BUDGET 2020-21 — Business Mauritius : Le goût amer de la CSG et du Solidarity Levy

Vidia Mooneegan: « La hausse des charges réduira la compétitivité des entreprises »

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Le moral n’est pas au beau fixe au sein du secteur privé après la présentation du budget par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Business Mauritius a fait part de ses inquiétudes. La Contribution Sociale Généralisée (CSG) fera augmenter les charges des entreprises à un moment où elles sont déjà fragilisées. Elle déplore également la taxation sur le chiffre d’affaires et non sur les profits, tout comme la hausse importante du Solidarity Levy de 5% a 25%, qui risque de provoquer un “brain drain”.

Vidia Mooneegan, président de Business Mauritius, déclare qu’ « on a besoin de mesures fortes pour assurer la compétitivité des entreprises, maintenir et créer l’emploi et créer la richesse même dans des moments difficiles ». Et la hausse des charges sur les entreprises, à un moment où « elles font face à des difficultés énormes, va réduire leur compétitivité et rendre Maurice moins attractive pour les investissements. » L’érosion de compétitivité des entreprises représente clairement un “risk of failure”, selon Business Mauritius, et les charges additionnelles ont pour effet que « le cost of Doing Business augmente. »

Le secteur privé est clairement resté sur sa faim, comme l’explique Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer : « On a noté une large part de stratégie de substitution à l’import et des mesures de Business Facilitation, mais on s’attendait à davantage de mesures concernant les Loan Guarantees, entre autres. On voit de l’aide au niveau Equity à travers la Mauritius Investment Corporation Ltd qui peut aider les entreprises à avoir le capital qui leur permettrait de continuer à se développer, mais le mécanisme reste à être clarifié. On ne voit pas d’extension de garantie bancaire. Cependant concernant les secteurs durement touchés et en mode de survie, on aurait aimé davantage de soutien. »

Si Kevin Ramkaloan reconnaît qu’il y a eu de bonnes mesures, dont des prêts de la DBM, le Factoring, il fait part de ses « inquiétudes sur l’accumulation des charges. » Et de poursuivre : « Le gouvernement vient imposer des charges additionnelles sur les entreprises à un moment où elles sont déjà fragilisées. Il y a la taxation nouvelle sur le chiffre d’affaires – cela, alors que dans le passé la taxe était sur les profits – qui va pénaliser toutes les entreprises, qu’elles fassent des profits ou pas. Et cela intervient à un moment où nous faisons face à la plus grande crise jamais connue. »

Concernant la Solidarity Levy, Kevin Ramkaloan estime que cela risque de « freiner l’attractivité du pays pour les talents. » S’agissant de la CSG, cette réforme laisse clairement « un goût amer » pour les chefs d’entreprise en cette période économique difficile : « Nous estimons que la contribution d’une entreprise peut aller jusqu’à 4,4% de son Payroll Cost. Les charges sociales pour les entreprises deviennent extrêmement difficiles », soutient-il.

Yannis Fayd’herbe, président de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), est inquiet. « La clé de la survie d’une entreprise, c’est sa compétitivité et le Timing de l’introduction de la CSG est mal choisi. Cela va rajouter à la charge de nos entreprises et faire glisser notre compétitivité pour les entreprises exportatrices. Elles perdront de leur compétitivité à l’exportation si on augmente leurs charges. » Pour ce qui est de la “Solidarity Levy”, la hausse de 5% à 25% est « excessive », selon Yannis Fayd’herbe.
Pour Alain Law Min, président de la Mauritius Bankers Association, le secteur financier dépend beaucoup des ressources humaines et la hausse de la Solidarity Levy à 25% risque de poser problème. « Cela va être difficile pour trouver des ressources et aider au développement du secteur financier. Nous risquons d’avoir affaire à un Brain Drain dans le secteur. »

Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius, déplore l’absence de consultations sur la CSG : « Une réforme de la protection sociale était “long overdue”. Malheureusement, cela intervient alors que nous sommes en pleine crise. Nous n’avons pas de détails à ce stade, notamment concernant le taux de financement et le niveau d’avantages et de bénéfices pour les bénéficiaires. »

Évoquant la Workers Rights Act en vigueur depuis six mois, avec déjà une vingtaine d’amendements déclarés, Pradeep Dursun estime que « les lois du travail ne sont pas suffisamment flexibles en période de crise. » Le secteur privé est resté sur sa faim concernant les mesures sur le télétravail, mais apprécie l’aide au chômage technique qui devrait être étendue « au-delà des six prochains mois. »

Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’agriculture, se demande « si on veut protéger les produits locaux, pourquoi le budget ne dit rien sur la bagasse ? » Et d’ajouter : « Analyse après analyse, rapport après rapport, la même recommandation revient et la bagasse reste injustement rémunérée. Le secteur cannier est toujours à l’agonie. Les producteurs sont très inquiets car les réformes nécessaires et demandées ne sont toujours pas à l’ordre du jour. Et là ils seront eux aussi affectés par la réforme du fonds de pension. »

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