Tirs Croisés – Meetings du 1er mai : quel poids sur les élections ?

Si les meetings avaient perdu de leur éclat depuis la pandémie du Covid-19, en cette année électorale, ils seront sous les feux des projecteurs. Mais à quel point néanmoins pèseront-ils dans la balance ? Parvez Dookhy, avocat et co-dirigeant de Linion Moris, avance que le 1er mai est avant tout la fête des travailleurs. Il reconnaît que ce 1er mai sera une démonstration de force, même si « tronquée au regard des stratagèmes utilisés pour ramener une foule ». Somme toute, est-il convaincu, aucune victoire électorale ne sera scellée le 1er mai. « Nous avons vu comment une alliance, supposément scellée depuis plusieurs mois, peut, du jour au lendemain, voler en éclats. En politique, tout est fragile. » En termes de chances de recueillir des votes aux élections, il prévoit même « un match équilibré entre tous les partis, y compris les forces nouvelles. » Il note avec regret toutefois que les vraies thématiques passionnent peu à Maurice. « L’électeur vote de manière assez inconsciente. Nous n’exigeons pas assez de crédibilité chez l’homme politique. L’électeur doit être exigeant et non indulgent. »

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Faizal Jeeroburkhan est d’avis que les meetings du 1er mai des dernières décennies ne sont plus des indicateurs valables de la force des alliances politiques sur le terrain. Il regrette que très peu de gens réalisent l’importance décisive de cette journée pour les travailleurs, se laissant emporter machinalement par les surenchères politiques partisanes, qui profitent aux politiciens au détriment des travailleurs et de leurs syndicats. Avec la cassure au dein de l’opposition, dit-il, le MSM ne va pas se faire prier pour capitaliser dessus et renforcer sa force de frappe. Il ajoute que « comme l’amour-propre, la sincérité et l’intégrité n’ont pas vraiment de sens en politique, nus ne pouvons nous attendre à des scénarios inimaginables ». Il met en garde les électeurs : « cette élection s’avère cruciale pour l’avenir de notre pays, pour nos enfants et nos petits-enfants. La décision de chaque électeur pèsera lourd dans la balance. »

De son côté, Rajen Narsinghen estime qu’il s’agira d’un match entre David et Goliath vu que le gouvernement dispose de plus de moyens d’injecter dans ces meetings. Commentant la cassure, il argue que « si jamais le PMSD pense retourner auprès du MSM, XLD doit au préalable s’assurer que le MSM résolve les problèmes qu’il a révélés au Parlement ». Au cas contraire, XLD a deux options : « Retourner dans l’alliance de l’opposition qui n’est, selon moi, pas fermée, ou aller avec les partis émergents, pour être crédibles ». Pour lui, la masse silencieuse (25-30%) prend sa décision à la dernière minute. Il exhorte les partis politiques à ne pas faire de politique partisane le 1er mai, mais à essayer de voir comment résoudre les problèmes des travailleurs, tels que l’érosion du pouvoir d’achat.

ME PARVEZ DOOKHY (LINION MORIS) : « L’électeur doit être exigeant et non indulgent »

La pertinence et l’intérêt des grands meetings politiques du 1er mai ont fait l’objet de débats ces dernières années, particulièrement avec l’avènement des réseaux sociaux et la diffusion en live des rassemblements, ce qui est venu altérer la donne s’agissant de la bataille des foules. Toutefois, en cette année électorale, les choses seront-elles différentes ? Ces meetings seront-ils susceptibles d’être un Electoral Game Changer ?
Il y a certainement un changement de contexte. Le Covid-19 est derrière nous d’une part et, d’autre part, nous sommes dans l’année des élections, en précampagne électorale. Le meeting du 1er mai redevient un rendez-vous politique, comme il est de tradition à Maurice. Mais il ne faut en rien oublier qu’il est avant tout la fête des travailleurs, de toutes les forces vives de la nation.
Oui, ce 1er mai sera une démonstration de force, certes tronquée au regard des stratagèmes utilisés pour ramener une foule : bus, sorties à la plage, déjeuner et éventuellement paiement cash, j’imagine, de la part de certains partis. Mais, aucune victoire électorale ne sera scellée. Je pense même que ce serait, au regard des foules, un match équilibré entre tous les partis, y compris les forces nouvelles qu’on qualifie d’extraparlementaires.

