Galerie Imaaya : Cendrine Bolaram met en scène les sirandanes pour son premier solo

Pour sa première exposition solo, Cendrine Bolaram présente « Zimaz mo langaz », une série de 13 toiles où elle met en scène les personnages qu’elle a créés, dont le principal est le Pink horse, « Le Cheval rose », pour proposer un jeu de devinettes, soit des sirandanes aux visiteurs. « Zimaz mo langaz » sera visible jusqu’au 2 mai à la galerie Imaaya, à Phoenix.

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Un Cheval rose cousu dans du tissu, posé sur une caisse peinte en jaune, des crabes violets s’y posent et s’y accrochent. Sur le mur, un autoportrait peint sur fond rose pâle. Le Cheval rose a pris place sur une épaule de l’artiste, des petits bonhommes s’activent çà et là… Avec une mission ! Au visiteur de deviner la sirandane. La réponse est toujours dans la salle, non loin de la toile, inscrite sur une des caisses qui jonchent le sol.

Cendrine Bolaram en propose 13 dont trois autoportraits : « Sirandane, Sirandane, Sampek ! » « Dan boit sardines » et « Maspin pan fer pou koson ». « Je me suis amusée à parler de moi et de ce que je faisais à travers ces peintures. C’est pour illustrer le courage que j’ai eu de sortir de moi-même et de représenter mon univers. » Son œuvre est le résultat d’un projet d’expérimentation et de maturation à la suite d’une résidence d’artiste dont elle a bénéficié dans le cadre du projet artistique de la Smart City de Moka.

« Quelque chose en moi qui devait sortir »

L’histoire du Pink horse a commencé au temps du Covid-19 et le personnage s’est construit, sous le crayon de Cendrine Bolaram, au fil du temps. « J’ai toujours fait des peintures très réalistes et cohérentes. Pendant le premier confinement, j’avais besoin de peindre. Je ressentais quelque chose en moi qui devait sortir. J’ai commencé à mettre de la peinture sur le canevas, et je faisais des traits, selon mon ressenti. Il y avait du vert et du rose. À un moment donné, j’ai commencé à voir des formes, et celle d’un cheval m’est apparue. »

Le tout premier Pink Horse a vu le jour en 2020. « Cela a été un pas vers la liberté d’expression, celle se peindre sans se soucier de ce qu’on peut en penser », lance Cendrine Bolaram au Mauricien. Mais la suite n’a pas été tout simple. Que faire de ce personnage ? Fallait-il séparer l’abstraction artistique qu’elle venait d’expérimenter et l’expression réaliste qui était déjà bien ancrée chez elle ?

« J’ai mis du temps pour savoir quoi en faire. » Pendant ce temps, la Smart City de Moka concrétisait son projet Rezidan, dont l’ambition est de régénérer les espaces publics de la ville tout en stimulant la pratique artistique locale. Cendrine Bolaram, artiste émergente, en a été la première bénéficiaire. Une aubaine pour explorer son potentiel créatif. Elle est encadrée d’Evan Sohun, artiste confirmée et de Charlie d’Hotman, galériste et mentor pour l’occasion. « C’était une expérience très enrichissante. J’ai eu des discussions intéressantes avec Evan, et Charlie ainsi que d’autres artistes qui venaient. J’avais des réponses à mes questions qui me permettaient d’évoluer dans mon art et de mieux comprendre l’art en général. »

Ancienne élève du Mahatma Gandhi Institute de 2016 à 2018 pour un diplôme en Fine arts, Cendrine Bolaram affirme qu’à l’école des Beaux-Arts, il y a des périmètres à respecter. « Tout est structuré avec des examens à la fin. On n’a pas la même liberté. » Aussi, observe-t-elle, « la personnalité artistique prend beaucoup de temps à se développer ». Après son diplôme, elle s’est orientée vers une formation professionnalisante en se joignant à l’Academy of Design and Innovation pour compléter sa licence.

« Après la résidence, quand je suis rentrée chez moi, j’ai pris pas mal de temps avant de m’y remettre. Et de développer ce projet d’exposition. » Alors que la jeune femme a peaufiné son Pink horse durant la résidence, la question de comment l’intégrer dans son art revenait de nouveau. Elle plonge alors dans ses expériences familiales : « Mon père avait toujours des expressions créoles typiques. Il connaissait les sirandanes. Donc, j’y suis habituée depuis petite. » C’est ainsi qu’elle décide de les mettre en images dans un alliage parfait entre le réalisme et la fiction pour créer son univers propre. Elle produit cinq toiles colorées dans un premier temps. Elle puise de ce riche répertoire : « Manz pistas get… », « Crab dan pos », « Bon lasos », « Dan vie karay »… pour compléter sa série.

Cendrine Bolaram travaille dessus pendant six mois : recherche sur les sirandanes et les expressions, sélection de ce qui serait plus parlant pour elle, exploration des couleurs et des compositions, ébauches. La ligne rouge demeure ses personnages. Cendrine Bolaram opte pour une technique mixte : acrylique et pastel gras sur canevas. À 26 ans, l’artiste semble comblée « en laissant libre cours à son imagination décomplexée ». L’exposition est visible à la galerie Imaaya jusqu’au 2 mai. Elle est ouverte de 9h30 à 16h de mardi à vendredi et les samedis, jusqu’à midi.

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