Mauvaises bonnes idées !

S’il est une idée reçue, certes véhiculée à foison lorsque la question de nos réductions de gaz à effets de serre refait surface, c’est que nos plus brillants cerveaux arriveront bien, un jour ou l’autre, à nous tirer du pétrin. Tout comme ils l’ont d’ailleurs fait récemment en élaborant en un temps record nombre de vaccins pour nous débarrasser de cette satanée Covid ! Malheureusement, tout comme la plupart des idées reçues justement, celle-ci est loin de refléter l’exacte vérité. Ainsi, sans aller jusqu’à dire que la recherche et les technologies ne nous seront d’aucun secours, il est un fait que leur apport seul ne suffira pas, car la juste réponse à ce problème planétaire se trouve ailleurs, en l’occurrence dans une réadaptation sociétale et dans l’approche d’un mode de vie plus en accord avec nos besoins essentiels, et donc déconnectée du superflus.
Le problème, c’est que nous ne sommes pas prêts à consentir ces sacrifices qu’imposerait une réduction drastique de nos émissions carbone, tant il faudrait alors mesurer notre insatiable appétit consumériste. Aussi préfère-t-on, car bien plus pratique finalement, en appeler à la science. Et il faut admettre que les idées ne manquent pas, dont certaines ont d’ailleurs déjà fait leurs preuves ou sont en passe de le faire. C’est notamment le cas d’une usine de captage de CO2, annoncée comme la plus grande du monde, et qui devrait incessamment ouvrir. Sur le papier, l’idée est simple : puisque notre souci est essentiellement lié à nos émissions de dioxyde de carbone, il suffit donc de les capturer.

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Sans rentrer dans les détails techniques, disons simplement que cela marche. Les promoteurs du projet annoncent ainsi que leur usine pourra capter et stocker pas moins de cinq millions de tonnes de carbone par an. Pas mal, non ? Sauf que… nous émettons environ 45 milliards de tonnes de CO2 par an, soit ce que pourraient supporter 9 000 usines de ce type. À titre de comparaison encore, cette usine, unique en son genre doit-on le rappeler, ne couvrirait que la dépense carbone annuelle de… la moitié de la population mauricienne, soit environ 600 000 personnes. Preuve s’il en est que le captage de CO2 ne résoudra jamais le problème dans sa globalité. Loin de là !

Un autre exemple récent nous est donné par la géoingénierie, et dont les experts se disent capables de refroidir les pôles, pour rappel en surchauffe du fait du changement climatique. Pour ce faire, il suffirait, disent-ils, d’injecter des aérosols dans la stratosphère, avec pour effet de retarder la fonte des glaces et, de facto, l’élévation du niveau de la mer. Malheureusement, là encore, il s’agit d’une mauvaise « bonne » idée. Car outre le fait de priver de soleil des populations autochtones pendant un laps de temps indéfini, survient automatiquement une question d’ordre économique : puisqu’il s’agirait de mettre la Terre « sous perfusion », que se passera-t-il si, par exemple par manque de financements, l’on doit un jour retirer la perf ?

Enfin, cette technique, tout comme celle des usines de captage de CO2 – et de la plupart des autres idées du même type –, arborent toutes le même problème majeur : celui de nous dédouaner de nos responsabilités et de nous détourner des vrais enjeux. Car il est un fait qu’en réduisant, de manière artificielle, la quantité de CO2 dans l’atmosphère, ou en résolvant, même partiellement, la question de la fonte des glaces, notre indice de « culpabilité » chuterait automatiquement. Les conséquences étant en effet moins lourdes, nul doute que nous aurions vite fait d’oublier que le véritable nœud du problème se situe ailleurs, à savoir dans ces quantités astronomiques de combustibles fossiles que nous continuons de brûler.

En résumé, si les technologies peuvent assurément aider dans certains cas, elles sont toutefois à des encablures d’être « la » solution au dérèglement climatique. Car ce faisant, nous ne faisons que traiter les maux, sans nous soucier donc des causes. Cacher les poussières sous le tapis ne les fera jamais disparaître. Peut-être serait-il temps de réaliser l’impérieuse nécessité de changer notre mode de vie, que nous vivons au-dessus de nos moyens et que nous n’avons pas de planète de secours.

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