Musée ferroviaire de Delhi : Mémoire de trains….

Alain Jeannot, passionné d’histoire et qui était récemment à Delhi, a été touché par sa visite au musée ferroviaire. Aujourd’hui, l’Indian Rail compte 1,2 million d’employés, plus de 12 800 trains couvrant plus de 104 000 km de rails, desservant 7 000 stations et transportant 24 millions de passagers quotidiennement en Inde. Ce qui lui a permis aussi de faire une réflexion sur le train à Maurice entre 1854 et 1856.

- Publicité -

« Le train est un moyen de transport de masse qui a complètement changé notre rapport au temps, à la distance, à la vitesse mais aussi notre rapport aux autres contrées. L’avantage est qu’en sus de véhiculer des passagers, le train sert aussi à transporter des marchandises, et tout cela, à des vitesses fort appréciables et à des tarifs abordables », laisse entendre Alain Jeannot.

Ce dernier raconte que la locomotive à vapeur a propulsé un nouveau mode de transport qui a transformé l’Inde, un pays avec une grande diversité linguistique, religieuse et culturelle, en une nation homogène. La première machine à vapeur a trouvé ses marques en 1769, grâce à un capitaine du nom de Nicolas Joseph Cugnot, un officier de l’armée française qui a construit ce que beaucoup considèrent comme la première automobile, bien qu’il ait conçu le véhicule principalement pour déplacer des pièces d’artillerie. Le Cugnot était une voiture à vapeur ou un bateau à vapeur à trois roues et pouvait transporter quatre personnes. Il avait une vitesse d’arrêt de 2 mph (3,2 km/h) et devait s’arrêter toutes les 20 minutes pour générer une nouvelle vapeur.

Cette incursion au musée ferroviaire de Delhi a fait voyager Alain Jeannot à travers le temps jusqu’en 1853, lorsque les trains ont commencé à opérer en Inde. Onze ans plus tard, dira Alain Jeannot, Maurice connaît sa première ligne ferroviaire avec la North Line, et une année plus tard celle de Midlands. Les deux lignes couvraient 106 kilomètres et ont été déterminantes dans le développement du pays. Ces trains, explique-t-il, ont grandement contribué au développement des villes et des régions.

Dans le même ordre d’idées, Alain Jeannot confie que lorsque le service ferroviaire a démarré à Maurice, il y avait aussi une épidémie de malaria, forçant les Port-Louisiens à trouver refuge dans des endroits plus frais et moins exposés aux moustiques. « Les trains ont beaucoup contribué au développement des lignes comme Curepipe, Vacoas, toutes ces régions où il fait moins chaud, mais ironiquement, c’est aussi à cause du développement ferroviaire que l’épidémie de malaria a pris des dimensions disproportionnées, car pour pouvoir installer des lignes ferroviaires, il a fallu procéder à la fouille des tranchées. Et ces mêmes tranchées ont connu des accumulations d’eau pendant les périodes de grandes pluies. Et qui dit eau, chaleur, dit aussi prolifération des moustiques, vecteur de la malaria » , fait-il ressortir.

Le passionné poursuit en racontant qu’il y a eu une flambée de la malaria touchant les régions de Port-Louis, Grande-Rivière. Avec du recul, la question que se pose Alain Jeannot est de savoir s’il fallait arrêter le transport ferroviaire à Maurice en 1956. Il est vrai, concède-t-il, qu’aujourd’hui on a le tram qui offre un service rapide. « Imaginons Maurice avec des lignes ferroviaires. C’est intéressant d’essayer d’évaluer ce que pourrait être Maurice avec le train. Sans le train, le développement, le progrès dans le sous-continent indien pourrait être compromis. »

Alain Jeannot s’est aussi attardé sur le wagon qui avait mis été au service du prince de Galles lors de sa visite en Inde à l’occasion du couronnement de la reine Victoria comme impératrice de l’Inde en 1877. Il explique que l’entretien et la valorisation de cette pièce contraste avec l’état déplorable du wagon du gouverneur à Maurice. Il se dit choqué de constater que cette pièce était en décrépitude dans la cour du musée de Mahébourg il y a deux mois lors de sa visite.

Alain Jeannot dresse aussi un parallèle entre le musée ferroviaire de Delhi et celui de Chennai qu’il avait visité en 2019. Il s’est dit impressionné par les trains à vapeur et les trains électriques et la manière dont le train a changé la vie politique en Inde grâce à la vitesse à laquelle chaque distance est couverte, ce qui a contribué à rapprocher les peuples. « En termes d’explications, les trains des deux musées se valent. Celui de Delhi est plus central et dispose de logistiques plus modernes comme des salles d’expos avec projecteurs. Les deux musées ont une petite locomotive et des wagons permettant de faire le tour de la cour du musée, ce qui intéresse beaucoup les enfants. » Il évoque aussi la période de 1875 à Chennai, lorsque le bois était utilisé comme carburant pour la locomotive Sans oublier le Train Diesel vers les années 1950, que l’on peut voir au Chennai Railway Museum, qui servait au transport des marchandises.

Son amour pour l’histoire a aussi permis à Alain Jeannot de visiter la Birla House où Gandhi a passé les 144 derniers jours de sa vie et qu’il décrit comme un lieu de mémoire, voire de pèlerinage poignant. Le lieu a été transformé en musée. Il raconte la vie du Mahatma et fait revivre ses derniers moments de martyre. D’ailleurs, c’est au Martyr’s Column du Gandhi Smriti, à la Birla House à Delhi, que Mahatma Gandhi a été abattu de trois coups de pistolet par Nathuram Godse alors qu’il marchait vers le lieu pour faire sa prière. C’était le 30 janvier 1948 à 17h06.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -