffrance

30% des légumes aux champs affectés

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40 à 50% des serres détruites

Les planteurs pris de court par la violence du cyclone

Les planteurs font grise mine. Avec son lot de fortes rafales et de pluies tantôt modérées, tantôt très fortes, dépendant des régions de l’île, Batsirai a anéanti une bonne partie des cultures de légumes, avec un triste constat dans les champs. En général, et selon des planteurs, au minimum 30% de la culture vivrière a été abîmée, et le reste présentera sûrement une qualité inférieure à cause du trop-plein d’eau dans les champs et les dégâts causés par les rafales.

Les planteurs du sud et du sud-est du pays ont eu plus de chance, car ces régions ont été moins affectées par les rafales et les averses. En revanche, au nord et au nord-ouest notamment, les dégâts sont plus conséquents, avec 50% des légumes dans les champs touchés. Un tel constat confirme que les prix vont prendre l’ascenseur dans les prochains jours, même s’il faudra attendre la fin de la semaine pour un bilan chiffré du passage du cyclone, notamment au niveau de la Chambre d’agriculture.

Ce qui est certain à ce stade, c’est que dans les champs, une grande partie de la production de légumes pourrira à cause des pluies torrentielles « Tout va pourrir à cause de l’humidité dans le sol », dit un spécialiste. Au niveau de la plantation de bananes, fruits très appréciés des Mauriciens, beaucoup de bananiers sont à terre, et cela va avoir un gros impact sur la production locale et sur la qualité.

Résultat : dans les foires et supermarchés, le consommateur verra arriver beaucoup de produits dans les prochains jours, mais d’ici deux à trois semaines, il y aura un creux, ce qui s’explique par l’impact des pluies et des rafales sur les légumes dans les champs. Les planteurs souffriront. Cela d’autant que les vents violents ont contribué à abîmer une bonne partie de la production, de légumes en particulier, dont la pomme d’amour, le giraumon et le chouchou, avec une baisse de production dans les semaines à venir.

Et bien sûr, les prix vont grimper, comme c’est toujours le cas après un cyclone. Exemple : un planteur dont les clients sont des distributeurs parle d’une hausse de Rs 30 sur le kilo de carottes, qui se vendait à Rs 40 avant le cyclone et, depuis hier, ce planteur vend le kilo de carottes au prix de Rs 70.

Si dans les champs, les légumes ont été malmenés à souhait par la forte tempête, au niveau des serres, le constat est tout aussi affligeant, voire pire. « Durant ces dernières 24 heures, trois quarts de nos serres ont été déchirées et toutes les cultures se sont abîmées, que ce soit pour les serres de tomates, de melons ou de concombres. C’est complètement fini, et là, nous avons perdu trois à quatre mois de cycle de production », explique un gros planteur engagé dans la culture sous serre.

La culture de pomme d’amour, de poivron et de concombre anglais sous serre a subi les affres de Batsirai avec un bilan provisoire de 40 à 50% des serres endommagées. « C’est trop tôt pour dresser un bilan, mais les serres sont détruites et toutes cultures faites sous serre ont des cycles longs de deux à quatre mois. Il est clair qu’avant de relancer correctement ces cultures, nous aurons un manque de produits sur le marché pendant un certain temps, car les planteurs devront reconstruire leurs structures », explique-t-on. « Les prix augmenteront, mais les rendements vont énormément baisser. Cela prendra plusieurs semaines avant que les cultures reviennent à un état normal. »

Pris de court

Les planteurs ont été pris de court par la violence de l’intense cyclone tropical, cela d’autant que les cyclones de cette puissance se faisaient rares ces dernières années. « Nous ne nous attendions pas à cette force des vents, sinon peut-être que nous aurions pu protéger davantage nos serres et prendre des précautions », regrette un planteur.
Si les petits planteurs s’attendent à une aide du gouvernement pour remonter la pente, les gros planteurs, qui assurent dans une grande mesure la sécurité alimentaire du pays, craignent le pire. « On va oublier les propriétés et les gros acteurs du marché et il va falloir qu’on se débrouille pour financer les dégâts », lâche l’un d’eux. Cela d’autant que les assurances ne couvrent pas les dégâts cycloniques.

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