Transport aérien : les réservations toujours en retard par rapport à 2019

– Un voyagiste: « Nous allons retrouver les niveaux de 2019 vers fin 2024 »

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– 148 216 Mauriciens ont voyagé de janvier à septembre 2022

– De nombreux voyageurs évitent les vols directs pour réduire le coût de l’aérien

De janvier à septembre 2022, 148 216 Mauriciens ont voyagé. Les principaux pays de débarquement étaient les Emirats arabes unis (37 020 ou 25%), la France (27 508 ou 18,6%), La Réunion (19 392 ou 13,1%), la Grande-Bretagne (14 849 ou 10%), l’Inde (11 070 ou 7,5%) et l’Afrique du Sud (10 731 ou 7,2%). Toutefois, à en croire les voyagistes locaux, même s’il y a eu du Revenge Buying cette année après deux ans et demi de pandémie, le nombre de voyageurs mauriciens reste toujours bien en deçà de celui de 2019, une situation qui affecte évidemment les opérations des agences de voyages.

S’ils se réjouissent de la nette reprise du marché des voyages en 2022, avec le Revenge Buying, par contre, ils font toujours grise mine car les ventes sont toujours en retard par rapport à la période pré-Covid. Et la flambée de prix des billets d’avion pèse lourd dans la décision de nombreux Mauriciens de voyager, comme en témoigne ce haut cadre travaillant dans une entreprise privée : « je voulais partir en famille en décembre, mais lorsque j’ai demandé le prix du billet, cela m’a refroidi d’un seul coup. J’ai préféré passer Noël et le Nouvel An à Maurice en famille. »

Du côté des agences de voyages locales, on tente de relativiser la hausse de prix des billets d’avion : « c’est vrai qu’en général les prix ont bien augmenté mais pas sur toutes les destinations. Par exemple, pour Paris et Londres, le pourcentage de hausse est différent. Sur certaines destinations, c’est plus facile car il y a suffisamment d’offres et beaucoup d’avions qui partent vers ces destinations. Donc, les prix ont augmenté, mais pas d’une façon aussi conséquente que sur d’autres destinations. » En revanche, sur certaines destinations comme Toronto ou Montréal, le prix du billet a littéralement explosé.

Les prix sur quatre destinations parmi les plus appréciées des Mauriciens démontrent une nette augmentation entre 2019 et 2022. Pour un billet Maurice-Réunion-Maurice, il faut aujourd’hui compter Rs 9 700, contre Rs 8 935 en 2019. Pour un Maurice-Paris-Maurice, le tarif a pris des proportions démesurées et s’affiche à Rs 75 000 dans cette agence contre Rs 41 096 en 2019. Pour un Maurice-Londres-Maurice, il faut aujourd’hui débourser Rs 45 822, contre Rs 32 500 en 2019 alors que pour aller à Mumbai, cela coûte Rs 29 276, contre Rs 21 925 en 2019.

Cette hausse de prix généralisée sur toutes les destinations a un impact certain sur le marché des voyages. D’ailleurs certains expliquent ne pas vendre autant de forfaits qu’avant sur La-Réunion, qui est une destination phare pour les Mauriciens. Pour d’autres destinations proches et populaires, la situation est également loin d’être revenue à la normale : « L’offre entre l’Afrique du Sud et Maurice n’est pas retournée à ce qu’elle était avant la pandémie, et comme l’offre en termes de sièges d’avion est inférieure à la demande, les prix sont en hausse », souligne un agent de voyage.

Les prix ne sont pas statiques dans le domaine de l’aérien et le plus grand facteur de la hausse de prix, selon lui, reste le manque en termes d’offres, et non la flambée des prix du pétrole. « Le carburant a augmenté mais le prix du jet fuel est devenu plus acceptable. Le plus gros souci actuellement et ce qui influe le plus sur les prix des billets, c’est l’offre et la demande », fait-on comprendre. Il étaye son argumentation en citant le cas d’Emirates qui opérait deux vols sur Maurice et dès qu’un troisième vol a été mis en place, les prix se sont stabilisés, dit-il. « La disponibilité des places est le facteur le plus important sur n’importe quelle destination. Disons que s’il y a 100 places entre Maurice et La-Réunion chaque jour, et que la demande est pour 150 places, la compagnie aérienne va vendre le billet plus cher », explique cet agent de voyage.

Faire des sacrifices pour avoir de bons prix

Les Mauriciens qui ont franchi le cap en décidant de voyager malgré la flambée des prix ont organisé leur voyage de fin d’année très tôt, selon certaines agences de voyages : « Par exemple pour Rodrigues, ils ont acheté leurs billets depuis juillet/août et c’est une bonne chose pour avoir de bons prix. » De manière générale, le Buying Behaviour du Mauricien a changé. Non seulement il achète son voyage plus tôt mais il accepte de faire de petits sacrifices pour avoir le meilleur deal. Par exemple, se rendre en Afrique du Sud en passant par Nairobi, au lieu d’opter pour un vol direct. Au lieu de quatre heures de voyage, cela représente plus du double, mais de nombreux Mauriciens sont prêts à faire ce sacrifice car le prix est plus attrayant : « au lieu de payer Rs 40 000 environ, ils ne paieront que Rs 25 000 ou Rs 30 000 », dit un voyagiste. « Les Mauriciens prennent d’autres options pour payer moins cher et face à la cherté des prix, l’argument du vol direct n’a plus de poids », constate un agent de voyage.

Malgré tout, l’avenir reste incertain pour le marché des voyages, avec la flambée de l’inflation qui affecte le pouvoir d’achat et la menace de récession économique mondiale. Certains pensent qu’il y a beaucoup d’incertitudes et qu’avec les effets de la guerre en Ukraine, les prix des billets vont encore grimper et risquent d’impacter le marché pendant une relative longue période.

Quoi qu’il en soit, pendant les fêtes de fin d’année, les vols sur Rodrigues étaient quasiment pleins et l’Afrique du Sud avait aussi la côte, sans oublier Dubaï où le prix s’est stabilisé et où l’on trouve de l’hébergement dans tous les prix. En Asie, la reprise se fait plus lente, mais la demande reste forte pour Kuala Lumpur et la Thaïlande, tandis que Singapour est devenu une destination chère.

Pour les agences de voyages, le bilan 2022 est donc mi-figue mi-raisin. Les ventes ont bien repris mais restent toujours bien en deçà de 2019. Les spécialistes estiment que la vente de billets d’avion a reculé de 25%, idem donc pour le chiffre d’affaires des agences. Elles sont toujours en difficulté, espérant pouvoir garder la tête hors de l’eau.

Deux d’entre elles ont fermé leurs portes en 2022. « Nous pensons que nous allons retrouver les niveaux de 2019 plutôt vers fin 2024 ou début 2025, alors qu’avant nous pensions que cela se ferait dès 2023. La situation est difficile. La majorité des agences de voyages sont de petites entreprises et nos frais ont augmenté drastiquement. Notre trésorerie n’est pas élastique. »

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