Glasgow, un sommet lamentablement loupé

DR DIPLAL MAROAM

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Chez les écologistes, mais pas seulement, manifestement l’heure est à l’amertume. En effet, Glasgow restera sans doute dans les annales comme une opportunité lamentablement loupée. Même le président du COP26 n’a pas caché sa déception à l’issue du sommet. L’intérêt des grands pollueurs de protéger leur économie en apposant leur véto à la sortie du charbon a finalement eu le dessus sur le besoin impérieux de sauvegarder l’environnement et le climat.

Mais quoi qu’il en soit, la réalité fondamentale ne peut, en aucun cas, être escamotée : ce sont des facteurs abiotiques stables de la planète qui sous-tendent l’existence de la biodiversité et favorisent son épanouissement mais toute modification de ces paramètres, aussi minime soit-elle, est susceptible de susciter un impact non négligeable sur l’équilibre écologique et l’adaptation des espèces au sein de la biosphère. Tout ou presque a été dit sur les conséquences de l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère ; des conférences et sommets sont régulièrement tenus sur le thème du changement climatique et l’écologie est devenue, paraît-il, un des sujets de prédilection occupant le haut du pavé au niveau des médias nationaux et internationaux. Mais hélas dans le concret, aucun signe d’assainissement n’est constaté ; les émissions du CO2 sont même reparties à la hausse après une accalmie due à la Covid-19.

« Il est minuit moins une avant la fin du monde et nous devons agir maintenant ». Cette phrase apocalyptique prononcée lors du sommet par nul autre que l’hôte de la COP26, Boris Johnson, suscite forcément l’interrogation somme toute légitime : qu’avons-nous fait pendant tout ce temps et pourquoi avoir attendu la dernière minute pour tirer la sonnette d’alarme ? Pourtant, en allant dénicher les hydrocarbures cachés dans les entrailles de la Terre pour ensuite les brûler à la surface, nous provoquons une dangereuse modification de ces paramètres écologiques mentionnés plus haut. Ce alors que l’énergie propre arrive à nos portes en abondance, de notre astre central, le soleil, en parcourant une distance de 150,000,000 de kilomètres en 8 minutes seulement !

Pendant ce temps, des promesses sont faites, des engagements sont pris pour… 2050, 2060, 2070, même 2100. Or, beaucoup de dirigeants actuels, voire tous, ne seront plus là pour les tenir. Rappelons que Donald Trump avait, en un tour de main, résilié l’accord de Paris ratifié par Barack Obama en 2015. Mais la vie sur la terre ne peut plus attendre. Ce qui importe le plus aujourd’hui, ce sont des actions concrètes, immédiates et courageuses comprenant, dans un premier temps, une réduction drastique de l’exploitation des combustibles fossiles, en vue de leur éventuel abandon, quitte à perdre quelques points de croissance, ce afin d’atteindre la neutralité carbone dans le plus bref délai possible. Or, concernant la problématique énergétique justement, comme l’a démontré le sommet de Glasgow, il n’y a point de consensus, ce en dépit des sourires trompeurs affichés lors des rencontres bi ou multilatérales. Les pays pauvres et en développement accusant les États riches d’avoir outrancièrement exploité les énergies fossiles pour atteindre leur niveau actuel de développement alors pourquoi, eux, doivent-ils en renoncer ? Les divergences dans les relations internationales sont d’autant plus accentuées par les dissensions au niveau économique, ce qui explique, manifestement, l’absence très remarquée à Glasgow des présidents de trois États classés parmi les plus grands pollueurs de la planète, notamment Xi Jinping, Poutine et Bolsonaro.

Finalement, si les initiatives individuelles de ne pas polluer valent toujours leur pesant d’or, c’est uniquement lorsque toute la planète bougerait ensemble, dans la même direction, que la bataille écologique serait gagnée car la pollution ne connaît pas les frontières.

L’interdépendance entre pays est donc primordiale et constitue une condition sine qua non pour l’existence de l’humanité. Un soupçon d’une telle condition avait émergé au début des années 90 lorsque la barrière politique qui coupait le monde en 2 avait été démolie. Or, aujourd’hui, la guerre économique fait rage et les États-Unis, paraît-il, sont prêts à aller jusqu’au bout pour maintenir leur première place de puissance mondiale. Et comme à l’accoutumée, ce sont les pays pauvres qui risquent, le plus durement, d’en faire les frais.

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