Tour d’horizon- climat : l’importance de la bonne gouvernance

Lorsqu’on parle de plan d’action climatique, des mesures d’atténuation et d’adaptation ou de transition énergétique, nous parlons du défi mondial auquel le monde est confronté face au réchauffement climatique. Ce sont des problématiques extrêmement sensibles et délicates. Il est maintenant de notoriété mondiale que les petits États insulaires, dont nous faisons partie, sont particulièrement exposés, compte tenu de notre vulnérabilité. Les conférences locales, régionales et internationales se multiplient dans le but de trouver des mesures d’atténuation, mais également des mesures d’adaptation.
Le problème reste l’accès aux finances de manière équitable, surtout que les pays les plus menacés n’ont pratiquement rien à faire avec la dégradation de la situation. Cette question plane sur les débats à l’Assemblée générale des Nations Unies, ainsi que dans les sommets organisés en marge par les instances de l’Onu, et auxquels participe le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui a lui aussi fait entendre sa voix sur la nécessité d’obtenir une aide financière pour faire face à la situation.
Profitant de la réunion plénière du comité consultatif de la Banque de Maurice vendredi, le ministre des Finances a lui aussi rappelé qu’en tant qu’Etat insulaire, Maurice est particulièrement vulnérable aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer et de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. Il explique que devant l’urgence de la situation climatique, la transition climatique est devenue un nouveau pilier économique.
Beaucoup a été fait pour sensibiliser la population sur ce problème de manière à ce que tout un chacun en soit conscient et apporte sa contribution, aussi minime soit-elle, à la lutte contre le réchauffement climatique. Cela peut se faire au niveau de l’économie circulaire et la gestion des déchets solides. Il est probable que la population attende toujours que le système de tri de déchets soit généralisé dans le pays. Il est toutefois malheureux que les poubelles installées dans les stations-service dans certaines régions aient disparu du jour au lendemain. Tout cela est facilement réalisable, à condition qu’il y ait une formation permanente de manière à développer de nouvelles habitudes. Ce n’est pas un vrai problème. C’est le cas pour la mise en œuvre du Biomas Framework également.
Pour nous, le vrai problème réside dans la bonne gouvernance et la gestion des montants astronomiques par les autorités centrales et régionales. Ainsi, le coût du plan d’action climatique visant à réduire les émissions et à s’adapter aux effets des changements climatiques, c’est-à-dire la Contribution déterminée nationale, est estimé pour Maurice à USD 6,5 milliards. Ce qui, tenez-vous bien, au taux actuel du dollar, est estimé à Rs 283 milliards, soit la moitié du PIB du pays.
Admettons que nous arrivions à obtenir ce montant des bailleurs de fonds, quelle garantie avons-nous qu’il sera géré efficacement par les autorités ? La polémique entre le comité du développement durable du MMM, mené par Joanna Bérenger, d’une part, et le gouvernement et le CEB, d’autre part, nous interpelle. À tort ou à raison, il y a des éléments qui sont troublants et qui dépassent l’entendement du citoyen lambda.
Il est inacceptable que les contrats alloués dans le cadre des mesures d’atténuation et d’adaptation ne suivent pas les procédures prévues par le Public Procurement Office et soient livrés aux caprices des conseils administratifs des corps para-étatiques ou celles des « petits copains ». S’il faut créer une instance comparable au PPO composée de personnalités crédibles pour s’occuper des projets lancés dans le cadre du développement durable, il ne faudrait pas hésiter à le faire. Tous ces projets devraient pouvoir être examinés par le Public Account Committee et par le bureau de l’Audit. Le risque est que le malheur des uns, qui subissent les effets du changement climatique, fasse le bonheur des autres, alléchés par les investissements considérables nécessaires à la mise en œuvre des projets identifiés.

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Jean Marc Poché

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