Le temps des… margozes !

Ce sera le coup de grâce pour nos porte-monnaie cette semaine. Si, Dieu merci, Eleanor aura fait plus de peur que de mal, en revanche, côté mercuriale, ça va… exploser ! Déjà, post-Belal et Candice, le vulgaire brin de cotomili (non, nous ne dirons pas « botte »; ce serait faire affront à la langue), pas plus épais qu’un doigt de la main, coûtait la bagatelle de Rs 35 dans nombre de commerces. Alors imaginons sans peine l’ascension vertigineuse qu’ont (déjà !) pris les prix des légumes ! Nombre d’entre nous nous sommes certainement arraché les cheveux, après avoir ri jaune, en découvrant, via les réseaux sociaux et médias, que des petits piments, choux et autres légumes se vendent à prix d’or. Inspirant les plus créatifs, mais non moins lucides, pour des réflexions très pertinentes sur le statut nouveau des agriculteurs…

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Même la supposée “bonne nouvelle” des subventions annoncée par Mahen Seeruttun, faite avant le passage d’Eleanor, fera réfléchir à deux fois le Mauricien avant que celui-ci ne sorte les billets durement gagnés de sa poche. Letan margoz ? Ce légume amer paraît doux en comparaison aux prix pratiqués actuellement !

Le gouvernement de Pravind Jugnauth a cru bon de présenter un projet de subvention de certains produits : carottes, choux, haricots verts, bananes… À force de récriminations et de critiques de part et d’autre, de consommateurs et d’associations de protection des droits de ceux-ci, le gouvernement a finalement concédé ce compromis. Enfin, mieux vaut cet effort, aussi infime est-il, que rien. Pourtant, doit-on toujours arriver à ces situations catastrophiques, ces conditions sine qua non où le prix dicte notre achat, ou ne devrait-on pas prendre des mesures pour stopper ce diktat ?

Ce qui nous ramène inexorablement vers des propositions phare, notamment du parti politique de gauche Lalit, de même que le parti au papillon, Rezistans ek Alternativ, qui prônent l’autosuffisance alimentaire couplée à une agriculture raisonnée. Pourquoi l’idée de reprendre les cultures interlignes dans ce qui reste de nos terres sous culture de canne à sucre, pour y planter pommes de terre, carottes, légumineuses et autres verdures, comme dans les années 70/80′, et impliquer de ce fait les compagnies sucrières davantage dans le projet, n’est jamais à l’agenda des discussions des ministres responsables de ces portefeuilles ? Dans le même souffle, les activistes sociaux et politiques de Lalit et de ReA ont également donné les grands axes et lignes d’un développement durable de cette branche de l’agriculture, qui aiderait à générer des emplois, et donc faire émerger toute une industrie. A ce jour cependant, ces projets viables ne sont jamais au menu des politiques au pouvoir… Dommage.

Nombre de Mauriciens, qui ne sont ni des Einstein et encore moins à la solde des princes du jour, martèlent régulièrement un argument qui ne manque pas de pertinence : en encourageant planteurs et compagnies sucrières à produire, avec de l’avance, ces denrées alimentaires, visant l’autosuffisance pour le pays, et en stockant dans de bonnes conditions une bonne partie de ces produits, tout en anticipant justement mauvais temps, intempéries, cyclones et autres, cela ne nous éviterait-il pas de nous retrouver incessamment dans des scénarios de pénurie et de montée en flèche des prix ? Il y a fort à parier que l’ensemble des agriculteurs et compagnies sucrières concernés accueilleraient positivement ces projets, où tout le monde sort gagnant !

À voir la quantité de légumes et de fruits qui demeurent et pourrissent sur les étagères et dans les paniers, peinant à trouver preneurs, il va sans dire que tout un chacun encourage la consommation plutôt que le gaspillage ! En cette période de carême pour plusieurs communautés, cette situation est des plus cruelles envers les uns et les autres.

Avec un peu d’effort, notre pays devrait pouvoir passer ce cap et ne plus avoir à dépendre autant des importations. Nous avons encore de la bonne terre à cultiver et assurer à l’ensemble de la population de quoi manger à sa faim. Moyennant un peu de vision, de gestion et, surtout, de bonne volonté.

Dans les prochains jours, nous observerons la Journée de la femme, la fête Maha Shivaratree, l’accession du pays à l’indépendance et son statut de république… Autant d’occasions donc de démarrer des projets pour assurer des lendemains meilleurs.

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