La bataille des foules entre les principaux blocs pourra-t-elle servir de jauge pour les résultats des prochaines élections ? À quel point peut-elle jouer dans la balance des votes ?
La bataille des foules sera une indication. Comme dans tout pays, une partie de l’électorat suit la tendance et vote pour le parti ou bloc gagnant. Cette réalité existe. C’est la méthode Coué. À force de dire que nous sommes forts les gens finissent par l’intégrer, le penser, et nois le devenons.
Personnellement, je pense que cela a ses limites. Nous sommes à plusieurs mois des élections. Tout est encore possible. Nous avons vu comment une alliance, supposément scellée depuis plusieurs mois, peut, du jour au lendemain, voler en éclats et ce n’est pas fini. Le PMSD avait juste intérêt à être en alliance pour être en position de force dans ses négociations avec le MSM. Donc en politique, tout est fragile et comme disait Churchill, un jour est très long en politique. Et puis, il y a les changements de situation. Navin Ramgoolam a des affaires devant la justice. Sa situation juridique devant la justice peut évoluer. Pour l’instant, il est présumé innocent mais la justice pourrait décider autrement. Donc, autant de facteurs qui peuvent tout faire basculer.

Les partis extraparlementaires, eux, ne participeront pas à cette bataille des foules le 1er mai, préférant se fixer sur le but premier de ce jour, qui est de militer pour les droits des travailleurs. Ce faisant, pensez-vous qu’il y a plus de chances que les électeurs leur accordent la possibilité de se frayer un chemin vers le Parlement ?
Linion Moris sera en meeting le 1er mai à Rose-Hill, Place Edward VII. C’est un signal fort que nous lançons. Autrefois, c’était le fief du MMM. Nous y sommes. Rama Valayden, candidat de Linion au No 19, est la grande personnalité montante du paysage politique.
Aujourd’hui, aucun des leaders des partis que j’appelle « entreprises politico-familiales » n’a de fief électoral. Ni Navin Ramgoolam, qui n’a toujours pas de circonscription, ni les autres, même Pravind Jugnauth qui pourrait être parachuté au no 7 à Piton/Rivière-du-Rempart chez Padma Utchanah, ou Xavier Duval ou Paul Bérenger ne sont assurés de leur élection à titre personnel.
Linion Moris compte démontrer que la dynamique électorale est de son côté et qu’il est en progression constante et certaine. D’autres partis extraparlementaires organiseraient, sans doute, d’autres rassemblements. C’est utile à la démocratie. Les partis dits extraparlementaires auront un devoir de s’approcher le moment venu pour accélérer la dynamique du changement profond et réel.

Qu’est-ce que la cassure de l’alliance PTr/MMM/PMSD change sur l’échiquier politique ?
Comme je l’ai indiqué, l’alliance PTr/MMM/PMSD était hyperfragile. Ils étaient comme dans une négociation de mariage qui ne prenait pas fin. Le bon sens démontrait à celui qui est lucide que leur alliance n’allait pas durer. C’était une alliance où chacun pensait d’abord à ses intérêts et à ses intérêts partisans.
Nous sommes, nous, au sein de Linion Moris, dans un état d’esprit différent. La cassure est récurrente chez les partis du pouvoir. Chacun doit se rendre compte que l’opposition parlementaire incarnée par le PMSD n’a été qu’une escroquerie institutionnelle finalement. En tout cas, sur le plan politique, l’alliance rouge, mauve et bleue a fait naufrage, elle qui avait déjà proclamé sa victoire écrasante aux élections. Il reste le PTr/MMM, ce qui nous ramène dans le schéma de 2014. 2014 signifie que le peuple les a sévèrement sanctionnés. Ils vont devoir bien maquiller leur alliance pour que le spectre de 2014 soit camouflé !

Un message aux électeurs au milieu de tout ce brouhaha précédant les élections…
Une campagne électorale, c’est un moment de vérité. Un moment où chacun explique, de manière sérieuse et profonde, ce qu’il entend faire pour le pays. Chacun doit faire son diagnostic, de ce qui ne marche pas dans le pays, et doit proposer des solutions réfléchies. Or, avec regret, les vraies thématiques passionnent peu à Maurice et l’électeur vote de manière assez inconsciente sur l’avenir, sur le projet, sur la méthode de gouvernance. Nous n’exigeons pas assez de crédibilité chez l’homme politique. Ce dernier peut venir dire tout et son contraire et ça passe. C’est comme Navin Ramgoolam qui fait comprendre que la MBC ne serait pas politisée avec lui, etc. La mémoire courte est mauvaise conseillère en politique pour l’électeur.
L’électeur doit être exigeant et non indulgent. C’est pour le bien de la démocratie, de l’intérêt supérieur de notre nation. Au cas contraire, c’est l’électeur qui est le premier à regretter son choix, son vote. L’examen du candidat, anticiper ce qu’il va faire, se fait avant le vote et pas après.

