JUGNAUTH/RAMGOOLAM: Règlements des comptes !

Le début de l’année 2013 a vu la confirmation de l’escalade dans la confrontation politique directe entre le Premier ministre et leader du Parti Travailliste, Navin Ramgoolam, et le leader du MSM, Pravind Jugnauth. L’interrogatoire de ce dernier par des limiers du Central CID durant 16 heures, du mercredi 3 janvier aux petites heures de jeudi matin, a été l’occasion et la plateforme pour un véritable règlement de comptes que ce soit sur le plan politique ou personnel. Dans un premier volet, les ministres Vasant Bunwaree et Sheila Bappoo ont été mis en cause dans l’affaire du cover-up du présumé instructeur pédophile du Mauritius Institute for Training and Development (MITD). Par contre, à ce stade, compte tenu du Gagging Order obtenu par Nandanee Soornack, femme d’affaires habitant Diplomat Garden, TH3, Floréal, du juge Bushan Domah siégeant exceptionnellement en Cour suprême un samedi matin, aucun détail de la déposition du leader du MSM portant sur cet aspect ne peut être publié (voir détails de l’ordre de la Cour suprême plus loin).
Sur plus d’une cinquantaine de pages de Statement Pad des enquêteurs de la police, le leader du MSM s’est appesanti sur le fait que « it was my duty to express dissapprobation on the way that Minister Bappoo and Minister Bunwaree had clearly covered-up the wrongful acts and doings of a suspected paedophile. » Il a indiqué que ses commentaires par rapport au « gouvernma pédofil » avait pour objectif de pousser le gouvernement à adopter des mesures appropriées dans la conjoncture vu que l’institution d’un Fact Finding Committee avec des attributions non précisées ne répond nullement aux exigences de justice.
Pour les besoins de sa déposition under warning sur l’affaire de pédophilie alléguée, Pravind Jugnauth a procédé par ordre chronologique à partir de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Paul Bérenger, lors de la séance du samedi 17 novembre, tout en s’appuyant sur la teneur d’un affidavit accablant juré par l’épouse de l’instructeur du MITD impliqué dans le scandale. D’emblée, il cite de larges extraits de la réponse du ministre Bunwaree fournie à l’Assemblée nationale.
« Le ministre n’a pas réussi à éclairer la Chambre sur la question relative à une réunion présidée par la psychologue, Mme P. Bodet, au cours de laquelle l’étudiante mineure, en présence de sa mère, avait fait des confidences portant sur ses relations intimes avec l’instructeur et qu’ils avaient eu des relations sexuelles en pas moins de huit occasions dans un pensionnat de Bonne-Terre », soutient le leader du MSM, qui poursuit que ces relations étaient non protégées.
Tout en faisant état de l’incapacité du ministre Bunwaree de fournir des renseignements sur les circonstances de l’embauche de l’instructeur du MITD, Pravind Jugnauth l’accuse d’être économe avec la vérité au sujet des contacts entre le MITD et la police dans cette affaire. « La façon dont le ministre s’est comporté lors des échanges sur la PNQ, ses réponses évasives et son attitude cavalière indiquent clairement qu’il couvrait le pédophile présumé. La ministre Bappoo, d’autres ministres et le Premier ministre ont approuvé la position inappropriée adoptée par le ministre Bunwaree », maintient-il dans sa défense face aux accusations de la ministre Bappoo.
La prochaine étape de la déposition est axée sur le ministre Bunwaree et une Handy Worker, Mme S.B., employée initialement alors qu’il détenait le portefeuille du Travail et des Relations industrielles. Cette Handy Worker devait suivre le ministre Bunwaree quand il a été muté au ministère de l’Éducation en septembre 2008. Il commente les relations étroites entre ces deux en faisant état de la création d’un poste d’Archives Officer pour accommoder la Handy Worker, qui n’est autre que la soeur de l’instructeur du MITD en délicatesse. Ce dernier est également présenté somme un membre actif du Labour dans la circonscription de Vacoas-Floréal.
Le leader du MSM affirme que le ministre de l’Education et « l’instructeur pédophile » se fréquentaient intimement avec des visites régulières à leurs domiciles. Pour étayer ses dires, il cite comme preuves des appels téléphoniques, notamment un appel du ministre Bunwaree en date du 16 juin 2011 à 19h22. Le ministre serait intervenu en faveur de l’instructeur du temps où il faisait partie de la force policière pour bénéficier de 15 jours de congé en vue de participer activement à la campagne électorale du Parti Travailliste aux élections générales de mai 2010 alors que des congés ne sont pas accordés dans la police dans ces circonstances.
