PATRIMOINE : Galerie témoin, bureau et résidence à la fois

La société Caterpal s’était fait connaître à Maurice lorsqu’elle a acquis, puis pris en charge l’aménagement et la transformation des locaux de l’ancien consulat de France à la rue Saint-Georges, qui avait racheté avec Pierre Martin à l’ambassade de France. Depuis, ne concevant pas leur implantation de la même manière, les associés se sont séparés à Maurice et Gilles-Guy de Salins a clôturé Caterpal Mauritius. Sans bureau, ce dernier a finalement jeté son dévolu sur une maison en bois de la rue Saint-Louis avec ses ailes indépendantes, qu’il a entièrement rénovée, pas tout à fait à l’identique, mais presque, avec beaucoup d’éléments de ferronnerie et de bois qui ont été refaits dans la tradition. Le lieu se visite autant pour ce qu’il est que pour ce qu’il contient, à savoir des antiquités et des tableaux.
L’inauguration de cette demeure entièrement rénovée, a occasionné aussi le lancement des activités de la nouvelle entité Caterpal services, société immobilière spécialisée dans l’impatriation et l’expatriation, les IRS et RES qui entend développer des activités à Maurice en lien avec celles de GGS Conseils à Paris, société spécialisée dans le « Multi Family office » (gestion de patrimoine familial notamment pour plusieurs clients), ainsi qu’avec des sociétés d’assurance (Bristol et Balzac) et une agence immobilière, tout cela étant implanté au Luxembourg ou à Paris.
Caterpal ouvre sous la forme d’une maison témoin, car le maître des lieux, Gilles Guy de Salins, entend se spécialiser dans le rachat, la restauration et la location de vieilles maisons mauriciennes. Avec sa galerie d’art et la rénovation de tout ce qui pouvait l’être y compris un vieux four à pain, pierre et brique, qui était complètement muré et cimenté, ou encore un superbe oeil-de-boeuf dont la structure était à terre, tout comme la fontaine ancienne qui compte probablement parmi les dernières du genre à Port-Louis. Si l’on s’est attaché quand nécessaire faire refaire du parquet des cloisons intérieures, ferronneries ou éléments décoratifs à l’identique, on ne peut toutefois dire que la demeure a été entièrement rénovée à l’identique, puisque la tôle isolante a remplacé les bardeaux sur le toit, des plaques en fibrociment ont été posés dans des revêtements extérieurs et le Panel point global (PPG) — un polystyrène de construction rapide, antisismique, isolant, hydrofuge et ignifuge — a été mis à profit dans l’aile ouest dont les cloisons en bois étaient totalement irrécupérables.
Dans cette cour entièrement pavée, bien gardée par des ferronneries d’art fleurdelisées, s’élève un bâtiment à toit pentu dont les parquets, cloisons et charpentes en bois ont pour l’essentiel été préservés, ce qui lui confère une authenticité et un confort climatique appréciables. La restauration s’est attachée tout à la fois à moderniser et à retrouver quand c’était possible des qualités et le cachet qui avaient été perdus, négligés ou carrément massacrés.
Temps retrouvé
Si le four à bois ne cuit plus de pain, il s’intègre bien à la buanderie. Le cadre de l’oeil-de-boeuf a retrouvé sa verticalité, ses menuiseries en fer forgé et vitres aussi, l’escalier droit a gardé ses marches d’origine, surmontées désormais d’une rampe fraîchement travaillée. La varangue enfin est à nouveau protégée par ses traditionnels rideaux de bambou à dérouler selon le degré d’intrusion du soleil. Le propriétaire des lieux a introduit le motif d’une rose des vents, qu’il a vu ailleurs à Maurice, et que le visiteur trouvera ici reconstituée en pierre dans l’entrée de la cour, ou en bois égayant le parquet du living-room.
Les meubles et objets anciens qu’a rassemblés l’antiquaire nomade qu’est Josette Krieff trouvent très naturellement leur place dans cet agencement, qu’il s’agisse d’une fine lampe en porcelaine de Saxe, d’un élégant secrétaire en acajou, d’une torchère au charme désuet, ou encore d’une garniture de cheminée signée Gustave Moreau. Accrochées aux murs, des images pieuses de 1899 affichent encore leurs couleurs et une fine dentelle en papier d’origine malgré leur très grand âge. Une amusante image d’Épinal sur le paiement à crédit se révèle fort à propos au secrétariat de la société, où il est très souvent question d’argent… Mais elle est à vendre tout comme les peintures traditionnelles de Michael Wong, les peintures ornementales sur soie de Lindsay Sal et les fines pyrogravures sur bois d’Erroll Labonne. Ce dernier a d’ailleurs, outre ses ombreuses vues pittoresques, entièrement reproduit la maison et ses bâtiments alentour à l’occasion de l’inauguration.
Michael Wong propose quant à lui des estampes pleines de finesse réalisées avec des encres et de la peinture qui mettent en exergue tantôt des pensées philosophiques, tantôt des lieux emblématiques de Maurice, tels que le Mouchoir rouge. Ces travaux sur papier sont encadrés avec goût. Rien de révolutionnaire dans tout cela, simplement un goût prononcé pour les valeurs sûres. Il n’est pas anodin enfin que deux des artistes exposés — Lindsay Sal et Erroll Labonne — soient présents au marché artisanal du Caudan…
Gilles-Guy de Salins entend aussi promouvoir le patrimoine Port-Louisien et mauricien sous forme de visites guidées qui permettraient par exemple avec l’accord des propriétaires concernés, de découvrir des lieux anciens remis au goût du jour tels que le consulat, le restaurant le Lambic, cette maison-galerie et quelques autres lieux de la capitale dont l’âme a été respectée et avivée. Soyons fous : notre homme songe aussi à des visites du pays en voiture de collection. Letan lontan quand tu nous tiens !

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