FAIZAL JEEROBURKHAN (OBSERVATEUR POLITIQUE) : « La décision de chaque électeur pèsera lourd dans la balance »

La pertinence et l’intérêt des grands meetings politiques du 1er mai ont fait l’objet de débats dans les médias ces dernières années, particulièrement avec l’avènement des réseaux sociaux et la diffusion en live des rassemblements, ce qui est venu altérer la donne s’agissant de la guerre des foules. Toutefois, en cette année électorale, les choses seront-elles différentes ? Ces meetings seront-ils susceptibles d’être un Electoral Game Changer ?
Les rassemblements politiques d’antan étaient un reflet fidèle des forces politiques sur le terrain. Les gens se déplaçaient en grand nombre à leurs propres frais et par leurs propres moyens. C’était le seul moyen à leur disposition pour assister à ces rassemblements. Les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Ils étaient animés par des convictions politiques authentiques.
Par contre, les meetings politiques du 1er Mai des dernières décennies ne sont plus des indicateurs valables de la force des partis ou des alliances politiques sur le terrain. Les rassemblements, par leur aspect festif et folklorique, sont plutôt un indicateur des War Chests que les partis politiques auront accumulés légalement ou illégalement avec le support financier des riches protégés et bailleurs de fonds du régime, des grands conglomérats complaisants et parfois même des barons de la drogue.
Les rassemblements dépendront du nombre d’autobus mobilisés pour le transport gratuit, de personnes, ainsi que de la nourriture (biryani), des boissons (alcoolisées), de l’argent de poche et des pique-niques à la plage, etc. Pour le petit peuple et même pour les travailleurs étrangers, c’est une aubaine ; ils en profitent pour se distraire et se défouler malgré le fait qu’ils n’ont aucune notion des implications de la politique locale.
De nos jours, la majeure partie de la population a accès aux diffusions en live à la télé et sur les réseaux sociaux qui leur permettent d’assister à ces rassemblements sans avoir à se déplacer. Le nombre de personnes présentes dans les rassemblements représente une infime partie des partisans qui suivront l’événement à la télévision ou sur les réseaux sociaux. L’influence psychologique de ces rassemblements sur l’électorat sera, à mon humble avis, bien moins prononcée que dans le passé et de ce fait, pas un Game Changer. Avec la maturité politique grandissante des citoyens et les nouvelles technologies de communication, l’impact psychologique des rassemblements politiques du 1er mai aura une incidence de plus en plus négligeable sur la balance des votes.

Les partis extraparlementaires, eux, ne participeront pas à cette bataille des foules le 1er mai, préférant se fixer sur le but premier de ce jour qui est de militer pour les droits des travailleurs plutôt que de s’échanger des pics. Ce faisant, pensez-vous qu’il y a plus de chances que les électeurs leur accordent la possibilité de se frayer un chemin vers le Parlement ?
Guy Rozemont présenta une motion au Parlement le 29 avril 1949 pour la célébration de la Fête du Travail et le 1er Mai 1950 fut subséquemment proclamé jour férié. Cette fête était l’occasion pour les travailleurs et les représentants syndicaux de réfléchir sur leurs conditions d’emploi et de revendiquer leurs droits. Dans les années 1970, la General Workers Federation donna une impulsion politique à la fête du Travail. Subséquemment, cette fête a été détournée sournoisement par les politiciens pour servir de baromètre politique. Très peu de gens réalisent l’importance décisive de cette journée pour les travailleurs. Ils se laissent emporter machinalement par les surenchères politiques partisanes qui profitent aux politiciens au détriment des travailleurs et de leurs syndicats.
Les partis extraparlementaires ont réagi avec discernement, ne serait-ce que par respect pour les 560 000 travailleurs et les 200 000 petits entrepreneurs du pays. Mais ils sont aussi contraints par le manque de moyens financiers et logistiques pour de tels ralliements. Cependant, ils ont encore du pain sur la planche pour se frayer le chemin vers le Parlement, malgré leurs bonnes intentions et leurs soucis pour des changements profonds, valables, viables et soutenables directement liés aux soucis des citoyens.

