Bâtissons, au moins !

Tous les indicateurs pointent hélas dans cette direction : que ce soit sur le plan mondial que national, 2023 ne sera pas l’année de tous les dangers, mais tout porte à croire qu’elle se conjuguera à beaucoup de difficultés. Et ce, sur une multitude de plans, sinon tous ! Déjà, localement, 2022 a été marquée par une série d’événements qui, pour la plupart des Mauriciens, est fortement teintée de tentatives d’intimidation et de répression sous diverses formes de la part de l’État envers ses citoyens. Ce qui impacte fortement l’atmosphère ambiante, socialement, causant une sorte de goulot asphyxiant qui rend chaque jour un peu plus stressant que le précédent. Quand tantôt des activistes sociaux, tantôt des professionnels de la loi, et même des journalistes et des anonymes, sont inquiétés par les autorités régies par le gouvernement, dur de se débarrasser de ce sentiment de suffocation. Et cette tendance semble malheureusement bien loin de s’estomper.
En 2022, divers événements – vidéos choquantes de barbaries infligées à des citoyens par des membres de la force policière, interpellations et arrestations de Darren L’Activiste, l’avocat Akil Bissessur et sa compagne, Doomila Moheeputh, fuite de leurs videos et photos intimes, arrestation et détention de l’activiste et politicien Bruneau Laurette, qui croupit toujours en prison, rapport accablant sur le meurtre de Soopramanien Kistnen, chef agent orange dans la circonscription No 8, où le Premier ministre en personne briguait les suffrages, dans les médias, pour ne citer que ces affaires, ont émaillé une année qui se termine sur une note triste, amère, confuse et bourrée d’interrogations. D’autant que ces cas restent souvent irrésolus.
Et quand un chef de gouvernement, mis en présence de ces questionnements, répond soit avec une insolente nonchalance, soit en renvoyant vers “lezot ka ki pann rezoud”, cette opacité entretenue n’augure rien de bon pour le citoyen. Lui aspire à une vie simple, tranquille et sans frayeurs ni menaces, pour faire face aux nombreuses nouvelles pressions émergeant dans ce monde post-Covid. Parmi, surtout et prioritairement, les augmentations en flèche du coût de la vie. Une pilule très amère et indigeste. Et s’il ne s’agissait que de la récession mondiale, ça aurait été encore acceptable. Mais quand on sait qu’il y a également, derrière, des décisions unilatérales, imposées par le gouvernement de Pravind Jugnauth, qui ne compte pas bouger d’un iota, peu importent les actions citoyennes, un ressentiment général prend aux tripes et à la gorge de plus en plus de Mauriciens.
Les “cadeaux” de fin d’année du régime de Jugnauth fils n’en finissent de susciter des questions. Après la hausse du taux directeur, du refus catégorique de baisser du moindre sou les prix des carburants, les nouvelles réglementations de l’IBA à l’égard des radios privées, s’agissant du respect de l’impartialité, ne représentent-elles pas encore un souhait du régime de museler la presse indépendante ? La nuance doit certainement être bien soulignée, car tous nos médias ne sont pas logés à la même enseigne. Au final, il est déplorable que l’on en soit réduit à cela.
Nous ne prétendons pas ne pas comprendre que le gouvernement en place ne se sente pas agacé (annoyed ?) par des critiques négatives. Mais de là à dégainer l’armada répressive au quart de tour, n’est-ce pas là une tentative claire et ouverte d’imposition ? Et après la presse parlée, au tour des médias écrits ? Nombre de régimes qui arrivent au pouvoir ont la fâcheuse manie de se substituer au tout-puissant. Oubliant qu’ils sont des élus d’un peuple et qu’en tant que tel, leur mission est de servir ce peuple. Non de s’enrichir à ses dépens, ni de l’apprivoiser pour en faire son “joujou” !
Les mots, toujours remplis de sagesse et de respect d’autrui, du cardinal Piat, en marge de Noël, devraient inspirer le citoyen, mais surtout les puissants du jour. Bâtissons, car en effet, 2023 s’annonce pleine de défis nouveaux. Sans un véritable maillon fort, liant tous les Mauriciens indistinctement, nos vies seront encore plus “margoz”. À nous de choisir…

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