Après sa démission de la police en août 2010, il s’est vu offrir un poste de Physical Instructor au MITD avec des salaires de Rs 18 400 par mois, même s’il ne détenait pas les qualifications nécessaires. En dépit de cela, il fut également admis à des cours au Mauritius Institute of Education. Pravind Jugnauth prend le soin de souligner à l’attention des limiers du Central CID que « at no time whether in his reply to the PNQ or otherwise had Minister Bunwaree revealed his true relationship with the instructor and/or his sister, Mrs S.B. »
Plus loin, Pravind Jugnauth soutient que « the numerous phone calls and text messages made by and on behalf of Minister Bunwaree from his personal mobile phone number 2515847, the phone number of his bodyguard 2573965, his official Port Louis office number 2130637, and his official Phoenix office phone numbers 6862402 and 6862403 show how concerned and worried he was for the instructor ».
Il fait également état d’une réunion en date du 3 novembre 2011 en présence de l’instructeur et la victime avec celle-ci se rétractant des dénonciations faites précédemment à la psychologue. « This must have been a unique scenario where a minor who had been sexually abused by a teacher, is put in the same room as the teacher and then asked whether the teacher had in fact abused her », souligne-t-il à son grand étonnement.
Le leader du MSM se met ensuite à établir les liens et les connexions entre le pédophile présumé et Sheila Bappoo. Présenté comme étant l’homme fort de la ministre Bappoo, l’instructeur du MITD accompagne cette dernière dans ses différentes sorties politiques au N°16. Des détails des échanges téléphoniques entre les deux ont été soumis au Central CID, dont une copie des Emtel Records avec des SMS entre son principal agent politique et la ministre en date du 6 juin 2011 à 19h51, à 22h 42, à 22h 46. Les autres SMS, produits par Pravind Jugnauth, ont été échangés le 13 juin 2011 à 21h 34 et à 21h 41 ou encore le 1er octobre 2011 à 18h11, à 18h22 et à 18h 27. « All this shows that the instructor was intricately close to Minister Bappoo », fait-il comprendre en substance.
Au chapitre réservé à la mineure et son prédateur d’instructeur, Pravind Jugnauth a versé dans le dossier à charge du Central CID une copie de l’affidavit juré par l’épouse de l’instructeur en Cour suprême le 31 décembre dernier. Avec force détails puisés de ce document, il confirme que l’instructeur a bel et bien eu des relations sexuelles avec l’adolescente de 14 ans, avec pour preuves :
une série de messages téléphoniques intimes, dont certains frisant l’obscénité ;
des aveux de l’instructeur à son épouse au sujet de ses escapades avec l’adolescente en huit occasions ;
le rapport de la psychologue au sujet des confidences de la jeune fille ;
les explications de la jeune fille lors d’une séance de travail au SRN Training Centre à Ébène le 25 novembre 2011 en présence de la mère de la victime et d’une enseignante au sujet d’un rendez-vous avec le prédateur la veille ;
la déclaration de l’épouse au directeur du MITD, Roland Dubois, le 20 décembre 2011 au cours de laquelle elle avait fait état de ces huit contacts sexuels de son époux et des relevés téléphoniques ;
l’intervention personnelle du ministre Bunwaree suite à des détails soumis par l’épouse de l’instructeur au ministre au sujet de ses problèmes d’ordre conjugal. Dans l’affidavit soumis, l’épouse rapporte un commentaire attribué au ministre à l’adresse de l’instructeur : « Mo tender to pé faire mauvais garçon avec ène zéleve, to pas pe vine lakaz tout sa, si to pou faire coumsa mo pou transfère toi ek mo pou swiv toi de près. »
Sur la base de ces éléments contenus dans l’affidavit, Pravind Jugnauth arrive à la conclusion que « this is evidence that Minister Bunwaree had the necessary knowledge of the fact that the instructor was having an extra-marital affair with a minor at the educational establishment. »
D’autre part, l’épouse de l’instructeur du MITD a sollicité les interventions de Sheila Bappoo par le truchement de SMS dans l’espoir de trouver des solutions à ses problèmes au sein de sa famille. À un de ses messages, la ministre Bappoo avait répondu « Am in Parliament for budget, will text U after ».
Pravind Jugnauth dénonce Sheila Bappoo, « who had not only tolerated the wrongful behaviour of her agent, but also failed to protect a woman who was in distress and later had the audacity to act bad faith and make a declaration to the police against me for having told the truth about the sexual offences of her agent and the subsequent cover-up that followed ».
L’attitude de Navin Ramgoolam est également dénoncée dans cette affaire de pédophilie alléguée, avec Pravind Jugnauth affirmant que « the Prime Minister has deliberately turned a blind eye and a deaf ear to this situation despite having all necessary knowledge and information as leader of the House, as Head of Government and as Minister of internal Affairs ».
La police en prend également pour son grade car pas moins de trois OB Entries ont été ouvertes au sujet de ce scandale de pédophilie, soit OB 3598/11, OB 3742/11 et OB5020/11. « In the light of evidence, it is clear that the police has chosen to be wilfully blind in this case », affirme-t-il.
En fin de semaine, très peu d’indications étaient disponibles au sujet de la suite de l’enquête du Central CID par rapport aux graves allégations proférées par le leader du MSM.

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