Quels sont les changements que la cassure de l’alliance PTr/MMM/PMSD sont susceptibles d’engendrer sur l’échiquier politique ?
C’est évident qu’il y aura des changements majeurs sur l’échiquier politique. Le MSM ne va pas se faire prier pour capitaliser sur cette cassure qui apporte de l’eau à son moulin. Pravind Jugnauth a déjà salué la sagesse de Xavier-Luc Duval. Ses discours politiques vont évidemment se focaliser astucieusement sur cette rupture, renforçant ainsi sa force de frappe. Le PMSD qui a exprimé l’impossibilité de travailler avec Bérenger, devra s’allier soit avec le MSM et ses alliés, soit avec une des alliances extraparlementaires. S’il décide de s’associer avec le MSM, qu’il a sévèrement et copieusement vilipendé ces dernières années, il perdra en termes de crédibilité et de confiance de la part de son électorat. Perçu comme un parti politique d’extrême droite, il pourra difficilement faire bon ménage avec les partis et les alliances extraparlementaires qui sont majoritairement de tendance gauchiste. Mais, comme l’amour-propre, la sincérité et l’intégrité n’ont pas vraiment de sens en politique, nous pouvons nous attendre à des scénarios inimaginables.
Quant au tandem PTr/MMM, ils ont maintenant le champ libre pour la répartition des tickets, les portefeuilles ministériels, le choix des circonscriptions, etc. Cependant, ils n’ont toujours pas le programme et les stratégies pour résoudre les nombreuses problématiques et pour sortir le pays du gouffre politico-socio-économique actuel. De quoi donner le tournis aux électeurs !

Un message aux électeurs au milieu de tout ce brouhaha précédant les élections…
Cette élection s’avère cruciale pour l’avenir de notre pays, pour nos enfants et nos petits-enfants. La décision de chaque électeur pèsera lourd dans la balance. C’est important que les électeurs fassent le bon choix en votant avec discernement pour remettre le pays sur les rails et nous assurer un avenir meilleur en privilégiant les candidats intègres, sincères, crédibles et compétents, qui ont une connaissance basique des enjeux économiques, sociaux, environnementaux et géopolitiques. Ceux-ci doivent avoir vraiment à cœur le développement durable du pays, le mauricianisme, l’unité nationale, la justice sociale, la méritocratie et la transparence.

RAJEN NARSINGHEN (OBSERVATEUR POLITIQUE) : « La masse silencieuse prend sa décision à la dernière minute »

La pertinence et l’intérêt des grands meetings politiques du 1er mai ont fait l’objet de débats dans les médias ces dernières années, particulièrement avec l’avènement des réseaux sociaux et la diffusion en live des rassemblements, ce qui est venu altérer la donne s’agissant de la guerre des foules. Toutefois, en cette année électorale, les choses seront-elles différentes ? Ces meetings seront-ils susceptibles d’être un “Electoral Game Changer” ?
Les élections se tiendront dans quelques mois. Il y aura certainement un engouement pour les meetings des grands partis. Je pense qu’il y aura de grandes foules. Peut-être pas comme en 82 ou 87 mais il y aura la foule. Tous les partis politiques ne vont pas mettre les grands moyens, à part le gouvernement. C’est une question d’argent. Le gouvernement dispose de plus de moyens à dépenser sur les autobus alors que l’opposition n’a pas autant de moyens. C’est un match entre David et Goliath. En dépit de tout, je pense que l’opposition est en train de galvaniser ses troupes. Elle avait bien commencé mais là il y a eu quelques macadams.

Comment voyez-vous l’avenir de l’opposition parlementaire maintenant qu’il y a eu la cassure ?
Si jamais le PMSD pense retourner auprès du MSM, Xavier-Luc Duval doit au préalable s’assurer que le MSM appporte des solutions aux problèmes qu’il a dénoncés au Parlement, comme les scandales liés à Pack & Blister, au Molnupiravir, à l’affaire Franklin, Angus Road, etc. Au cas contraire, Xavier-Luc Duval a deux options : retourner dans l’alliance de l’opposition qui n’est, selon moi, pas fermée ou retourner avec les partis émergents pour être crédibles.

