Boycotter la Fête des Mères et célébrer Leker Mama !

Quel effet ont les publicités pour la Fête des mères sur vous, sachant que de plus en plus de familles peinent à se nourrir convenablement? Quand on parle de cadeaux onéreux, peut-on ne pas penser à ces familles victimes de la crise sanitaire de ces deux dernières années et par conséquent de la conjoncture économique. On s’arrête un instant pour compatir au sort des moins lotis et la vie reprend, plus chère qu’avant.  Mais ces publicités, ces soldes, ces offres en tout genre révèlent l’hypocrisie et l’incohérence de notre société alors qu’on scande des bizin ser sintir. Quelle dissonance !

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Qui dépensera son argent en cadeau, par exemple pour cette petite robe de fabrication mauricienne, pour faire plaisir à maman et à l’économie? La classe moyenne et la classe ouvrière, n’est-ce pas? Elles travaillent dur, font rouler les business des Mauriciens en achetant local à chaque fête commerciale. Les plus fortunés ou les expatriés achètent-ils mauricien en matière de vêtements, sacs, chaussures ou parfumerie ? Les travailleurs étrangers qui ont droit de vote, vont-ils faire le plein pour promener leur maman le jour de la fête des mères?  Non. Malheureusement la colère de ces deux classes sociales reste incomprise face à la flambée des prix. Le contribuable est celui qui contribue et les élus, ceux qui jouissent de tous les avantages. Donc, indirectement c’est le contribuable qui leur offre une vie meilleure. Force est de reconnaître qu’on digère plus facilement l’augmentation de l’essence quand on bénéficie d’une petrol allowance.

Bonne nouvelle : en cette fin de mai, les fonctionnaires ont reçu leur salaire deux jours plus tôt. Dans la conjoncture actuelle, combien se permettent des folies avec ce précieux salaire au nom de l’amour de maman? Feindre que tout se passe bien ou opération fer labous dou? Qu’en est-il de la grogne Facebook à l’annonce du rabais dans les hôtels? Cela ne nous rappelle-t-il pas quelque peu cette reine de France qui entendant dire que le peuple était malheureux et qu’il n’avait pas de pain, avait répondu : « Eh bien ! Qu’il mange de la brioche! » Les plus démunis ne débourseront pas la moitié du salaire mensuel pour une nuit. Une nuit équivaut aux repas de deux semaines. Faire de gros cadeaux, continuer à remplir les coffres des plus fortunés et faire la sourde oreille à un créancier à cause d’une petite robe à fleurs à Rs 1400…

Comment rendre hommage à maman « kan tou pe monte y compris le stress de “ne pas finir le mois »? Est-ce possible de la chérir autrement qu’en achetant vêtements, parfums, babioles, séjour à l’hôtel, aspirateur ou encore ce fer à repasser qui rappelle les corvées? Voilà quelques idées pour gâter celle qui se met en quatre au quotidien pour nous faire bonne chère avec peu d’argent! (Faire une fête des mamans spéciale ser sintir sera faire d’une pierre deux coups car cette fête perdra ainsi ce désagréable mais bien réel cachet commercial). Un repas maison un peu plus copieux, la découverte d’une nouvelle plage, essayer une nouvelle recette de gâteau, une manucure peu coûteuse chez la jeune fille de landrwa qui s’est mise à son compte, ainsi soutenir le commerce de ceux qui tracent contre vents et marées pour nourrir leur famille, ou payer leurs études. Mieux encore, ranger le porte-feuille pas très costaud, et choisir de montrer notre reconnaissance à la reine de la famille autrement. Pourquoi ne pas la “Fêter” toute la semaine en accomplissant des tâches à sa place? Lui offrir un massage des pieds, une soirée karaoké de ses chansons préférées, lui apprendre une nouvelle activité, l’aider enfin à préparer son potager ou simplement cesser de l’insulter pour rien. C’est sa journée, pas celle des commerces ni de belles photos de présents sur Instagram.

Leker mama, c’est un cœur simple, peu exigeant. Une pensée spéciale pour toutes ces mamans résilientes, qui souffrent en silence de savoir leurs enfants au loin, en prison, au chômage, toxicomanes ou alcooliques. Célébrons ces battantes chaque jour avec simplicité et sincérité. Dimanche, les petits bouts de chou viendront avec des cartes pailletées, préparées à la maternelle ou du fait-main. En réalité, la plus belle des parures de joaillerie ne pourrait contenir tout l’amour dans un collier en pâte. Alors, les jeunes, ne soyez pas tristes de ne pas lui offrir un gros cadeau le jour J, offrez-lui votre présence, votre amour, le respect, de bonnes notes à l’école et l’espoir d’un avenir meilleur.

Bonne fête des Mères!

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