Cinéma – Toujours en salles : Oppenheimer

J. Robert Oppenheimer était un brillant chercheur épris de culture et d’humanisme, connu pour avoir dirigé aux États-Unis la mise au point de la bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis initient, dans le plus grand secret, le Projet Manhattan, destiné à mettre au point la première bombe atomique de l’histoire. Pour piloter ce dispositif, le gouvernement engage J. Robert Oppenheimer, brillant physicien, qui sera bientôt surnommé « le père de la bombe atomique ». C’est dans le laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, que le scientifique et son équipe mettent au point une arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel…

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Christopher Nolan est un réalisateur brillant, mais qui divise. Il a ses détracteurs, qui n’apprécient guère son excès de sophistication et sa froideur conceptuelle. Les aurait-il entendus ? Oppenheimer est son film le plus attachant et le plus simple, formellement au moins, sur ce cas pourtant complexe de Robert Oppenheimer. Voici un biopic empathique, sans être hagiographique, qui s’inspire d’une biographie parue en 2005, signée Kai Bird et Martin J. Sherwin, American Prometheus.

Tout au long de sa carrière, Christopher Nolan a été fasciné par les événements à l’échelle démesurée (l’espace, la guerre), les rouages d’un monde encore mystérieux (le temps, l’inconscient) et les êtres coincés au milieu. En adaptant la biographie American Prometheus, le cinéaste britannique a ici l’occasion de coupler ses thèmes favoris pour livrer un biopic radical, unique… et abrupt.

Comme à son habitude, Nolan s’amuse avec la chronologie et les points de vue pour raconter son histoire. Tour à tour portrait intime, grand récit de guerre et film de procès, Oppenheimer agit comme un kaléidoscope prenant de personnages et de fils narratifs qui s’entremêlent et s’entrechoquent. Une radiographie d’hommes aux prises avec la création, l’Histoire et la mort, fascinant dans son premier tiers et palpitant dans son deuxième.

Le potentiel blockbuster est bien l’expérience spectaculaire et sensorielle qu’il promettait. La photographie atmosphérique de Hoyte Van Hoytema (Interstellar) est magnifique et la musique de Ludwig Göransson (The Mandalorian) apporte une densité et une gravitas bienvenues au récit. Christopher Nolan n’est jamais aussi bon que lorsqu’il travaille accompagné, que ce soit par David S. Goyer (la trilogie Batman) ou son frère Jonathan Nolan (Le PrestigeInterstellar). Malheureusement, Oppenheimer souffre des mêmes problèmes d’écriture que Tenet et Dunkerque, que le réalisateur a aussi écrit seul. Des thèmes profonds, une intrigue sophistiquée, mais peuplée de personnages inhabités, en manque cruel d’assise émotionnelle. Avis aux inconditionnels du grand monsieur !

Durée : 3h. Avec Cillian Murphy, Robert Downey Jr., Emily Blunt, Matt Damon. Réalisé par Christopher Nolan (USA, 2023)

Aux Star (Port-Louis, Moka & Grand-Baie) et MCiné (Trianon, Flacq & Port-Louis)

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