Le PTr et MMM ont-ils encore leurs chances ? L’alliance ne s’est-elle pas davantage fragilisée. Est-elle encore crédible ?
Je pense qu’au contraire, ce qui était mauvais, c’étaient ces discussions à l’infini et qui soulevaient des questions parmi la population. Maintenant que le PMSD s’est autoexclu – j’espère personnellement qu’il retourne – et que le MMM vaut environ 15% d’après moi et le PTr 30-35% de l’électorat, ils sont toujours majoritaires. Leurs chances sont intactes. Il faut maintenant qu’ils créent une équipe et travaillent sur un bon programme. Probablement qu’ils vont essayer de repêcher, par exemple, Rezistans ek Alternativ et quelques éléments d’autres petits partis.
Je pense que le PMSD sera scindé en deux même si je n’ai pas une boule de cristal. Je ne le souhaite pas, mais si tel est le cas, le nouveau groupe issu du PMSD se joindra au PTr/MMM. L’alliance entre le PTr et le MMM est peut-être légèrement affaiblie pour l’heure, mais elle va se requinquer avec un bon programme et un bon dosage d’anciens et de nouveaux. Le PMSD aura le même problème que le MMM et le PTr en 2014.
D’après les rumeurs, il y aurait déjà une alliance entre le PMSD et le MSM. Mais, comment vont-ils pouvoir travailler ensemble alors que PMSD a diabolisé Jugnauth au Parlement ? C’est là la grosse difficulté de Xavier-Luc Duval. Et, surtout si le PMSD est scindé, cela sera catastrophique pour le parti.

La bataille des foules entre les principaux blocs le 1er mai pourrait-elle servir de jauge pour les résultats des prochaines élections ? À quel point peut-elle jouer dans la balance des votes ?
La foule aura un impact, c’est sûr. Mais je vous renvoie une fois encore aux élections de 2014. À l’époque, le MMM et le PTr attiraient plus de foules au début parce que la masse silencieuse (25-30%) prend sa décision à la dernière minute. Et je crois qu’il y a une colère profonde dans la masse silencieuse. Il ne faut pas la sous-estimer.
Sous chaque gouvernement, il y a eu des scandales, que ce soit sous SSR, SAJ, Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth mais je crois qu’aujourd’hui, c’est le sommet : les affaires Franklin, Grand-Bassin, Molnupiravir, Kistnen, les arrestations dans l’affaire de Laurette et d’Akil Bissessur, etc. Souvent, nous n’avons pas de permis pour faire des manifs. C’est un système où il y a de la terreur.
Quand je parle aux petites gens, elles se disent révoltées. Tout cela pèsera lourd dans la balance. Certainement, le gouvernement, avec ses moyens financiers, ses bus etc., va attirer la foule mais n’oubliez pas qu’il y aura beaucoup qui vont suivre les meetings sur les réseaux sociaux. Après le 1er mai, les grandes manœuvres seront déclenchées et la bataille sera rude.

Les partis extraparlementaires, eux, ne participeront pas à cette guerre des foules le 1er mai, préférant se fixer sur le but premier de ce jour qui est de militer pour les droits des travailleurs plutôt que de s’échanger des pics. Ce faisant, pensez-vous qu’il y a plus de chances que les électeurs leur accordent la possibilité de se frayer un chemin vers le Parlement ?
L’opposition parlementaire doit faire un appel du pied pour avoir un « pacte de non-agression ». Par exemple, j’aurais aimé que l’opposition brasse plus large et recrute une ou deux têtes de R&A, de LPM et du parti de Bhadain. Si ces derniers veulent vraiment dénoncer tous les méga scandales, ils peuvent aller seuls aux élections mais qu’ils ne s’agressent pas entre eux. Que l’opposition parlementaire fasse la même chose, soit comme un pacte de non-agression.

Quel message aimeriez-vous passer aux électeurs dans ce brouhaha précédant les élections ?
Comme c’est la fête des travailleurs, mon appel aux partis, c’est de ne pas faire de la politique partisane mais essayer de voir comment résoudre les problèmes des travailleurs, tels que le pouvoir d’achat. La pension de Rs 13 500 ne vaut aujourd’hui que Rs 6 000. Pour les parents qui doivent financer les études de leurs enfants à l’étranger aujourd’hui, c’est une vraie catastrophe.
Les gens ne doivent pas, d’autre part, tomber dans le communalisme comme c’est souvent le cas avant les élections. Les travailleurs doivent être éveillés, la religion doit rester à la maison.

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